Thor : Ragnarok

Thor : Ragnarok
2017
Taika Waititi

Les années passent et les films se multiplient : depuis le projet du Marvel Cinematic Universe lancé en 2008 avec Iron Man, c’est déjà 17 films qui ont vu le jour, avec toujours à la clé un résultat très satisfaisant, voir excellent à quelques moments. Dans ce paysage super-héroïque, Thor occupe une place de premier choix en revisitant la mythologie nordique, mélangée à du space-opera comme on les aime. Pourtant, Disney semblait se désintéresser du personnage entre une intrigue décevante dans Thor 2 et une présence extrêmement réduite dans le second Avengers, sans compter son absence dans Civil War. Et voilà que le studio abat sa carte maîtresse, l’arc narratif le plus important du comics : la fin du monde des asgardiens.

Dans la mythologie nordique, le Ragnarok est tout simplement la destruction totale d’Asgard, royaume des dieux. Une prophétie que Thor (Chris Hemsworth) essaye à tous prix d’empêcher, sans se rendre compte qu’une autre menace pesait sur le palais. Ayant simulé sa mort, Loki (Tom Hiddleston) se faisait passait pour Odin (Anthony Hopkins), sans se rendre compte que ce dernier, exilé sur Terre, était entrain d’agoniser et que sa mort libérerait un fléau qu’il maintenait sous scellé tant bien que mal : Hela (Cate Blanchett), la déesse de la mort, bien décidée à prendre le contrôle d’Asgard.

Ce film est un deux en un pas très bien équilibré. D’un côté on a le Ragnarok, menace colossale de fin du monde, mais à force c’est presque banal. On y retrouve une opposition classique avec une antagoniste pas très passionnante, aux motivations arbitraires et ennuyeuses, pour au final des combats assez lambda et peu marquants. D’un autre côté, on a l’un des films les plus inventifs du MCU avec un film dans le film, nous offrant une interlude dans la grande histoire classique comptant pour plus de la moitié du long-métrage, nous plongeant dans un tout nouvel univers aux propriétés temporelles uniques. Monde poubelle où les rebuts des quatre coins de la galaxie se retrouvent les esclaves du Grand Maître (Jeff Goldblum), cette étrange planète est une mine d’or créative. Non seulement le design des personnages et des lieux sont haut en couleurs, mais ce qu’on retiendra surtout c’est le principe même de société parallèle aux règles totalement arbitraires, capable d’asservir des personnages comme Hulk (Mark Ruffalo) pour simplement divertir le public de leur Colisée. Certes, peu de Marvel se passaient sur une autre planète que la Terre, mais c’est bien la première fois qu’on découvre une vraie planète intéressante, architecturalement et culturellement.

Comme un Marvel n’en serait pas vraiment un sans une bonne dose d’humour, le paquet est encore une fois largement mis dessus, une coutume qui ne surprendra personne. Néanmoins, il faut bien avouer que la cuvée est toujours très bonne, même mieux que la plupart des autres films de la saga. Forcément, le côté bourrin naïf de Thor fait toujours des merveilles et Loki est toujours un fourbe impayable, mais l’efficacité est plus que jamais de mise avec de sacrément bons moments, le théâtre et l’arène en tête. En revanche, aussi excellente que soit la scène, l’apparition de Docteur Strange (Benedict Cumberbatch) n’a rien de très utile, de même que la présence de Hulk est largement décevante, n’étant à la fois pas drôle et dispensable. Côté casting les acteurs sont globalement bons, comptant dans leurs rangs un vétéran (Idris Elba) et deux nouveaux (Karl Urban et Tessa Thompson). Visuellement le spectacle reste au rendez-vous, offrant quelques séquences magnifiques, trouvant de belles idées sur l’évolution du personnage de Thor. Avec une saga ne faisant que peu de fausses notes et fonctionnant toujours selon le même principe, il devient de plus en plus difficile de sortir du lot, mais ce nouveau Thor le réussi avec brio. Toujours plus fort, toujours plus grand, mais quand la créativité suit on dit oui.

