AKA


AKA
2023
Morgan S. Dalibert

Probablement perdu dans les limbes des productions depuis de très longues années (il est fait mention de PS4 et de Wii, ce qui laisserait supposer une écriture vieille de dix ans minimum, la seconde console ayant été retirée du marché depuis dix ans déjà), il est certain que le carton planétaire de Balle Perdue aura poussé Netflix à s’intéresser à cet autre film d’action français mettant en vedette le désormais reconnu Alban Lenoir, nouveau Bebel des temps modernes, ou du moins qui en rêve. En tous cas sa carrière sur Netflix est sans pareille : après avoir tout d’abord raflé le statut du film en langue française le plus vu de la plateforme avec le fameux Balle Perdue, il a battu son propre record par deux fois, d’abord avec Balle Perdue 2, puis en doublant le score avec le AKA dont il est question ici. Fort.

Aka, acronyme anglais « Also Know As » voulant dire « alias », fait écho à ce qu’on appelle travailler sous couverture dans le milieu policier. Spécialiste du genre, Adam Franco (Alban Lenoir) va être engagé par le commandant Kruger (Thibault de Montalembert) pour s’infiltrer dans le milieu de la drogue et du grand banditisme, car la police soupçonne le mafieux Victor Pastore (Eric Cantona) d’avoir prit sous son aile l’ennemi public numéro 1, le terroriste Moktar Al Tayeb.

Encore du film d’action policer français, mais je dois avouer que j’ai largement préféré le scénario qui y est développé. Dans l’absolu, le principe même du policier sous couverture est une hérésie : on demande à un représentant de la loi de passer du côté obscur, renier tous ses principes et vivre avec des gens qu’il déteste par nature, qui représentent tout ce qui va mal dans notre société, sacrifiant des mois, parfois des années de leur vie à se mettre quotidiennement en très grand danger, tout ça pour faire tomber des gens dont on savait déjà toute la dangerosité. Outre Atlantique, on se s’embêterait pas, on balancerait tout ça à Guantanamo ou autre pour tout faire avouer à grand renfort de torture, puis basta. Mais force est de reconnaître que dans une justice sclérosée qui n’a pas vraiment le choix, ce sacrifice est d’autant plus admiratif qu’il nécessite un sacré talent de la part de l’infiltré pour jouer un rôle de chaque instant. Au niveau cinéma, cela crée une forte tension, beaucoup de suspens, et avec en prime un gros côté action bien bourrin, ça donne une dynamique particulièrement percutante. Dans certaines thématiques, le côté loup solitaire surentraîné inarrêtable, la réalisation virevoltante, on tend parfois vers de l’efficacité à la Taken, bien que son héros restera un cran moins charismatique et que l’action n’ira pas jusqu’à un tel niveau de virtuosité. Une belle surprise donc, compensant quelques faiblesses d’écriture par une grande maîtrise dans le rythme et la mise en scène.

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#Alive


#Alive
2021
Hyung-cho Il

Sorti en Corée du Sud en juin 2020 dans un contexte difficile de Covid ayant grandement impacté son score en salle (déjà à prendre avec de fortes pincettes vu les récents scandales de gonflement de chiffres ne datant visiblement pas d’hier), le film fut considéré comme un semi-échec, faisant un peu moins de deux millions d’entrées, un poil faible pour ses presque 20M$ de budget. Il fut donc ensuite bazardé sur Netflix où il connu un bon succès, là encore à relativiser vu l’absence de transparence des chiffres, et vu que le public a tendance a cliquer machinalement sur les recommandations, ce qui ne veut ni dire qu’il a apprécié le film, et encore moins qu’il l’a regardé jusqu’au bout.

Une épidémie et paf, ça fait des zombies. Oh Joon-woo (Ah-In Yoo) est un jeune homme qu’on pourrait qualifier de chanceux : au moment où l’épidémie va se propager à une vitesse folle, transformant tous les habitants en monstres cannibales assoiffés de sang, lui sera tranquillement chez lui, bien à l’abris. Mieux encore, il a quelques réserves de nourriture, l’eau, l’électricité et même internet fonctionnent toujours. Plus qu’à attendre que ça se passe.

