Parlons Ciné – Avril 2017

Depuis le remake absolument honteux de La Belle et la Bête, je n’avais pas sorti de critique vidéo de film vu en salle, mais pour autant il n’y avait pas tellement matière à sortir une vidéo sur chacun puisqu’il n’y a eu aucune grosse surprise, dans un sens comme dans l’autre. Qu’à cela ne tienne, voici donc une double critique des deux plus gros blockbusters du mois (Fast & Furious 8 et Les Gardiens de la Galaxie 2), l’un d’eux ayant déjà franchit le milliard de dollars dans le monde et le second aspire à entrer dans le cercle « prestigieux » des milliardaires.

https://www.youtube.com/watch?v=lBQGJhJ39N0&t=25s

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Le Fondateur

Le Fondateur
2016
John Lee Hancock

Première chaîne de restaurant au monde, nourrissant plus de 70 millions de gens dans le monde chaque jour et qui brasse chaque année près de 30 milliards de dollars de chiffre d’affaire, le géant américain McDonald’s est un monstre de l’industrie, mais sa « succes story » est pourtant méconnue. Quand on pense aux personnes liées à l’enseigne de fast-food, le seul nom qui nous vienne est celui de Ronald McDonald’s, personnage totalement imaginaire, c’est dire.

Dans les années 50, enchaînant les idées foireuses et les produits prétendument miracles, Ray Kroc (Michael Keaton) sillonnait les Etats-Unis pour refourguer un mixeur à milk-shake quand il va tomber sur un restaurant révolutionnaire. Deux frères qui ont eux aussi connu échec sur échec ont apprit depuis 20 ans à connaître les envies de leurs clients et ont progressivement élaboré des techniques de plus en plus efficaces pour les satisfaire. Efficacité des recettes, optimisation du temps de travail, contrôle de qualité et service quasi instantané : voilà ce qui avait fait du restaurant Mc Donald le rendez-vous incontournable du coin. Pour Kroc le potentiel était colossal, bien décidé à tout faire pour en créer une franchise.

Dans un monde où tout va à 200 à l’heure et que le temps est une denrée de plus en plus précieuse, une chaîne de restaurant où la commande est prête dès qu’elle est passée sonne comme une révolution majeur, surtout quand le public est très satisfait de la qualité des produits. Ah c’est sûr qu’un bel hamburger avec du vrai steak de bœuf, le tout à 15 centimes, ça avait de quoi faire rêver. L’histoire que montre le film est donc très intéressante puisqu’on découvre deux hommes incroyablement honnêtes et sympathiques qui mettent leur génie au service de leur prochain et qui vont se retrouver face à l’ambition démesurée d’un homme d’affaire que rien n’arrête. Quand on voit ce qu’est devenu leur commerce, on ne peut que donner raison à Ray Kroc tant l’implantation est aujourd’hui écrasante, mais encore faut-il avoir l’art et la manière. Comme le dit le film, rien n’est plus cliché qu’un génie incompris ou qu’un talent gâché, mais quand on a la détermination et la patience on peut venir à bout de tout. On ne va pas se mentir, ce fameux Kroc peut d’abord sembler seulement arriviste, mais c’est aussi indéniablement un connard. Cela met par moment une certaine distance entre le spectateur et le film, mais heureusement les acteurs (incluant Laura Dern et Patrick Wilson) sont très bons. Sans atteindre le niveau d’implication émotionnel ou l’impact d’un Social Network, le film est à l’image de son sujet, du plaisir rapide et efficace mais pas spécialement glorifiant.

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Le Petit locataire

Le Petit locataire
2016
Nadège Loiseau

Alors que le stress fait constamment exploser le taux de stérilisation des personnes normalement en âge d’avoir des enfants, que le premier enfant arrive de plus en plus tard de par le rallongement des études et l’égalité des sexes, sans compter les possibles incompatibilités à cause des rhésus de nos groupes sanguins, avoir un enfant tient aujourd’hui du miracle et on entend de plus en plus parler de fécondation in vitro ou de mère porteuse. Prenant le contre-pied de tout ça, le film va nous montrer une famille où la fécondité n’a pas d’âge.