PS : Ayant eu l’occasion de voir le film en 4DX, je vous invite à voir mon avis sur cette nouvelle technologie : https://www.youtube.com/watch?v=KtHMJEAQfeo&t=7s

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Very Bad Dads

Very Bad Dads
2015
Sean Anders

Parce qu’en France la distribution des films c’est yolo, cet énorme succès à 250 M$ dans le monde, et dont la suite débarque dans deux semaines aux Etats-Unis, ce mastodonte de la comédie n’a même pas eu droit à une sortie en salle. Il est vrai que l’humour américain est souvent très particulier et que nous n’y somme que rarement réceptif, mais quelle erreur ! Pour une fois, on tient enfin une comédie très drôle et pas trop débile.

Dans notre société moderne où le mariage n’a plus aucune valeur et où les enfants ne représentent plus le ciment d’une relation, les familles recomposées se multiplient autant que ce que la fidélité disparaît de notre charte morale. Nouvel amant d’une mère de deux enfants, Brad (Will Ferrell) voulait néanmoins faire les choses bien, se dévouant corps et âme à sa nouvelle famille, espérant devenir un vrai père et un mari aimé. Alors qu’il touchait au but, arrivant à gagner petit à petit la confiance de ses enfants par alliance, une menace à l’ampleur insoupçonnée va faire surface : Dusty (Mark Wahlberg), le père biologique. Ultra beau-gosse, d’une classe infinie et à la musculature imposante, il va en plus se révéler avoir des qualités humaines imparables, faisant de lui une sérieuse menace.

On est tous l’ex de quelqu’un, et pour ceux qui ont momentanément une moitié, cette personne a elle aussi une pléthore d’anciens prétendants ou prétendantes, faisant qu’on est toujours plus ou moins en compétition avec des fantômes sur tous les tableaux. Alors quand pour des raisons inconnues un challenger bien plus crédible entre dans l’arène, il y a de quoi flipper. Un principe que le film exagère à outrance en opposant deux physiques radicalement différents, grand et gros ours gentil Vs bad guy badass trapu et costaud, mais ça marche indubitablement. Le charisme de Dusty aide beaucoup à rendre cette confrontation intéressante, mais plus que ça le film trouve de belles idées pour rendre l’expérience très drôle, notamment dans l’outrance. Le coup de la moto est bien trop gros par exemple, mais nous le balancer en plan séquence rend l’enchaînement presque crédible. La capacité de Dusty à être exceptionnel est juste jubilatoire, offrant un sentiment de surenchère faisant de chaque défaite de Brad un moment hilarant. Très peu de passages sont vraiment débiles à la sauce américaine, c’est-à-dire en humiliation publique et compagnie, et globalement l’humour fait des ravages. C’est bien simple, je ne me rappelle même plus de la dernière comédie américaine qui m’ait fait autant rire. Je n’ai qu’une chose à dire : foncez !

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Kidnap

Kidnap
2017
Luis Prieto

Profitant d’un mois d’août particulièrement vide en blockbusters et où les rares qui s’y trouvaient n’ont largement pas connu le succès escompté, classant le mois comme le pire mois d’été de la décennie en terme d’entrées, ce film mit en boîte depuis deux ans et sans cesse reporté a à peu près tiré son épingle du jeu en récoltant presque deux fois son budget, mais rien de fou fou. Il faut dire que si le concept de course-poursuite pouvait attirer quelque peu, le résultat refroidi d’emblée.

Probablement la quinquagénaire la plus sexy de la planète, Halle Berry incarne ici une jeune mère (parce que oui, à 50 ans elle en paraît moins de 40) dont la vie va basculer lors d’une petite sortie à la fête foraine. S’éloignant de son fils pour répondre au téléphone, elle va le perdre des yeux quelques secondes, un laps de temps largement suffisant pour qu’il soit kidnappé, mais pas assez pour prendre complètement le large, réussissant à l’apercevoir au parking. Va alors démarrer une course effrénée pour sauver son fils.