Genre usé jusqu’à la moelle, le film de zombie est par définition de la survie, souvent teinté d’action, de gore ou d’horreur, voir tout ça à la fois. Rien de bien original donc que de retrouver quelqu’un coincé chez lui à soit attendre la mort, soit des secours divins, voir une cure pour l’épidémie, si tant est qu’elle soit réversible. Outre le fait que le film soit coréen, l’originalité tiendra surtout en deux points : le cadre très luxueux de l’appartement, et la débilité ahurissante de son principal protagoniste. Car oui, quand la ville semble tombée sous les hordes de zombies, avoir pendant des semaines de l’eau et de l’électricité, c’est un miracle sans commune mesure, et à aucun moment le personnage ne prendra conscience de cette chance susceptible de s’arrêter à n’importe quel moment. De même, bien que ce soit plus facile à dire qu’à faire, se rationner semble une évidence, mais pas pour lui, s’empiffrant deux jours durant, au point de liquider tout d’emblée. On a donc là un « héros » dont la survie ne tient qu’à la chance, ce qui n’est pas très valorisant.

En dehors de ce huis clos survivaliste, on aura donc quelques affrontements occasionnels avec les zombies, permettant au film de faire parler le budget entre cette grande place et ces immeubles immobilisés pour le film, mais aussi la centaine de figurants au maquillage plutôt réussi. Mais là encore, rien qu’on n’ait pas déjà vu mille fois auparavant. Heureusement, le film est court et l’ennui n’a pas trop le temps de poindre, le rythme étant assez bien maîtrisé. Mais quel intérêt ? Le genre est éculé à un point tellement insupportable, le film ne propose rien de novateur, et son personnage principal est antipathique, bien trop demeuré. Difficile donc de justifier d’y consacrer un soirée.

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The Darkest Hour


The Darkest Hour
2012
Chris Gorak

Méa coulpa, onze ans après le premier article sur ce film : The Darkest Hour. Aveuglé par une avalanche de merdes ayant largement biaisé mon jugement entre Skyline, Monsters et World Invasion, qui avec le recul était vraiment trop vide scénaristiquement et à gerber dans sa réalisation, et ayant découvert après coup la pépite District 9 (qui mériterait aussi une nouvelle critique tant mon plaisir de cinéphile devant cette œuvre singulière n’a fait que croître), dans le genre contact extraterrestre, le début des années 2010 était éprouvant. Distinguer les nuances de marron dans une fausse septique n’était alors pas évident, laissant place à bien trop d’indulgence.

L’histoire démarre comme de la série B classique : des jeunes (Emile Hirsch, Max Minghella, Rachael Taylor, Olivia Thirlby et Joel Kinnaman) avec de vagues raisons d’être réunis dans une même boîte de nuit à Moscou lorsque la fin du monde sonne. La fin du monde en question ? Des extraterrestres invisibles capable de réduire en cendre toute forme de vie d’un simple contact.

En vrai oui, le potentiel était là : de bonnes idées de design, un concept à mi-chemin entre le film d’horreur et le film de SF avec des aliens basés sur l’électricité, une sorte de forme de vie organique/synthétique/gazeuse assez vague, suffisamment mystérieuse pour intriguer et susciter la peur. Au niveau mise en scène, les faire débarquer en usant d’une énorme vague électro-magnétique pour désactiver tout appareil électronique, ça n’est certes pas nouveau, c’était déjà le cas dans La Guerre des Mondes (tellement meilleurs sur absolument tous les points d’ailleurs dans le genre « gens du peuple face à une menace d’extinction, en restant à échelle humaine tout du long »). En revanche, ce qui est nouveau, c’est l’idée de les rendre invisibles et réactivant l’électronique sur leur passage. Visuellement le concept est excellent, mais trop peu exploité. On ressent constamment le manque de budget, le manque d’ambition : quelques années plus tard, Stranger Things reprendra cette idée d’électricité pour en faire tellement plus, sans pour autant avoir plus de budget. Le traitement des personnages est inexistant (le sacrifice dans le métro est stupide à souhait), l’histoire est débile à outrance (restez cachés et faites des provisions bordel !), l’instinct de survie une vague notion oubliée, et puis surtout il semble manquer tout le dernier acte du film, car au final il ne se passe rien. Alors oui, on peut ne faire que suivre la survie d’un groupe de personnes, mais encore faut-il que la situation soit réglée à la fin, ce qui n’est pas le cas. Est-ce pour teaser une suite ? Le score en salles fut presque correct, mais les retours assassins ont semble-t-il dissuadé toute idée de franchise. Du potentiel sur le papier, quelques bonnes idées visuelles, mais le résultat est trop bancal entre un scénario écrit à la truelle, des FX bien vilains, et une absence de fin concrète.