À quasiment 50 ans, Nicole (Karin Viard) n’aspirait qu’à une chose : la tranquillité. Entre un mari au chômage depuis deux ans, une fille encore à charge qui a elle-même sa propre fille, sans compter la grand-mère qui n’est plus autonome et qui vit elle aussi sous leur toit, son rêve semblait déjà bien loin, mais quand elle va en plus apprendre qu’elle est encore enceinte 34 ans après son premier enfant, l’envie de tout envoyer valser va se faire méchamment sentir.

Voilà le genre de film comme la France en raffole (à produire du moins, les spectateurs n’ont pas été très nombreux à faire le déplacement). On retrouve une famille de bof un peu folle qui s’engueule régulièrement, bardée de problèmes et qui s’y complet dedans. Du misérabilisme avec des protagonistes qui relèvent presque du cas clinique, et le film nous en montre le quotidien suite à un « changement bouleversant ». Il n’y a pas grand chose à en dire tant on a l’impression d’avoir déjà vu un paquet de fois le même film et on peut même s’amuser à prédire la prochaine scène avec une précision chirurgicale. C’en devient vite lassant et rien dans la mise en scène ou le jeu des acteurs ne relancera l’intérêt. Le film n’est pas spécialement honteux mais une telle absence de créativité pèse.

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Cigarettes et chocolat chaud

Cigarettes et chocolat chaud
2016
Sophie Reine

Une sortie perdue au milieu des grosses sorties de décembre, pas de grosse tête d’affiche et un titre qui ferait fuir jusqu’aux plus grands fans de cinéma indépendant : avant même sa sortie le destin du film était scellé. Et ça n’a pas raté puisque le film a tout juste dépassé les cent mille entrées, n’amortissant ainsi que le tiers d’un budget pourtant très inférieur à la moyenne nationale. En voyant la bande-annonce on pouvait s’attendre à un beau film qui méritait bien plus, mais en fait pas tellement.

Détresse à Groland. Depuis la mort de sa femme, Denis Patar (Gustave Kervern) s’est un peu laissé aller et il n’arrive plus à gérer ni son emploi du temps ni ses finances. À force de cumuler les manquements à son rôle parental, il va finir par attirer l’attention des services de protection à l’enfance. Si ses deux filles l’aiment et ne souhaitent pas être séparées de lui, c’est avant tout les services sociaux (Camille Cottin) qu’il faudra convaincre, une tâche loin d’être acquise.

Les intentions premières du film étaient très louables et le potentiel indéniable. Voir une famille miséreuse mais heureuse et qui s’épanoui dans un modèle opposé aux valeurs classiques, ça pouvait offrir une belle bouffée d’air frais, mais dans la pratique le bilan est mitigé. Niveau bonheur on repassera puisque personne ne se complaît vraiment dans son quotidien, et côté vision alternative on restera dubitatif puisque le modèle n’est pas viable. Et c’est là le gros point faible du film : il défend un point de vu bancal tout en ayant conscience de ses lacunes, mais au final aucun parti n’y trouvera son compte ou ne serait-ce qu’un facteur d’évolution positive. Le message est donc soit faussé soit inexistant, ce qui n’enlève certes rien au talent des acteurs ou à la sincérité qui se dégage du récit, mais cela en amoindri l’impact. Cas typique de bonne idée mal exploitée.

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Les Gardiens de la Galaxie 2

Les Gardiens de la Galaxie 2
2017
James Gunn (II)

Alors que les films de super-héros pullulent de plus en plus sur nos écrans, le phénomène d’indigestion s’approche à grands pas et on annonce fréquemment que le prochain va se vautrer, sans pour autant que cela ne se vérifie. Annoncé comme différent et bien plus déjanté, Les Gardiens de la Galaxie faisait parti des projets dit « risqués », mais au final le film récolta plus de 770 M$ dans le monde et se classe 5° plus gros succès dans le Marvel Cinematic Universe. Entre la très grande popularité du premier volet et une campagne marketing solide, nul doute que ce second volume frappera encore plus fort, et qui sait, atteindra peut-être le milliard.

