Sans un bruit jour 1


Sans un bruit jour 1
2024
Michael Sarnoski

Vous avez aimé l’univers de Sans un bruit tout en étant frustré d’en avoir vu si peu sur l’attaque initiale ? Eh bien c’était justement la promesse de ce film, censé montrer toute l’horreur et la violence destructrice de la frappe première qui a mis toutes les armées du monde à genoux d’emblée. Du bon gros film d’invasion alien qu’on salivait d’avance de voir, se rappelant aux bons souvenirs d’Independance Day, Mars Attacks, La Guerre des Mondes (dont la scène de la cendre est honteusement repompée), Edge of Tomorrow et autre Tomorrow War, un genre qui a su apporter des spectacles dantesques avec même occasionnellement des scénarios exceptionnels, comme les deux derniers cités. Un souvenir bien loin ici…

En plein New-York, le film nous proposera de suivre une cancéreuse (Lupita Nyong’o) en phase terminale, son chat, ainsi qu’un random gars (Joseph Quinn) croisé sur le chemin. Et attention, il ne faut pas faire de bruit.

Dire que le film est une immense déception serait exagéré puisque j’avais trouvé le premier opus à peine sympathique, et le second trop mauvais pour être qualifié de médiocre. Et il faut dire que ce préquel en garde tous les défauts : des personnages dénués d’écriture, ou alors carrément nullissime, avec des comportements au mieux stupides, et en trame de fond un vide absolu. Cette fois le constat est plus lamentable encore : on est censé suivre une femme à l’article de la mort, donc à la survie inintéressante, et son acolyte est soporifique au possible, la suivant comme un toutou. Et en parlant d’animal de compagnie, la présence du chat est inutile au possible, ce dernier n’aidant jamais en rien, et ne fait miraculeusement pas non plus de connerie. Reste alors un divertissement peu glorieux, ne comptant que trop peu de scène d’action, rendant la somnolence inévitable. Et avec le recul, cette saga a vite montré ses limites : jouer sur les bruits enlève toute notion d’ambiance sonore, et les effets « horrifiques » se limitent à des jump scare auditifs, soit le degré zéro de l’angoisse, juste désagréable. En résulte un divertissement particulièrement pauvre, dénué de la moindre qualité narrative…

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Squid Game 2


Squid Game – saison 2
2024
Hwang Dong-hyuk

Nous y voilà, un peu plus de trois après une première saison qui aura fait date, que ce soit en termes de chiffres absurdes pour Netflix pour qui cela reste encore le programme le plus vu de tous les temps, ou pour les spectateurs au niveau du buzz démesuré. Un ersatz de Battle Royale sur fond de jeux pour enfant, la plupart peu passionnants, avec des protagonistes gâchés tant c’est probablement le plus lamentable et le plus insupportable qui s’en sort. Autant dire que le mot « surcôté » n’a jamais trouvé une telle résonnance qu’avec la première saison, aussi bien réalisé fut elle, et avec il est vrai une musique et une ambiance visuelle particulièrement réussies. C’était attendu, et avec un temps d’attente aussi important, on était en droit d’espérer un potentiel bien mieux exploité dans cette suite, qui ne sera en fait qu’une seconde partie de transition.

L’histoire prend place quelques années plus tard, alors que d’un côté le gagnant qu’on avait suivi en première saison traque sans relâche cette organisation de l’ombre pour y mettre un terme, et de l’autre le policier qui avait failli les démasquer, toujours bien décidé à prendre sa revanche.

Ce qui frappe dans un premier temps, c’est la lenteur du récit : alors que cette saison fait un épisode de moins, soit sept, il faudra attendre trois épisodes pour que le jeu commence, ce qui est affolant. Et le souci, c’est que tout semble alors une redite, en moins bien. Des personnages stéréotypés moins marquants, des jeux pas fous, nous faisant presque regretter certains passés, avec l’effet de surprise en moins sur l’univers jouet et la musique, plus discrète. Eh puis bon, il faut bien parler de ce cahier des charges absolument vomitif de Netflix, avec un des personnages secondaires très mis en avant qui est un ancien homme en plein changement de genre, en phase de transition comme certains diraient. C’est d’une lourdeur atroce, d’autant qu’on sent son personnage rajouté au forceps, là juste pour la diversité. Mais pourquoi imposer ça au spectateur quand la quasi totalité des gens se sentent outrés par une telle présence ? Cela participe à un tableau peu reluisant des personnages tant les meilleurs sont partis, et les nouveaux sont ratés. Même si le héros de la première saison gagne un choui en charisme, il n’en reste pas moins un rebut qui participe à justifier ce genre de jeu où la plupart sont effectivement de purs poids morts pour la société, donc il ne reste alors que ce plaisir macabre de voir une purge moralement potentiellement acceptable. On en revient alors au principal problème de cette saison, qui est en réalité une première partie de la saison finale, dont la seconde partie devrait sortir en fin d’été 2025 : elle ne tient en aucun cas debout toute seule. Toute la partie policière n’est en l’état que pure perte de temps, n’aboutissant à rien, et les nouveaux jeux commencés en resteront à un stade intermédiaire. On pourrait donc carrément parler d’arnaque tant cette saison n’en est pas une, apportant plus de frustration qu’autre chose.