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Balle perdue 2


Balle perdue 2
2022
Guillaume Pierret

De projet infinançable à second plus gros succès de tous les temps hors langue anglaise sur Netflix, le film a par logique mercantile obtenu le feux vert non pas pour une suite, mais deux, dont le troisième volet est déjà acté pour janvier 2025. Belle réussite pour Balle Perdue, et clairement le premier volet était pensé comme un début, et non un tout tant l’histoire n’avait pas de conclusion sur son grand méchant.

Prenant place même légèrement avant la fin du premier film, le récit va remettre une nouvelle fois  Lino (Alban Lenoir) seul contre tous. La police (incluant (Pascale Arbillot et Stéfi Celma) avait secrètement passé un deal avec le complice d’Areski (Nicolas Duvauchelle) pour faire – on souffle très très fort – tomber des policiers espagnols véreux dans la combine de la drogue. Seulement voilà, pour Lino hors de question de laisser le meurtrier de son frère s’en tirer, et pas question de laisser non plus ses ex complices le tuer, sans quoi le commerce parallèle continuera sans impunité.

Toujours pas une once d’originalité ou d’idée de scénario, c’est exactement le même, avec les mêmes enjeux et ressorts pour faire avancer l’intrigue. Pas grand chose de neuf à dire donc, si ce n’est que des espagnols se rajoutent à la fête, incluant certes le très charismatique Diego Martin, un des rares bons personnages de la série Elite arrivé après la saison 3, bien que sa seconde saison à l’écran il fut l’instrument de la déchéance d’une série passée trop vite d’incroyable à pitoyable. On sent qu’à vouloir en faire une saga, ou tout du moins une trilogie, on en garde trop sous le coude, le grand méchant restant dans l’ombre, attendant encore le prochain film pour revenir. Fatiguant. D’ailleurs, l’écriture a bien trop d’incohérences. Lino passe d’une romance à l’autre sans rien pour le justifier, et s’enticher de la femme de son ennemi est très glauque ; la collègue Julia change de camp toutes les deux secondes et tout est pratiquement sa faute, sans elle le problème aurait été tellement mieux réglé et en moins de demi-heure de film ; et tout ce qui entoure les espagnols corrompus n’a aucun sens, voulant d’abord ne pas se salir les mains, rester dans l’ombre, puis finissant par tirer dans le tas en plein jour. De fait, on garde les mêmes défaut d’écriture arriérée, et les mêmes qualités de rythme et d’action. Et comme on dit, la vie avance, donc faire du surplace c’est reculer.

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Balle perdue


Balle perdue
2020
Guillaume Pierret

Perdu dans l’enfer du financement, le film fut sauver par Netflix, désormais obligé légalement d’apporter son soutien à un certain nombre de productions françaises pour contribuer à notre exception culturelle. Un film action / policier pourtant banal sur le papier, comme on en voit pratiquement chaque mois débarquer, mais qui a surpris tout le monde en devenant ni plus ni moins que le film français le plus vu de la plateforme, cartonnant à l’international.

Le film ce centre sur le personnage de Lino (Alban Lenoir), une petite frappe qui écopera de deux ans de prison pour tentative de braquage après avoir explosé les murs d’une bijouterie en tentant une attaque à la voiture bélier. Trois semaines après son incarcération, Charas (Ramzy Bedia) et Moss (Pascale Arbillot), deux inspecteurs de police, vont le recruter pour aider leur département anti go-fast (incluant Nicolas Duvauchelle et Stéfi Celma) à booster leurs véhicules pour lutter contre le trafic de drogue.