Désormais complète et unifiée, l’équipe des Gardiens – composée de Peter Quill (Chris Pratt), alias Starlord, Gamora (Zoe Saldana), Rocket-Raccoon (Bradley Cooper), Groot (Vin Diesel) et Drax (Dave Bautista) – était chargée de protéger les batteries d’une planète, mais c’était sans compter sur leur compagnon raton-laveur cleptomane. Dans leur fuite ils vont faire la connaissance de Ego (Kurt Russell), le père biologique de Peter.

Dès le début le film nous met très bien. Dans le premier, c’était une petite danse en mode « bat les steaks » en plein territoire hostile, cette fois le générique sera aussi sous forme de danse, celle de bébé Groot sur le champ de bataille alors que ses compagnons se font sauvagement attaquer par une bestiole tentaculaire gigantesque. Bien sûr, il est dommage de passer à côté d’un excellent combat, mais ça rend agréable quelque chose d’aussi indigeste qu’un générique. L’humour marche bien et bébé Groot est une vraie trouvaille, et vu les spots et diverses bande-annonce on comprend bien que c’était clairement le but. On découvre ensuite un peuple intéressant au design réussi, chose quasi inédite dans cet univers, le précédent film étant un naufrage artistique sur bien des points tant les différentes races extraterrestres n’étaient que des humains à la pigmentation hasardeuse, pour ne pas dire atroce. Même un personnage aussi important que Gamora est en grande partie raté en terme de design tant le faussé est colossal au niveau « fantasme sur humanoïde vert » par rapport à Garona, la semi-orc de Warcraft. Enfin bon, pour en revenir à cette fameuse nouvelle espèce, en plus d’une posture quasi robotique, d’un regard étrange et d’un revêtement doré qui renforce leur suprématie revendiquée, on découvre pas mal d’aspects de leur culture singulière, nous donnant vraiment envie d’en savoir plus sur eux.

Une mise en bouche réussie qui se confirmera rapidement tant l’histoire avec le père est passionnante, faisant écho aux plus grands thèmes existentialistes de science-fiction. Plus encore, il nous permet de rencontrer son assistante, être à la fragilité touchante qui amènera une sensibilité et un humour très sincères, permettant d’alterner avec les gags de racolage plus classiques. De manière globale, le film gère mieux ses thèmes de SF et se rapproche plus d’un Star Trek que d’un film de super-héros lambda, ce qui n’est pas pour déplaire tant le genre est coûteux et peine à trouver des projets aussi aboutis. Le film développe bien plus la richesse de son univers avec ce nouvel épisode, nous dévoilant entre autre une ancienne alliance de gardiens de la galaxie qui était dirigée par un certain Stakar (Sylvester Stallone), sans compter une poignée de rôles secondaires qui prennent un peu plus d’ampleur, donnant de la légitimité à certains enjeux dramatiques. L’humour est toujours aussi efficace, les effets-spéciaux sont au top et cette cuvée apporte un peu plus de profondeur et de richesse, de quoi clairement relancer l’intérêt. Du divertissement fun, drôle et coloré mais pas pour autant décérébré, donc c’est validé.

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Beauté cachée

Beauté cachée
2016
David Frankel

Casting de rêve, histoire bouleversante et magie de Noël, le film avait tout pour être un des gros cartons de cette fin d’année. Peu de surprises en vue avec une bande-annonce efficace qui annonçait un beau film plein d’émotion et de féerie, mais pourtant à sa sortie le film fut assassiné par des critiques abyssales. Publicité mensongère ? Totalement oui, mais en fait non. Attention, ça va spoiler à blinde.