Cette suite reprend donc une histoire par le prisme de sa fin très peu satisfaisante, avec ses personnages les moins intéressants, mais qui seront rejoint par des stéréotypes si insipides qu’on ne pourra s’accrocher à rien, dans une histoire coupée en cours de route alors qu’elle ne faisait que remâcher les mêmes thématiques sans rien apporter de nouveau, que ce soit dans son concept ou ses réflexions sur la société. On est presque sur un niveau de lenteur / fainéantise proche des saisons Netflix de La Casa de papel, c’est dire le désespoir. Peut-être qu’à l’aura de sa dernière partie, l’ensemble sera moins poussif, mais en l’état impossible de se montrer autre chose que scandalisé par cette salve d’épisodes, inaboutie et terriblement redondante, redite pure et dure en moins bien. Autant dire que même les fans les plus aguerris vont être salement refroidis…

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Le Train des enfants


Le Train des enfants
2024
Cristina Comencini

Adaptation du roman de Viola Ardone, cette production Netflix va nous plonger en pleine Seconde Guerre Mondiale, alors que l’Italie, surtout à Naples, souffre d’une misère terrible. Les parents n’ont plus de quoi nourrir les enfants, alors un groupe de communistes vont aider les familles en envoyant par train les enfants vers le Nord, où les choses vont semble-t-il bien mieux. On suivra le jeune Amerigo, obligé de quitter sa mère pour survivre.

L’histoire du film est assez déroutante pour quiconque connaît l’Histoire. En effet, on parle de la menace des Nazis, de la misère en Italie, et pire, de comment les communistes les ont aidé, alors même qu’ils étaient alliés de l’Allemagne, ennemis de l’URSS, et de fait parmi les mieux lotis de toute l’Europe en termes de conditions de vie et accès à la nourriture. Alors oui, globalement la misère frappait partout, mais plutôt moins côté Triple Alliance, et des communistes se baladant tranquillement dans un pays pro troisième Reich, on pourrait parler de scénario totalement stupide, donc tâchons de prendre le film comme une pure fiction se passant dans une réalité alternative où les alliances et rapports de force sont à l’exact opposé de la réalité.

On se retrouve donc face à un drame humain assez terrible et émouvant, où l’enfance se retrouve brisée face aux affres de la guerre, carrément obligé de briser le lien sacré parent / enfant. C’est donc un récit sur la dureté de la vie, mais aussi sur comment se reconstruire quand tous ses repères ont disparus, quand on a absolument tout perdu, de son village, sa maison, les gens qu’on connaissait. Le film réussi assez bien à retransmettre toute cette gamme d’émotions, allant de la pure détresse à la culpabilité de reprendre goût à la vie. Les acteurs sont bons, plein de bons sentiments et la reconstitution des décors et costumes est réussie. Reste un petit regret face à une narration façon Les Choristes, commençant bien plus tard pour se repencher sur le passé. Reste aussi une pointe d’amertume face aux regrets et non dits de la vie, mais ça fait probablement parti de la démarche voulue.

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Le Seigneur des Anneaux : La Guerre des Rohirrim


Le Seigneur des Anneaux : La Guerre des Rohirrim
2024
Kenji Kamiyama

Alors que je l’avais placé top 9 de mes plus grosses attentes culturelles de 2024, le film en restera l’une des plus amères déceptions. Alors qu’une première bande-annonce avait été montrée près de trois ans avant la sortie, les promesses étaient dantesques : batailles colossales, animation très travaillée pour une ambition certaine. Et j’en étais resté là, pour éviter de trop en savoir avant la sortie, loin de me douter que le projet initialement montré avait été purement et simplement jeté à la poubelle au profit d’une version style animation japonaise, très éloignée des visuels de départ, et au budget ridicule pour un projet estampillé Seigneur des Anneaux, l’une des sagas les plus mythiques du cinéma.