De primes à bords, le film est éculé au possible : encore et toujours une histoire de flics ripoux, comme le cinéma français nous inonde jusqu’à l’exaspération depuis un siècle. On souffle fort… On bascule alors de reconversion à traque, puisqu’à titre figuré, le héros se prendra une balle perdue dans la mesure où on lui mettra tout sur le dos. Et là encore, ce sont des thématiques usées jusqu’à l’os : le repris de justice dont la seconde chance n’est pas vraiment donnée comme à la moindre occasion on l’accablera de tout, où encore l’opposition entre la rue et les forces de l’ordre. On souffle très fort. Heureusement, le film a de solides arguments. Outre la violence très crue, l’action bombarde pas mal, la tension est présente, le rythme bien mené. Du classique à outrance, mais au moins c’est efficace.

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Adam à travers le temps


Adam à travers le temps
2022
Shawn Levy

Si bien sûr le réalisateur a une filmographie des plus impressionnantes, s’étant fait connaître avec moult comédies populaires, Shawn Levy a surtout obtenu la reconnaissance avec un film plus sérieux, Real Steel, dont la suite semble perdue dans les limbes, et aussi son travail sur la série Stranger Things où il officie en tant que producteur principal de toute la série, et réalisateur sur quelques épisodes. Après le franc succès critique et public de Free Guy, on attendait son nouveau projet avec beaucoup d’espoir. Trop visiblement.

Le film nous plonge en 2050 alors que Adam (Ryan Reynolds), un pilote de l’armée, va voler une navette pour partir à la recherche de sa femme, Laura (Zoe Saldana), portée disparue, mais qu’il soupçonne d’avoir voulu partir en 2018 grâce à une technologie de trous de verres pour voyager dans le temps, dans le but de justement empêcher cette technologie de voir le jour tant la création du père d’Adam (Mark Ruffalo) a conduit le monde à un âge sombre où sa collègue Sorian (Catherine Keener) s’en ait servi pour asseoir son pouvoir sur le monde. Seulement alors qu’il voulait utiliser à son tour un trou de verre, il sera prit pour cible par la brigade du temps, ratant son calibrage et atterrissant en 2022. Il devra alors faire équipe avec le lui de l’époque (Walker Scobell) pour réussir à corriger les méfaits du voyage dans le temps.

Le thème du voyage dans le temps est un grand classique du cinéma, source de tous les fantasmes : corriger les erreurs du passé, que ce soit la grande histoire ou sa propre histoire, influencer le futur, ou tout simplement assurer un futur si ce dernier projette l’humanité vers un sort tragique ou très largement non souhaitable pour ceux ne jouissant pas du statut d’élite. Le début du film est de ce point de vue là très réussi, laissant planer le mystère sur le futur, créant un face à face entre deux versions d’un même protagoniste, un quadragénaire se voyant comme le sauveur, mais est en réalité perdu, et l’autre adolescent, vivant très mal la récente mort de son père, à un âge où l’on est perdu, mais qui au contraire saura faire preuve d’une grande lucidité. Les passages avec la mère incarnée par l’excellente Jennifer Garner laisseront entrevoir un immense potentiel, d’autant qu’on comprend qu’elle aussi a passé l’arme à gauche dans le futur, mais on tient là l’un des principaux problèmes du film : petits bras. Il y aurait tellement eu à faire avec ce concept, pouvoir revoir ceux qu’on a perdu, changer les choses, mais sur presque tous les points, le film n’en fera rien, échouant là où Retour vers le futur montrait si bien l’exemple. Dans l’ensemble le film se regarde bien, les FX sont réussis (même si je suis abasourdi du budget de 116 M$ tant le film semble avoir coûté le tiers, bonjour les cachets abusifs), mais on ne pourra que regretter un récit trop facile, sans ambition autre que le divertissement. Le cas typique du film popcorn, agréable sur le moment, mais qu’on aura tôt fait d’oublier.

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Tyler Rake 2


Tyler Rake 2
2023
Sam Hargrave

Malgré une qualité assez limitée, le succès fut largement au rendez-vous pour Netflix tant Tyler Rake premier du nom s’est aisément trouvé une place dans le top 10 de leurs films les plus vues de l’histoire de la plateforme. Du bon gros blockbuster bien bourrin, mais assez désuet dans les faits, reprenant les clichés habituels des actionners des années 80. Le potentiel était lattant, et clairement cette suite avait une bonne marge pour réellement proposer du divertissement pleinement abouti.