Perdre quelqu’un est tragique, surtout quand c’est la personne la plus cher au monde à vos yeux. Il y a deux ans Howard (Will Smith) perdait sa fille de six ans, depuis le monde s’est arrêté et il déambule tel un mort-vivant. Essuyant échec sur échec en tentant de lui venir en aide, ses amis et associés (Kate Winslet, Edward Norton et Michael Pena) vont à force se retrouver dos au mur tant la désertion de leur ami a plongé leur entreprise au bord de la faillite, et il est urgent pour eux de le faire revenir à la raison pour sauver les meubles en signant un accord avec un repreneur. À l’aide d’un détective privé, ils vont découvrir que Howard envoie régulièrement des lettres à la Mort, l’Amour et le Temps, l’occasion rêvée pour le déclarer fou et signer à sa place en engageant trois acteurs (incluant Keira Knightley et Helen Mirren) pour interpréter les trois entités.

En voyant la bande-annonce, je m’attendais à un film lorgnant du côté fantastique en faisant réellement intervenir trois entités quasi divines, donnant ainsi un aspect très poétique au film. Mais non, la déception sera entière en découvrant que les trois sauveurs ne sont en réalité que trois artistes ratés qui ne seront là que par avidité, enlevant ainsi le mystique fantasmé. On passera alors le film entier à se dire que l’idée qu’on se faisait du film était bien meilleure que celle effective, ressemblant carrément plus à un coup de pute qu’à un sauvetage magnifique et charitable. Pire encore, on passera notre temps à côtoyer des personnages captivants sans jamais entrer vraiment dans leurs vies, donnant une impression de fainéantise quant au développement de chacun. Si le film est malgré tout correct, on ne peut que rager de voir le potentiel lattant inexploité, à moins que… Volte face dans la dernière ligne droite, nous rappelant une petite phrase anodine de la marraine de « La Fée des anges » (Naomie Harris) qui nous revient en pleine face. Un retournement exceptionnel qui aurait dû faire date dans l’histoire du cinéma, mais c’est amené tellement maladroitement entre une direction d’acteur en semi-teinte et une réal de téléfilm qu’on sera tout juste ému. Pareillement, la dernière séquence avec le pont arrive dans l’incrédulité la plus totale, nous révélant qu’on avait en réalité le film qu’on voulait depuis le début mais que les scénaristes ont fait n’importe quoi au profit d’un twist qui se vautre là aussi à cause de la mise en scène bien trop terre-à-terre. Le potentiel du film était colossal, le film a eu les moyens de ses ambitions et le scénario aurait pu faire date. Qu’un film se vautre est une chose, mais arrive un stade où le moral en prend un coup.

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Papa ou maman 2

Papa ou maman 2
2016
Martin Bourboulon

On a beau dire des américains et de leur politique de la suite quasi systématique au moindre succès, en France on fait limite pire tant le ratio de films rentables est risible. Avec trois millions d’entrées, Papa ou maman était clairement un candidat en or et les choses n’ont pas traîné : cette suite a débarqué moins de deux ans après le premier. Le capital sympathie était donc encore frais et avec une sortie en plein durant les fêtes de fin d’année, le projet partait largement gagnant, mais finalement c’est moins de la moitié du public qui se sera déplacé avec seulement 1,3 millions de billets vendus.

Après le divorce, place à la vie séparée. Vincent (Laurent Lafitte) et Florence (Marina Foïs) avaient enfin réussi à faire accepter à leurs enfants leur rupture, mais refaire sa vie va s’avérer tout aussi compliqué. Si déjà devoir supporter l’insipide copine (Sara Giraudeau) de leur père sera dur, voir en plus leur mère fricoter avec un frimeur (Jonathan Cohen), rendant leur père malade de jalousie, va les pousser à agir. La vie ensemble était ingérable, mais séparés tout dégénère.