Vous rappelez-vous le moment le plus épique de toute la trilogie, le Gouffre de Helm ? Eh bien le film va nous replonger près de 200 ans plus tôt, alors que le roi du Rohan, justement prénommé Helm, va devoir faire face à un vassal renégat en quête de vengeance.

Sur le papier, le film n’avait déjà plus rien à voir avec les promesses initiales, ne faisant plus que du fan service minable pour teaser un retour au lieu de l’affrontement au sommet entre une centaine d’homme face à une armée de 10 000 orcs de synthèse, plus forts et plus terrifiants. Et comment dire à quel point la comparaison fait mal, nous replaçant face à des enjeux inexistants (oh la la, la princesse qui refuse le mariage et le prince en fuite qui refuse de faire face au résultat d’un duel dans les règles de l’art) et face à un combat autocentré sur des hommes, délaissant totalement le côté fantastique de la Terre du Milieu. D’ailleurs, outre la scène d’ouverture qui racole pitoyablement façon Nausicaa, mais sans en effleurer le millième de la poésie ou de l’impact thématique, il faudra attendre près de une heure trente de métrage pour qu’un quelconque élément fantastique fasse irruption, et c’est là encore problématique : rien en sert à rien. Du clin d’œil lourd qui nous sort du film tant c’est hors sujet. Reste alors un film d’animation immonde, à la fluidité de mouvement inexistante, constamment humilié par sa technique atroce entre des décors en 3D à peine correct, mais dont le style ne marche jamais à aucun instant face au style jap animation des personnages, semblant posés sur des fonds mal incrustés. Même les musiques iconiques semblent gâchées, lancées aléatoirement sans leur souffle épique d’origine, avec presque une peur des droits d’auteur ou l’on ne sait quoi tant elles dépassent rarement la poignée de secondes. Une histoire soporifique, une ampleur d’action risible, une direction artistique aux fraises, mais surtout une technique d’animation affolante de nullité. Un ratage historique, nous donnant envie de laver très vite cet affront en se replongeant dans la trilogie originale qui n’a de cesse que de se bonifier avec les années.

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Les chroniques de Noël


Les chroniques de Noël
2018
Clay Kaytis

Joyeux Noël à tous ! En ce 25 décembre je rattrape enfin cette figure de proue des films de Noël, l’un des rares films de Netflix a avoir su s’imposer sur la durée, ce qui n’est pas rien tant la qualité de leurs productions tendent à faire oublier la moindre sortie au bout de quelques jours. A t-elle le potentiel pour être le nouveau Super Noël de toute une génération ? Possible.

Après une décennie entière de fêtes familiales mémorables, le nouveau Noël de la famille Pierce s’apprête a avoir un goût bien amer : le père est décédé, et le fils aîné est sur une mauvaise pente. Et pourtant, il sera leur plus mémorable quand ils vont réussir à surprendre nul autre que le Père Noël (Kurt Russell) en personne et s’infiltrer à bord de son traineau lors de la fameuse soirée du réveillon.

En voilà une belle surprise ! Reprenant grosso modo la trame du premier film Super Noël, le développement prendra une approche plus réaliste, en opposant une équipe à la déroute face au cynisme ambiant, à la malveillance généralisée de l’espèce humaine. Les superpouvoirs du Santa sont à la fois une revisite des classiques du genre, et à la fois une puissante inspiration à nul autre que Dieu dans Bruce tout puissant. En résulte une fraicheur rappelant la liberté jouissive qu’on retrouvait dans certaines comédies des années 80-90, qu’on ne savait pas assez apprécier à l’époque et qui nous manque grâce à la magie de la nostalgie et la sagesse du recul. Le film coche aussi avec un certain brio toutes les cases de ce qu’on pourrait attendre d’une célébration des fêtes, arrivant à faire montre d’optimisme et de bons sentiments sans que les sabots ne soient trop démesurés. Côté effets spéciaux le film s’en sort honorablement même, et même les quelques folies comme le concert improvisé s’accordent parfaitement à l’ensemble. C’est drôle, avec même une pointe d’humour noir, touchant sans abuser de naïveté. Donc oui, le film est – aussi classique soit-il – une franche réussite dans un genre tombé en désuétude, ce qui est donc sacrément remarquable.