Comme le laissait supposer la scène post-générique du premier (avec Idris Elba, le liant de la franchise), Tyler Rake (Chris Hemsworth) a certes morflé, mais il s’en est sorti. Malgré de lourdes blessures et une rééducation difficile, quand son ex-femme (Olga Kurylenko) va l’appeler à l’aide pour secourir sa soeur et ses enfants, Tyler n’hésitera pas à reformer son équipe avec Nik (Golshifteh Farahani) pour une nouvelle mission d’extraction. Cette fois, la cible est retenue captive dans une prison, et est la cible du plus dangereux groupe mafieux de Géorgie.

Sans aller jusqu’à dire que j’y allais à reculons, clairement mes attentes étaient basses. Mais très vite, le film va montrer qu’il en a dans le ventre : la scène dans la cours de la prison fait déjà figure de claque historique. C’est presque toute l’évasion de la prison qui sera montée en plan-séquence, d’une violence inouïe et d’un rythme enragé. On retient son souffle, et c’est vraiment dantesque, tout en restant à hauteur d’homme (dans le sens plausible également). La suite n’aura de cesse que de proposer une grande variété de décors, de situations et d’armements. Une vielle usine, un train sous la neige, des immeubles à Dubaï : le film se renouvelle sans cesse, alternant course poursuite, fusillade, roquettes, hélicoptère, grenades, combat à l’arme blanche, etc. L’histoire est passablement convenue, cousue de fils blancs, mais rien de rédhibitoire, on est directement embarqué par la virtuosité de l’action. Et le film ne tombe pas non plus dans l’écuelle de la surenchère débile, même si le dernier acte ajoute un cran dans l’exubérance des armes employées, on retournera toujours à l’échelle humaine, du face à face haletant. Si aux premiers abords l’écriture peut sembler paresseuse, le film est incroyablement bien fichu sur sa mise en scène, ses décors, ses effets spéciaux. Que ce soit sur le rythme, l’action, la réalisation, et alors que le budget reste très modeste (65 M$), le niveau est juste stratosphérique. Sans un scénario plus abouti, on ne criera pas au chef d’œuvre, mais la maîtrise d’exécution force le respect. Un défouloir d’adrénaline incroyablement efficace, très largement au dessus de son prédécesseur.

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One Piece


One Piece
2023
Steven Maeda, Matt Owens

Dire que le manga est très apprécié serait un doux euphémisme. Très très largement numéro un mondial des ventes, tant annuel que cumulé, le manga prospère depuis 1997 pour le manga, et 1999 pour l’anime, et probablement qu’on en aura encore pour quelques années, donc le manga aura connu près de 30 ans de grande intensité. Si les versions kai (remontage raccourci) de l’anime est une bonne façon de continuer à découvrir le manga, génération après génération, pour qui ne souhaite pas forcément se plonger dans un anime qui compte plus de mille épisodes ou un manga papier s’étalant déjà sur plus d’une centaine de tomes, Netflix ambitionne de boucler les 106 premiers en seulement 12 saisons, donc vraisemblablement 15 au total si on arrive jusque là (et avec Netflix, ne soyons jamais sûr de rien). Un beau projet, mais auquel personne ne croyait à la base tant les live action de manga ont une réputation cataclysmique, amplement justifiée vu l’ampleur des merdes qui ont ravagé le paysage culturel. Plus encore, lors de la campagne promo, on entendait parler de partout des projections tests abyssales, et l’annonce du casting fut conspuée comme rarement. Et finalement, dès la sortie la série fut un immense carton, quasi unanimement acclamée. Un miracle ?

L’histoire de la première saison reprend les débuts du désormais légendaire chapeau de paille, Monkey D. Luffy (Iñaki Godoy), un jeune et fougueux garçon rêvant depuis toujours de devenir pirate, et qui va donc se lancer dans l’aventure. Il fera la rencontre de Roronoa Zoro (Mackenyu), un chasseur de prime solitaire aspirant à devenir le meilleur sabreur qui soit, Nami (Emily Rudd), un voleuse se battant pour la liberté, Usopp (Jacob Romero), un menteur infatigable qui aura enfin l’occasion de vivre de réelles aventures, ou encore Sanji (Taz Skylar), un grand cuisinier souhaitant perfectionner son art en découvrant all blue, lieu mystique abritant tous les aliments possibles sur Terre.