Non, juste non. Même si on s’éloigne du bruit pour passer un coup de fil, on emmène avec soit l’enfant, ou à la rigueur on laisse une petite distance mais en aucun cas on tourne le dos à 15 mètres. Si on veut faire s’arrêter une voiture, on ne la suit pas gentiment, on se cale devant et on fout le frein à main. À la rigueur si on pense que l’enfant a bien sa ceinture ou qu’il ne risque pas grand chose, on rentre dans le lard, et puis surtout on oublie pas de racler toutes les voitures qui passent pour attirer un maximum l’attention. Si mémère se bouge un chouia les miches dans la dernière ligne droite, à aucun moment ses réactions ne semblent logiques, normales ou même compréhensibles. Voilà qui ferait bien rire le héros de Taken, autrement plus badass et déterminé, ne se posant jamais la question de s’il va trop loin face à une urgence aussi vitale que l’être qu’on a de plus cher au monde. Alors c’est sûr, le film est dynamique, bien réalisé et quelques passages font preuve d’une certaine tension, mais on s’en fout assez vite quand l’héroïne est à ce point une incapable énervante. Mieux vaut se revoir une énième fois le cultissime Taken que perdre son temps avec cette pâle déclinaison.

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Un Monde entre nous

Un Monde entre nous
2017
Peter Chelsom

Sixième pire démarrage de l’histoire pour une sortie de cette ampleur sur le sol américain, et au final moins de 20 M$ de recettes dans le monde. Il est vrai qu’après une bande-annonce géniale qui laissait présager une romance SF passionnante, la communication s’est faite rare et le film a subit plusieurs reports, au point d’être carrément annulé en France où il a atterri directement en DVD. Un sujet qui semblait excellent, un casting génial mais un ratage complet ? Eh bien non, le film est même encore mieux que ce qu’on pouvait espérer et le public a clairement fait n’importe quoi.

Les scientifiques en parlaient depuis des décennies, et un homme a rendu le rêve de toute l’humanité possible : Nathaniel Shepherd (Gary Oldman) a envoyé une expédition sur Mars pour y fonder une colonie. Seulement il ignorait que l’une des astronautes était enceinte, refusant de laisser sa place à bord ou d’avorter et ayant caché son état à tous. Le trajet étant trop avancé pour ne pas accoucher en chemin et le scandale étant trop grand, toute l’équipe va choisir de taire l’existence de l’enfant, le condamnant à passer sa vie sur Mars. En effet, obligé de grandir sur une planète plus faible en gravité, sa densité osseuse sera moindre, ses muscles atrophiés et ses organes plus gros par conséquence. Mais après 17 ans à errer dans une station de recherche, ne côtoyant que des astronautes (incluant Carla Gugino) et ayant tissé des liens avec une lycéenne américaine (Britt Robertson) avec qui il correspond, Gardner (Asa Butterfield) va tout de même vouloir tenter l’expérience d’aller pour la première fois sur Terre.

En terme de relation longue-distance, on peut difficilement faire mieux en dehors de la SF pure puisqu’on affiche tout de même 76 millions de kilomètres d’écart. Mais bien plus qu’une romance, le film est surtout un double concept. L’un est assez classique et a connu plusieurs versions cinématographiques comme avec Première sortie, à savoir traiter le sujet d’un jeune homme resté pendant très longtemps à l’écart du monde en dehors d’un petit comité. Le second est plus original et change pas mal la donne, celui de se pencher scientifiquement sur les conséquences réelles de grandir sur Mars. Dans un cas comme dans l’autre, le film pousse la réflexion assez loin, nous ouvrant les yeux sur les effets de la gravité sur l’organisme et sur les comportements humains naturels quand l’influence extérieure est purement théorique. En résulte un film scientifiquement solide qui nous offre une vision pure et nouvelle de notre Terre, incroyablement touchante et pleine de poésie. Une force émotionnelle qu’on retrouve bien évidemment dans la romance, magnifique à bien des égards, notamment grâce au talent des acteurs dont la justesse est époustouflante. De la SF réussie et une romance très belle pour un road trip revigorant, nous offrant un rare moment d’extase cinématographique.