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Bon Cop, Bad Cop


Bon Cop, Bad Cop
2006
Erik Canuel

Voici la version canadienne de L’Arme Fatale, une saga que je n’apprécie il est vrai pas particulièrement, la faute à un coup de vieux assez terrible avec des scénarios reposant sur des clichés usés et usants. Néanmoins, outre le charisme ahurissant du non rabat-joie de service, il faut reconnaître que le principe du duo de policiers que tout oppose sur fond de comédie d’action, ça avait du potentiel. Et au moment de sa sortie, le film fut un immense carton en établissement tout simplement un record au box-office, bien que le score affiché par le film (2 millions d’entrées pour 40 millions d’habitant) semble un ratio totalement ridicule au regard des scores des salles françaises.

Un cadavre, une frontière, deux policiers. La fameux « tatoo killer » va encore laisser un mort derrière lui, mais déposé cette fois sur la pancarte de la frontière canado-américaine, obligeant les deux côtés à collaborer sur la même enquête. On retrouvera alors d’un côté David Bouchard (Patrick Huard), sanguin canadien, et Martin Ward (Colm Feore), au flegme britannique.

Même recette, mêmes soucis. Le duo marche fort, le tandem a une vraie complicité dans la divergence, et que ce soit au niveau rythme ou comédie, le film est vraiment fort sympathique. Pas toujours évident de rester crédible avec un accent canadien à couper au couteau, mais en vrai ça rajoute un certain charme dépaysant. Oui mais voilà, le gros problème du scénario frappe plus que jamais. Quand tout tourne autour d’un tueur en série mais que l’enquête est claquée et que le méchant est nul au possible, ça a de quoi calmer les ardeurs. Amusant, mais pas plus, la faute à une histoire de fond ratée. Une suite a vu le jour plus d’une décennie plus tard, de quoi peut-être rattraper le coup.

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Red One


Red One
2024
Jake Kasdan

Sur le papier, le projet semblait peu réjouissant : des stars bankables mais dont les carrières se font de plus en plus parodiques, pour ne pas dire honteuses, un réalisateur coupable du médiocre reboot de Jumanji, et une volonté de proposer un film de Noël à ajouter au catalogue anémique d’Amazon, géant alignant les billets sans chercher à faire du cinéma. Si le bide en salle est largement à relativiser (la barre des 100 M$ sera dépassée aux Etats-Unis, et plus de 200 M$ dans le monde alors que moult pays comme la France sont privés de sortie ciné), on peut difficilement parler de succès face à un budget débile de 200 à 250 M$ selon les sources, surtout critique tant pas grand monde n’en est ressorti satisfait.

Alerte, le Père Noël (J.K. Simmons) est kidnappé ! Loin de se douter que le mythe était réel, un hacker (Chris Evans) va vendre une position qu’il aura su traquer, sans savoir qu’il avait vendu le fameux homme en rouge à nulle autre que la sorcière Gryla (Kiernan Shipka), souhaitant punir toutes les vilaines personnes. Le chef des elfs (Dwayne Johnson) va alors débarquer pour retrouver son patron et sauver Noël.

En vrai, j’y ai un peu cru, au début. Le mélange fantastique / réel marche assez bien, et Chris Evans en mauvais père qui doit retrouver le chemin de la paternité, c’est bien dans l’esprit Noël et le début marche plutôt bien, tant au niveau histoire que rythme comique. Seulement voilà, bien vite le fantastique va déborder dans tous les sens, dans un chaos aussi stupide qu’épuisant. Aucune direction artistique, tout se mélange dans une bouillie numérique infame, et on fini par s’ennuyer ferme. Alors certes, le passage avec le frère Krampus est amusante et fait montre de quelques réussites flamboyantes de la part des costumiers, mais le tableau global n’a juste aucun sens. Du Noël avec des sorcières, créatures démoniaques et même l’enfer, c’est trop. On raccroche tant bien que mal les wagons, et ça reste du blockbuster ultra calibré dont l’humour fait régulièrement mouche, donc pas de quoi crier au navet intersidéral, mais on reste quand même au ras des pâquerettes avec une histoire qui ne sait jamais où elle va et qui aurait mérité d’être largement élaguée.