Adapter le manga n’est pas évident dans la mesure où ce dernier met du temps à décoller. S’il y a bien quelques bons passages vers le début, comme Crocodile, la cité des airs, l’assaut avec le réveil de Chopper, ou surtout l’affrontement avec Kuma, il faudra attendre l’archipel Sabaody pour que le manga devienne vraiment exceptionnel, ce qui devra logiquement attendre la saison 5 ou 6 du live action Netflix. Alors oui, en saison 1 il y a tout de même le recrutement des principaux membres, Baggy le clown et surtout Arlong, mais à l’échelle du manga, ce sont les passages les moins intéressants qui soient. C’est bien simple, il aura fallut attendre l’arc des hommes poissons pour trouver le premier arc moins bon que le précédent, c’est dire la montée en puissance !

Premier bon point pour la série : la narration. Pour rendre ce début un peu plus croustillant et dynamique, la narration est moins linéaire, reprenant plus encore que le manga le système de flash-back, même si on regrettera que la mise en scène ne prenne pas en compte le changement d’ambiance du manga qui passait en noir lors des scènes passées. Plus d’aller-retour pour un rythme moins statique. Second point qui a aussi été largement salué au final malgré les réticences premières, le casting. La plupart sont des masterclass : Iñaki Godoy est parfait en Luffy, ses membres d’équipage sont réussis, malgré les polémiques sur l’être humain non genré campant le personnage masculin de Koby, son personnage est l’un des plus fidèlement retranscrit avec son acolyte Hermep, Baggy et Zeff sont très bons, mais c’est surtout au niveau de Mihawk, Garp et Shanks que la masterclass est totale, se hissant à des niveaux de charisme prodigieux. Après je reste moyennement convaincu par Sanji, dont l’acteur a une bien trop grosse mâchoire. Mais plus globalement, tout l’équipage du chapeau de paille est largement trop vieux d’emblée. L’actrice de Nami a déjà 13 ans de trop (30 au lieu de 17), mais même en prenant en compte l’ellipse de deux ans qui surviendra sûrement vers les saisons 6 ou 7, lors de la saison 12 l’actrice sera censée avoir 20 ans ! En admettons que par miracle à partir de la saison 3 un saison sorte chaque année (c’est pratiquement déjà mort pour 2024 pour la saison 2 avec la grève), ce qui est peu probable de nos jours tant les délais de productions n’ont de cesse que de se rallonger, ça fera que dans le meilleur des cas, l’actrice aura 42 ans pour camper une fille de 20 ans, et probablement plus proche de 50. Et tout le reste de l’équipage aura très largement plus de 40, ce qui va très vite être très problématique. Si au moins ils avaient prit des acteurs ayant dans les 14-18 ans comme dans le manga, camper des jeunes de 19-20 ans à la trentaine serait bien moins un souci pour la suite. Mais comme toujours avec Netflix, ils n’y pensent jamais, partant même du principe que qu’importe les sommes investies, si ça ne marche pas assez ils n’auront aucun scrupule à tout arrêter en cours de route, que ce soit dès la première saison ou en saison 5 ou même 10.

Restons d’ailleurs sur la production : il avait été annoncé un investissement massif à hauteur d’un demi milliard, mais la réalité est à nuancer. Non, la première saison n’a pas coûté 500 millions, mais 160M$, le reste étant surtout l’achat de la licence. Rapporté aux épisodes, ça fait 20M$ par épisode, dont la durée avoisine les 55 minutes. Par rapport à des blockbuster de 2h coûtant 200M$, on est sur du très petit budget, du budget certes très correct pour une série, mais loin de pouvoir rivaliser avec les moyens d’un Pirates des Caraïbes pour rester dans le domaine de la piraterie. Et ça se sent : beaucoup de fonds verts, des décors en carton pâte, très peu de FX et le maximum en effets pratiques. Visuellement la série n’est donc pas à la hauteur, et ça se ressent surtout au niveau des hommes-poissons, loin de la carrure qu’ils sont censés avoir dans le manga. Arlong est certes massif pour un humain, mais il est loin d’inspirer autant la peur quand on a un acteur d’à peine plus de 1m80 et 80kg quand le bestiau devrait faire 2m50 et 250kg. Alors oui, quand on veut se reposer sur du maquillage, trouver un acteur de cette envergure n’est pas possible, mais le résultat déçoit forcément.