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En Taule : Mode d’Emploi

En Taule : Mode d’Emploi
2015
Etan Cohen

Comme l’écrasante majorité de la filmographie de Will Ferrell, pourtant l’un des humoristes les plus plébiscités des Etats-Unis, ce film n’a pas eu les honneurs d’une sortie en salles chez nous. Il faut dire qu’avec une classification R (interdit aux mineurs non accompagnés), il était peu probable que le film jouisse d’un humour simplement potache, mais face à un risque certain de graveleux, la curiosité que suscitait un tel pitch l’a personnellement emporté. À tord…

Jusqu’à présent, James King (Will Ferrell) incarnait à la perfection le rêve américain : à presque 50 ans, il était fiancé à une petite jeune canon, possédait une somptueuse maison, beaucoup d’argent et s’apprêtait à devenir associer dans l’entreprise de courtage où il travaillait, marquant une nouvelle étape dans son ascension sociale. Seulement un beau jour le FBI va l’arrêter pour détournement de fond, le condamnant à 10 ans de prison. Et pas dans n’importe quelle prison, celle de St Quentin, l’une des plus malfamée qui soit. Se voyant déjà comme la petite pute qui ramassera les savons de tout le monde, il va engager son laveur de voiture (Kevin Hart), persuadé qu’il pourra faire de lui un gros dur durant les trente jours qui le séparent de son incarcération.

Un bon gros con, une peur viscérale et une formation improbable. Bien sûr, quand on a de l’argent on peut s’offrir n’importe quel service, mais un entraînement commando pour supporter la vie en prison, c’est une première. L’idée est complètement loufoque, les personnages aussi, mais à force d’en faire des caisses et de pousser systématiquement le bouchon trop loin, le film nous perd. À la rigueur, le délire mégalomane du riche qui crache sur les autres avec la femme bimbo, les serviteurs désespérés et l’exhibition décomplexée, ça peut passer, mais les humiliations publiques, c’est trop, et quand on doit supporter les pitreries du coach ou de l’ignominie comme aux toilettes, le raz-le-bol est consommé. La limite est parfois si abondement franchie qu’on sourit, mais globalement c’est plus insupportable qu’autre chose.

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Daddy Cool

Daddy Cool
2015
Maya Forbes

Parce que « l’ours polaire infini » (Infinitely Polar Bear) ça sonnait mal, voilà comment on se retrouve à critiquer un film portant le même nom qu’une comédie française qui s’apprête à débarquer dans nos salles. Pourtant financé à hauteur de 6 M$, soit bien moins que la moyenne même des films français, c’est-dire combien c’est peu aux Etats-Unis, le film n’en a pas amorti la moitié, alors même qu’il était présent à Sundance et Deauville et que les distributeurs ont été assez généreux en terme de diffusion. La raison est simple et est clairement dite dans Tropical Thunder : quand on joue les handicapés, on ne joue pas les handicapés.

Au début de leur relation, en pleine période hippie, Cameron (Mark Ruffalo) et Maggie (Zoe Saldana) étaient heureux, loin des tracas de la vie. Bipolaire à tendance dépressif, Cameron va devenir peu à peu ingérable, au point qu’il se fasse interner et éloigner de ses deux filles pour qui il était devenu dangereux. Mais face aux réalités des années 70, étant une femme noire Maggie n’arrive pas à les gérer toute seule économiquement, et pour se redonner une vraie chance elle va entreprendre des études supérieures pour pouvoir prétendre à de meilleurs revenus, seulement la garde de ses filles va poser problème. Alcoolique, dépressif et irresponsable, Cameron va t-il pouvoir assumer ses filles ?