 

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Juré n°2


Juré n°2
2024
Clint Eastwood

Si on passe le fait que le studio ait fait un bras d’honneur à l’une des plus grandes légendes du cinéma en refusant une sortie cinéma pour l’ultime film du nonagénaire Clint Eastwood, du moins pour les Etats-Unis, le bilan reste plus qu’honorable. Plus de 1,5 millions d’entrées en France et des retours très enthousiastes, mais est-ce vraiment mérité ou est-ce surtout une connivence pour un vieil homme qui n’avait plus rien à prouver ? L’indulgence à son égard m’épate en tous cas…

Imaginez, vous êtes convoqué en tant que juré dans un procès, et vous vous rendez compte que c’est en réalité vous le coupable ? C’est exactement ce qu’il va arriver à Justin Kemp (Nicholas Hoult), juré numéro 2 dans un procès pour meurtre, où une jeune femme a été tuée l’exact soir à l’exact endroit de la route où il a cru avoir renversé un cerf.

Encore un high concept qui prend l’eau. Si sur le papier l’idée de voir un procès où un décideur est en réalité le coupable, c’était gageur, mais dès les prémices le film se noie dans ses propres problèmes. Déjà la culpabilité est loin d’être établie, et auquel cas ce serait un accident, d’autant que l’homme en question va bientôt être papa (avec Zoey Deutch), et du début à la fin rien ne viendrait étayer le contraire ou de le dépeindre comme un manipulateur, ce qui aurait été bien plus piquant. On espère d’ailleurs tout du long des retournements, une résolution spectaculaire ou surprenante, mais du début à la fin le récit sera d’une platitude absolue, sans le moindre soubresaut dans une intrigue sans une once de mystère. Pour un film de procès, c’est un comble ! Alors certes, côté réalisation rien à redire, et le casting est solide (avec en prime J.K. Simmons, Kiefer Sutherland et Toni Collette), mais quand on va voir un thriller, c’est avant tout pour le scénario qu’on y va, un point central qui sera constamment décevant. Aucun faux semblant, twist ou élément perturbateur : la platitude la plus absolue. Aberrant de banalité, un concept inutilisé pour un ennui profond. Une bien amère déception.

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Challengers


Challengers
2024
Luca Guadagnino

Contrairement à ce qu’on pourrait penser tant le genre du film sportif est quasi exclusivement combiné avec celui du biopic, ça ne sera pas le cas ici, le triangle sulfureux sera purement fictionnel (et heureusement). Le réalisateur de l’interminable et ennuyeux Call me by your name va donc choisir le cadre particulier du tennis pour mettre une nouvelle fois en scène l’obsession pour le corps et l’attrait de la chair.

Adversaires sur le terrain comme dans la vie. Elevés dans le même internat, Art (Mike Faist) et Patrick (Josh O’Connor) vont tous deux tombés amoureux de la même fille lors d’un tournois junior de tennis : Tashi Duncan (Zendaya). Pour elle, la vie est comme le tennis, une compétition, et elle n’aura de cesse que de les opposer, que ce soit sur la terre battue ou dans son cul cœur.

On ne va pas se mentir, la campagne marketing ne s’est basée qu’intégralement autour du charme et du talent de Zendaya, et ça a visiblement porté ses fruits avec près de 100 M$ au box-office mondial, ce qui est énorme pour ce genre de film. A titre de comparaison, les pourtant bien meilleurs Wimbledon et Borg / McEnroe ont respectivement fait seulement 41 M$ et 9 M$ dans le monde. Car il faut bien le dire, passé la première demi-heure, le concept se casse un peu la gueule. Déjà parlons de cette idée stupide de montage qui fait continuellement des vas et vient : c’est usant, et ça n’apporte pas grand chose, hormis le fait de cacher des infidélités ou de créer un suspens sur comment on en est arrivé là, puisque d’emblée on sait avec qui elle se marie et fonde une famille, de même que le second a raté sa carrière sportive, sans d’ailleurs que cet aspect ne soit réellement traiter puisqu’il semble au contraire toujours très fort, à minima capable de mettre en déroute l’un des meilleurs joueurs du pays. Alors certes, contrairement au film phare de son réalisateur, le rythme est bon grâce à ce subterfuge, et globalement la gestion du suspense est excellente avec une musique très viscérale, mais avec le recul c’est surtout un cache-misère tant le scénario est vide. Côté mise en scène c’est un peu la foire à la saucisse, expérimentant de trop avec des plans tape à l’œil qui nous sortent un peu des matchs. Beaucoup de travail sur la forme, mais le fond a été bien trop mis de côté, nous laissant sur notre faim face à une vacuité ambiante.