Une idée amusante mais une exploitation minimaliste. Comme pour le premier, cette suite nous propose une situation propice à la comédie où l’ex couple va encore se faire la guerre, non pas pour ne pas obtenir la garde de leurs enfants cette fois mais pour montrer à l’autre qui aura le mieux réussi à refaire sa vie. Un concours de qui a la plus grosse où le cadre est déjà très prometteur puisque le couple divorcé habite désormais dans deux maisons strictement identiques situées l’une en face de l’autre, créant un excellent décalage entre l’affirmation d’indépendance et le besoin de proximité tacite. Parce que oui la flamme ne s’éteint jamais complètement et rien n’est plus tenace que la jalousie. Une suite qui part sur de très bonnes bases donc, mais le développement reste toujours aussi paresseux et prévisible, pas mal de redites dans l’humour et le film gère très mal l’équilibre entre le bon gros délire amusant et le grand n’importe quoi inconsistant. On pense notamment à une certaine scène de célébration où les scénaristes n’ont pas su s’arrêter avant de sombrer dans le grotesque. Dommage car le film avait un réel potentiel, plus grand que le premier encore avec un casting toujours aussi épatant, mais finalement on devra se contenter d’un divertissement du même acabit.

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Buffet froid

Buffet froid
1979
Bertrand Blier

Quand on veut se lancer dans le film de genre, le public se refroidi aussi sec. Pas folle la guêpe, l’expérience parle d’elle-même : la plupart du temps quand on parle cinéma de genre ça se fini en œuvre sur-intellectualisée qui se veut faussement subversive alors qu’en fait c’est tout simplement du grand n’importe quoi ennuyeux à souhait avec un rythme atroce. C’est exactement ce qu’il en est ressorti lors de l’exploitation en salles du film, mais d’années en années il a réussi à se forger une réputation de film culte complètement barré.

Parfois on marche tranquillement dans le métro, on laisse traîner son couteau et paf, sans même s’en rendre compte on plante le premier venu. Une maladresse qui a touché Alphonse Tram (Gérard Depardieu), bien désolé pour le pauvre comptable (Michel Serrault) qui a croisé sa route. Ce genre d’accident fortuit est monnaie courante ces derniers temps en ville, et malheureusement pour lui les désagréments vont se succéder. Bah ouais mais c’est chiant aussi de devoir se débarrasser des corps !

Rah la la, mais qu’elle sale manie ils ont les gens de se faire tuer de partout… Dans une espèce de monde amorphe, le meurtre est devenu aussi banal qu’un petit coup de pinard, ça détend et ça remet les idées en place. Même la police constate les assassinats avec la même indifférence que si on leur demandait de quelle couleur est la chaussée. Cela donne un côté particulièrement surréaliste au film, surfant sur la vibe du « meurtre tranquille ». Globalement ça marche assez bien, notamment grâce au jeu des acteurs qui restituent bien cette sensation de blase. Parmi eux on retrouvera Bernard Blier, Jean Carmet, Jean Benguigui et même Carole Bouquet, c’est dire le prestige. Oui mais voilà, ça reste gentillet. Le seul moment où le film se lâche un peu c’est dans l’espèce de manoir, le temps d’une scène, le reste du temps c’est un comique assez routinier qui s’installe. Il n’y a pas de réflexion derrière, pas plus qu’il n’y a d’explication. On est d’abord séduit par le décalage, mais cette folie timide lassera bien vite.

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Elle

Elle
2016
Paul Verhoeven

Une adaptation française d’un roman français avec des acteurs et actrices français on ne peut plus classiques, jusque là rien d’anormal, mais quand on voit que le réalisateur néerlandais Paul Verhoeven se tient derrière la caméra à près de 80 ans après dix ans sans n’avoir rien réalisé, l’attraction du projet s’en décuple tout naturellement. Il faut dire qu’un roman un peu osé adapté par celui à qui l’on doit Basic Instinct et Showgirls, ça met l’eau à la bouche. D’ailleurs, à sa sortie le film n’a pas manqué de faire parler de lui entre une forte présence à Cannes et des critiques particulièrement enthousiastes. Avec la période des cérémonies close, on peut là aussi tirer un bilan très positif entre des nominations de partout à l’international et un sacre à domicile entre le César du meilleur film et celui de la meilleur actrice. Et pourtant…