Dans un film qui se base à ce point sur la personnalité des protagonistes, l’évolution psychologique est d’autant plus primordiale, et c’est là que le film échoue : de la première à la dernière minute le fameux ours polaire ne changera pas d’un iota. Certes, sa maladie psychiatrique est irrévocable, mais en dehors de très rares et brèves tentatives, il n’y aura aucun réel effort de sa part, continuant à être le plus gros connard possible, se foutant ouvertement des sentiments des autres, des codes moraux, buvant largement plus que de raison et enchaînant les cigarettes comme s’il voulait à tout prix mourir du cancer dans l’année. Un personnage antipathique à outrance qui n’aura de cesse que de pourrir la vie de son prochain, avec à la clé une performance bien dégueulasse, comme si Hulk campait un autiste profond. Or qui dit bipolaire dit normalité la moitié du temps, ou à peu près. Dommage car la fille aînée est tout simplement exceptionnelle de justesse et d’émotion, mais il est vrai que cela aide d’être la fille de la réalisatrice, qui a elle-même porté à l’écran sa propre histoire. Si en prenant le même sujet on avait pu constater une quelconque reprise en main ou franche tentative d’y parvenir, cela aurait pu donner une belle histoire émouvante, mais ça n’est pas le cas quand le personnage principal retire toute empathie. Un cas d’école de fausse bonne idée au développement très décevant.

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The Discovery

The Discovery
2017
Charlie McDowell

Parce que le cinéma ça n’est pas qu’au cinéma, voici l’une des dernières productions de Netflix, désormais acteur incontournable du septième art. Alors que la France accuse un retard de deux mois et dois encore attendre jusqu’au 22 novembre pour découvrir la suite de L’Expérience interdite, voici un nouveau film traitant d’expériences visant à découvrir ce que cache l’au-delà, mais l’approche est cette fois bien différente.

L’heure n’est plus à la théorie mais à la pratique. Spécialiste en sciences neuronales, le docteur Thomas Harbor (Robert Redford) a découvert des déplacements énergétiques post-mortem qui prouveraient que notre conscience change de plan après la mort. Pour quatre millions de personnes à la vie probablement insupportable, il n’en fallait pas plus pour mettre fin à leurs jours, mais tous ne croient pas que l’expérience soit indiscutable, et même en cas de « seconde vie » rien ne nous assure qu’elle soit meilleure. Pour Will (Jason Segel), fils de Harbor, les preuves ne sont pas assez solides et il pense que son père est responsable des millions de morts et voudrait le convaincre de revenir sur ses déclarations pour stopper la vague de suicides.

Parler de la mort n’est pas évident, c’est même le principal sujet d’angoisse pour une majorité de gens. L’idée de départ provoque donc malaise et curiosité morbide : si il y a effectivement une vie après la mort, quelle est-elle ? Sur le papier, le film est donc un quasi repompage de L’Expérience interdite, mais en réalité le film diffère d’emblée en remettant d’une part l’expérience en cause, et en rendant les résultats publique d’autre part. Pendant une grande partie du film, on reste à la fois happé par le sujet et terrifié par le doute, d’autant que de vraies études scientifiques sont abordées comme la réminiscence électrique post-mortem du cerveau, restant encore actif pratiquement un mois après un décès. Les choix de test y font écho d’ailleurs, semblant dans un premier temps valider la thèse de l’illusion programmée, sorte de défense naturelle de l’organisme qui s’active pour offrir plus de douceur dans le trépas. Mais est-ce pour autant incompatible avec un plan astral ou divin ? Là était la question, et avec son dénouement le film y trouve une brillante conclusion qui nous ouvre les yeux sur un degré de lecture insoupçonnable, fort et plein de poésie. Une force qui nous vient pour beaucoup de la charmante Rooney Mara, mais surtout de l’éblouissant Jason Segel, figure de la comédie qui trouve ici un rôle à contre-emploi total carrément bluffant. Passionnant en théorie, le film déçoit par son manque d’ambition dans un premier temps, puis nous révèle finalement toute son ampleur et on en ressort conquis.