Autre souci : la réalisation. Si déjà le peu de moyens pour les FX ou les décors n’aide pas, la réalisation est d’une platitude absolue, copiant parfois les pages du manga pour de meilleures compositions, mais c’est globalement sans aucune envergure ou sentiment d’épique. Un même souci qu’on retrouve avec les combats, à échelle humaine. Certes, ce n’est que le début, il faudra attendre une décennie avant de peut-être voir le Gear 4 et du Khi royal avec Doflamingo, mais quand bien même, les combats sont trop mis en scène de façon classique et réaliste, alors même que cet univers va n’avoir de cesse que de repousser les limites de pouvoirs hors du commun faisant fi de toutes lois de gravité ou physique. Rien d’impressionnant pour ces débuts, et c’est même inquiétant pour la suite. Une série live action pourra t-elle faire face à des combats si épiques de titans aux fruits du démon ? Rien n’est moins sûr. Si pour l’instant cette première saison est très sympathique, introduisant avec succès nos personnages adorés avec un sens du dynamisme poussé, réorchestrant certaines des musiques cultes de l’anime pour le plus grand plaisir des fans, que ce soit l’âge des acteurs qui risque de poser problème à moyen terme, mais surtout le manque d’ambition visuelle et des moyens trop modestes, on aura du mal à se projeter sereinement vers l’avenir.

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Le Talentueux M. Ripley


Le Talentueux M. Ripley
2000
Anthony Minghella

Adaptation de la saga littéraire de Patricia Highsmith, le film fut un joli succès, carrément énorme même sur le sol américain avec – il est rare – près des deux tiers de ses recettes mondiales, mais c’est surtout au niveau de la critique que le film connu son plus grand couronnement, avec une pléthore de nominations dans les plus prestigieuses catégories et cérémonies, empochant d’ailleurs un Bafta du meilleur second rôle pour le fils à papa. Et effectivement, sur le papier le casting fait rêver et le concept de mensonges et arnaque était gageur.

Qui est Tom Ripley (Matt Damon) ? Absolument personne, juste un pianiste peinant à survivre en jonglant entre des petits boulots, mais un jour qu’il devait jouer à une fête guindée, il va faire croire à un riche dirigeant de compagnie maritime qu’il était dans la même école que son fils, et qu’ils étaient justement bons amis. Heureuse coïncidence, car justement, le rejeton, Dickie (Jude Law), n’est qu’un parasite dilapidant la fortune de son père, et ce dernier souhaiterait que son ami aille le résonner pour qu’il revienne au bercail reprendre la compagnie familiale. Tom va donc être payé pour aller le résonner, mais en voyant son port d’attache dans le Sud de l’Italie, d’à quel point il y fait bon vivre, que Dickie est une personne fascinante et rayonnante, c’est plutôt lui qui va le convaincre de rester.

Dans les bons points, outre la tournure que va prendre l’histoire – mais seulement au bout d’une pleine heure de film – il y a bien sûr le casting incroyable (Gwyneth Paltrow, Cate Blanchett ou encore Philip Seymour Hoffman), les superbes décors italiens, et plus globalement cette opulence, légèreté du nanti vivant de ses rentes. Passé cela, il n’y a pratiquement rien, un vide ahurissant. Toute la première heure de film n’est que contemplation, instants de vie et paresse. Si comme moi vous ne supportez pas le genre de film à la Before Sunrise, cet aspect sera déjà rédhibitoire tant l’ennui est profond pour qui souhaite voir les choses avancer, au moins un semblant d’intrigue. Alors que le film fait tout de même 2h19, il faudra attendre la seconde moitié pour que le fameux Ripley fasse quoi que ce soit de non complètement futile ou anodin. De la simple bromance avec forte propension échangiste voir bifurcation homosexuelle. Puis enfin quelque chose se passe, mais c’est du pétard mouillé en puissance. A aucun moment le « talentueux » Ripley fera preuve d’un quelconque talent, hormis se foutre lui-même dans la merde à force de maladresse, amateurisme et bêtise. La morale du film est à ce niveau là complètement foireuse tant la chance est insolente et le mal récompensé. Puis vient la fin, si flinguée que c’est à peine croyable. Un petit mensonge de plus et c’est gagné, ou même une vérité assumée, mais non, et on assiste à un auto-sabordage sans commune mesure. Déjà que jusqu’alors le film était chiant, mais en plus il s’achève sur une note tellement crétine que c’en gâche le peu de satisfaction que pouvait procurer l’impunité. Navrant.