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Le Comte de Monte-Cristo


Le Comte de Monte-Cristo
2024
Matthieu Delaporte, Alexandre De La Patellière

Après la déception des Trois Mousquetaires l’année dernière, la prudence aurait été de mise concernant les attentes sur cette nouvelle tentative de donner au cinéma français les moyens d’adapter avec ambition leurs classiques. A peine moins surexploitée que la précédente œuvre d’Alexandre Dumas, on peut notamment citer la mini série de 6h avec Depardieu comme précédente adaptation ayant le plus fait date, il faut néanmoins reconnaître que dans l’imaginaire collectif l’histoire n’est pas aussi formellement ancrée, laissant plus de place à une relecture avec les moyens actuels. Et côté moyens, on passe un nouveau cap avec plus de 43 M€, plus visibles que jamais.

Ceci n’est pas une histoire de haine, mais de justice. Tout juste promu Capitaine et à qui l’avenir ouvrait les bras, Edmond Dantès (Pierre Niney) croyait le plus beau jour de sa vie arriver quand il poussa les portes de l’église pour se marier avec Mercedes (Anaïs Demoustier) qu’il a toujours ardemment aimé. Seulement entre jalousie et fourberie, plusieurs hommes vont fomenter contre lui, l’accusant de trahison envers le roi, le condamnant à finir ses jours en prison. Bien des années plus tard, quand l’occasion de s’évader va se présenter, Edmond laissera sa place au Comte de Monte-Cristo, bien décidé à se venger de ceux qui l’ont trahi.

Oserais-je le dire ? Ce fut Edmond Dantesque ! On a pas vu des plans en mer aussi épiques depuis la trilogie Pirates des Caraïbes. On a pas vu une telle grandeur dans l’aventure depuis la trilogie du Seigneur des anneaux. Non seulement la production a su remettre à flot des vestiges semblants flambants neufs, ou alors les progrès en effets spéciaux ont passé un nouveau cap dont Hollywood devrait en prendre de la graine, mais en plus le duo de réalisateurs a su s’emparer de cette fresque romanesque pour y insuffler une mise en scène époustouflante, aussi grandiose dans ses décors que dans sa façon de les filmer. Décors, costumes, même les maquillages sont saisissants de justesse, arrivant à un niveau de passe-passe à faire frémir Sherlock Holmes. Mais au delà de ça, c’est au niveau de l’écriture, de l’adaptation que le film épate le plus. L’histoire est d’une richesse folle, mais sa densité n’est jamais indigeste, au contraire, nous bluffant de fluidité et d’efficacité. A aucun moment on ne sent de cassure dans le rythme, d’exposition trop imposante, de trop plein de personnages, et on ne sent pas non plus à l’inverse que certains protagonistes sont trop peu développés. Certes, le film affiche pratiquement trois heures au compteur, ce qui permet de mieux équilibrer l’ensemble, et parfois on se dit que le format sériel s’y prêterait pour souffler un peu et s’attarder sur certains passages, mais une telle maîtrise d’écriture force le respect. Et côté histoire d’ailleurs, ce thriller d’homme prenant sa revanche est fascinant, pouvant s’appuyer sur une construction en puzzle assez jouissive où tout se met en place petit à petit, tel un chasseur jouant avec ses proies.

Enfin, il faut bien sûr glisser un mot sur le casting, absolument parfait. Assurément, disposer de dialogues aussi fins et savoureux donne un terreau génial, mais même au delà de ça, chacun brille dans un registre différent, allant de l’acteur confirmé (Laurent Lafitte, Bastien Bouillon, Patrick Mille) dont le virage dramatique scier à merveilles, ou encore de jeunes prometteurs (Anamaria Vartolomei, Vassili Schneider, Julien de Saint-Jean) qui arrivent à exister au milieu de noms si prestigieux, ce qui n’est pas rien. On notera aussi la musique remarquable, digne des plus grosses productions américaines en termes d’épique, un adjectif qui revient en boucle en pensant à ce film. Entre thriller d’espionnage aux petits oignons, aux dialogues ciselés mémorables, grande fresque d’aventure exaltante, le film arrive sans fausse note à transmettre toute la grandeur de ce grand classique de la littérature, qui vient de trouver là un cinéma à sa démesure.

 

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