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Marie-Francine

Marie-Francine
2017
Valérie Lemercier

Je me souviens qu’on en avait beaucoup parlé en bien et que j’avais moi-même apprécié Palais Royal!, l’une des précédentes réalisations de Valérie Lemercier (même si en réalité les spectateurs avaient très majoritairement détesté), et c’est donc serein que j’abordais ce nouveau film, loin de me douter qu’il s’agissait d’une œuvre sans intérêt souffrant de l’une des pires écritures de la décennie.

Larguée par son mari (Denis Podalydès), virée de son labo où elle était chercheuse, Marie-Francine (Valérie Lemercier) va se retrouver à devoir retourner chez ses parents à 50 ans. Une situation déjà difficile, mais quand en plus ses parents vont la pousser à tout pour retrouver n’importe quoi, que ce soit en travail hors-sujet ou en prétendant insortable, le moral sera encore moins au beau-fixe. Petit rayon de soleil dans son morne quotidien, un cuisinier portugais (Patrick Timsit) va tout faire pour lui remonter le moral et nous une amitié, et plus si affinités.

Dans le genre comédie-romantique ultra prévisible, le film se pose comme une référence. On pensait que plus personne n’oserait faire preuve d’un tel manque d’originalité, mais il faut croire qu’il n’y a plus de limites à l’accumulation de clichés. Tout y passe : le mari qui se taille avec une petite jeune mais elle va bien évidemment se faire la malle et lui va revenir la queue entre les jambes ; le coup de la sœur jumelle qui va bien évidemment créer à un moment donné un quiproquo qui aurait pu tout faire rater (oh la la le suspense de dingue !) ; le mensonge de présentation qui va bien évidemment éclater au grand jour ; le câlin mal interprété que oh la la gros suspense encore ; et j’en passe des plus insupportables. Difficile de rire ou de feindre la surprise quand tout se voit venir à des kilomètres et l’avalanche de facilités d’écriture est absolument honteux. Ne reste qu’une chose à sauver : Patrick Timsit, étonnamment bon acteur en l’occurrence, mais porter un film seul n’est pas aisé. Un film éculé, fainéant et ennuyeux.

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On l’appelle Jeeg Robot

On l’appelle Jeeg Robot
2017
Gabriele Mainetti

Dire que le cinéma italien est confidentiel serait un euphémisme tant leurs productions n’arrivent presque jamais jusqu’à chez nous, mais grâce à un prix du jury reçu à Gérardmer, le film multi-récompensé aux Césars italiens (les David di Donatello) avait eu droit en mai dernier à plus de cent salles sur notre territoire. Malgré ça et les critiques positives, la barre des cent mille entrées n’a largement pas été atteinte. Pourtant, à l’heure où les comics Marvel et DC font encore le plein et trustent le haut des charts, un film de super-héros italien avait de quoi intriguer un peu plus que ça.

Une cavale qui tourne mal, un saut dans l’eau pour se cacher, une cuve de pétrole et paf, Enzo Ceccotti était devenu un surhomme. En ingérant une substance noire, sa force et ses capacités régénératives avaient décuplé, faisant de lui aux yeux de la fille de son voisin un Jeeg Robot, héros d’un anime japonais qui l’obsède. Seulement Enzo n’a rien d’un héros, trouvant son bonheur dans la solitude et les larcins et exécrant son prochain. Surnommé « Le Gitan », un chef mafieux va tout faire pour mettre la main sur lui, persuadé qu’il pourrait devenir son atout phare suite au visionnage d’une vidéo où un homme masqué arrache un distributeur de billets à mains nues.