Dans une banlieue pourtant tranquille de la bordure parisienne, une sexagénaire du nom de Michèle (Isabelle Huppert) va être agressée et violée chez elle. Un drame qu’elle ne relèvera pourtant pas, n’en parlant pas même à la police, se contentant de reprendre simplement sa vie normale. Mais voilà, entre un traumatisme d’enfance refaisant surface et un violeur visiblement très satisfait qui va reprendre contact avec elle, sans compter les tracas du quotidien, y trouver l’équilibre et la santé d’esprit ne sera pas aisé.

Il faut vraiment le savoir pour le croire. En sortant du film, difficile de sentir la patte d’un grand réalisateur d’Hollywood tant le film ressemble à bien d’autres productions françaises, que ce soit en terme de mise en scène ou d’histoire. Sous le couvert du vieux fantasme du viol, le film n’est qu’une succession de banalités et de gros clichés entre la grand-mère qui se paye un gigolo, l’ex-mari (Charles Berling) qui se ramène avec une petite jeune (Vimala Pons), le fils transit d’amour pour une folle hippie tyrannique (Alice Isaaz), la chef d’entreprise détestée par ses employés, la sale liaison avec le mari de la meilleure amie ou encore le classique fantasme sur le voisin (Laurent Lafitte), pourtant marié (avec Virginie Efira). Vu le casting assez dingue du film, bien que pas tous très convaincants, on s’intéresse sans mal au devenir de chacun, pour autant ça reste lassant de classicisme et de prévisibilité puisque même l’identité du violeur saute très rapidement aux yeux. Pour ce qui est de la perversion, le film reste très superficiel, la brutalité s’arrêtant dès la mise en four. Il faudra repasser donc pour espérer choquer un tant soit peu la ménagère qui a pourtant tendance à s’exciter pour un rien (50 Nuances de Grey). Un drame humain comme on en voit tant, certes assez bien fait mais en rien révolutionnaire ou ne serait-ce que spécialement osé.

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Échec au porteur

Échec au porteur
1958
Gilles Grangier

Restauré il y a de ça pratiquement dix ans, le film a probablement eu son heure de gloire à l’époque pour qu’il bénéficie d’une telle attention, mais impossible de mettre la main sur un quelconque chiffre désormais. Ça resterait néanmoins étonnant car même en replaçant les choses dans leur contexte, on peine à comprendre ce qui a pu marquer qui que ce soit.

Film policier ultra lambda, il nous montre une bande de mafieux de l’Est tentant de mettre sur pied un système de transport de drogues indécelable. Leur apportant la solution avec un prototype de ballon non pas rempli d’air mais de beuh, leur dernière recrue espérait y gagner sa liberté grâce à cette trouvaille, mais sa seule récompense sera une exécution sommaire. Seulement voilà, dans l’interstice un enfant va confondre son ballon avec le prototype, subitement devenu une bombe. Un danger d’autant plus terrible que l’explosif dispose d’une détonation chimique et l’inspecteur de police (Paul Meurisse, sosie officiel de Denisot) n’a que quelques heures pour mettre la main dessus.

Rien que le postulat du film est bancal. On part sur un ballon rempli d’herbe, mais tout d’un coup c’est un explosif sans que celui qui l’a conçu n’en soit conscient. Ensuite, comme par hasard, le mourant ne donnera que des indications sommaires, sans même parler de ballon, rendant artificiellement l’enquête complexe. Quand on est capable de dire dix fois de suite « petit garçon » et « bombe », en quoi ajouter « ballon » est si compliqué ? Et puis évidemment le ballon n’aura de cesse de voyager, rendant sa localisation d’autant plus ardue. Une écriture atroce qui n’aura d’égal que la nullité des acteurs, spécialement les pseudos mafieux aux accents à couper au couteau dont la logique défie l’entendement. Une investigation bidon pour un film bien trop vide.

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