Des vrais antihéros aux supers-pouvoirs, on en a rarement vu au cinéma, et la plupart du temps le concept est tué dans l’œuf à l’image de Hancock. Ici, hormis pour les beaux yeux d’une demoiselle, le bougre ne pense pas une seule seconde à faire quelque chose pour son prochain, profitant même de ses pouvoirs pour gagner en ambition criminelle. Et comme les autres personnages du film sont une folle, un psychopathe, des mafieux et des hommes de main, on échappera aux sermons habituels pour s’immerger dans un milieu pas jojo. L’histoire n’est pas forcément très originale mais le ton est atypique, quasi surréaliste par moments comme lors d’une discussion avec du porno en toile de fond ou lorsque le Gitan fait un arrêt brutal pour lancer un discours important à ses sous-fifres, tout en se faisant engueuler et insulter par les automobilistes en même temps. L’humour varie entre l’absurde et le trash sans complexe, et l’un comme l’autre le résultat est très bon. Il est dommage que la dernière partie prenne un tournant classique, mais même à ce moment là le film trouve des pistes originale comme avec le tournage au téléphone (par contre, évitez de confier de la pseudo incrustation Youtube à un stagiaire, ça se voit que le type n’y connaît rien). Un film singulier et drôle, pas révolutionnaire mais qui nous assure un bon divertissement.

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Kingsman : Le Cercle d’or

Kingsman : Le Cercle d’or
2017
Matthew Vaughn

Avec plus de 414 M$ de recettes dans le monde pour un budget cinq fois moindre, le premier Kingsman fut assurément un très joli succès, d’autant qu’il s’est fait sur la durée grâce à un excellent bouche à oreille largement mérité. Face à des franchises d’espionnage vieillissantes à l’intérêt décroissant, voir un nouveau venu proposant une vision fun et décomplexée représentait une bouffée d’air incroyable, d’autant que le résultat était particulièrement efficace entre le dynamisme, l’humour British et le casting prestigieux. Reposant sur une série de comics, le film se prêtait bien à de multiples suites, et voici la première d’une série qu’on espère la plus longue possible si la qualité reste au rendez-vous.

Point de repos pour les services secrets britanniques du Kingsman : une nouvelle menace se profile. À la tête du plus gros cartel de drogue au monde, Poppy Adams (Julianne Moore) menace de mettre à mort tous ses consommateurs à travers le monde si ses exigences ne sont pas satisfaites. Des junkies en moins, une bonne chose pour certains, mais là n’est pas la question pour Eggsy (Taron Egerton) et Merlin (Mark Strong), bien décidés à tout faire pour l’arrêter et distribuer le vaccin. Pour les aider dans leur quête, leurs homologues américains du Statesman (Jeff Bridges, Halle Berry, Channing Tatum et Pedro Pascal) vont leur prêté main forte.

Encore une fois, le réalisateur Matthew Vaughn nous propose une aventure haute en couleurs avec une formule toujours aussi efficace. On commence avec de l’action survitaminée et magnifiquement chorégraphié avant d’enchaîner sur de l’humour imparable sonnant le retour de la fameuse princesse. Le dîné de famille achève de nous convaincre en moins de dix minutes, justifiant largement cette suite. Aventure, rythme, folie et drôlerie sont bien là, nous faisant voyagé aux quatre coins du monde pour une grande diversité de paysages, y mêlant tour à tour des gags percutants et des séquences musclées improbables. Ah c’est sûr, des combats comme ici on en retrouve nulle part, mais ça n’est rien comparé à un Elton John en dindon jouant les esclaves. Largement spoilé dans les bandes-annonces, le retour de Colin Firth est malheureusement beaucoup moins réjouissant, jouant des cartes aussi éculées et ennuyeuses que l’amnésie, et au final s’il amène tout de même quelques bonnes idées amusantes, il n’est plus que l’ombre de lui-même. Effectivement, sa classe infinie a énormément contribué au succès du premier et l’idée pour le faire revenir a le mérite d’être originale, mais dans la pratique le résultat n’est pas là. La gestion de certains personnages est d’ailleurs assez indigne, notamment Lancelot qui nous laisse incrédule, nous faisant presque espérer un running-gag sur les retours impromptus. Ces quelques regrets font que le film est un peu moins abouti que le premier, mais la formule reste très sympa et les fans y trouveront leur bonheur.

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