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Sex Education


Sex Education
2019-2023
Laurie Nunn

Après seulement quatre saisons, la série phénomène de Netflix tire sa révérence avec ses personnages hauts en couleurs qui ont marqué le paysage sériel de ces dernières années. Et à l’image de séries Netflix comme Elite ou 13 Reasons Why qui ont elles aussi fait des débuts tonitruants, avant de s’effondrer salement, le géant du streaming va à nouveau prouver que s’ils ont un sacré talent pour créer l’événement avec des séries de grande qualité, les faire perdurer est un tout autre défi…

Libéré des créneaux de diffusion de la télé, Netflix n’a jamais eu besoin de fournir autant de contenu qu’une chaîne de télévision qui doit assurer du contenu au moins en partie original tout au long de la journée, 365 jours par an. Les autres plateformes de streaming ont également emboîté le pas par la suite, mais donc le géant N rouge a redéfini une nouvelle norme pour les séries : des saisons bien plus courtes, bien plus rythmées en condensées. Exit les saisons de 24 épisodes, désormais la norme est aux alentours de 8 épisodes, ce qui permet d’éviter la formule redondante des feelers, c’est-à-dire des schémas se répétant en boucle. On se souviendra tous des enquêtes isolées des X-Files où peu faisaient réellement avancer l’histoire de fond, bien que pas vraiment problématique dans la mesure où les enjeux concernaient alors les protagonistes de l’épisode en question, ou encore et surtout la première saison de Smallville où chaque épisode avait strictement le même schéma : une personne possédée par une pierre ou problème du genre, Clark qui doit apprendre à se servir de ses pouvoirs, et tout revient à la normale à la fin de l’épisode. En vérité, Netflix a surtout repris le format des chaînes privées, qui depuis longtemps ont opté pour des saisons moins longues, plus resserrées, à la fois pour se distinguer des chaînes de télé classique, et aussi parce qu’ils n’avaient pas les mêmes moyens, et que faire 8 épisodes est bien moins coûteux que 24.

Chacune des quatre saisons de Sex Education sera donc composé de huit épisodes, bien que la quatrième soit un peu plus longue sur la durée moyenne (environs 55 minutes). L’aventure débuta il y a tout juste cinq ans, une exception de nos jours tant les rendez-vous annuels pour chaque saison tend à disparaître, avec seulement une année sans saison du fait du covid.

On y suivra donc Otis Milburn (Asa Butterfield), jeune élève au lycée Moordale, qui par le hasard des choses va se retrouver à prodiguer des conseils sexuels (lui qui n’a même pas encore commencé sa puberté) avec la gothique du bahut, Maeve Wiley (Emma Mackey). Ses connaissances en la matière lui viennent surtout de sa mère, Jean (Gillian Anderson), elle-même thérapeute sexuelle, mais de métier. Dans un lycée des plus précoces, ce besoin de conseils se fait sentir tant à cet âge là les hormones sont au taquet. On suivra de nombreux personnages dès la première saison : Eric Effiong (Ncuti Gatwa), meilleur ami d’Otis, homosexuel affirmé et souhaitant afficher pleinement sa personnalité pétillante malgré de possibles rejets sociaux ou religieux ; Adam Groff (Connor Swindells), la grosse brute attardée souffrant du syndrome Perceval (son père (Alistair Petrie) – accessoirement principal du lycée – le traite de minable, donc il agit comme tel) ; son ex et meilleure amie de Maeve, Aimee (Aimee Lou Wood), la cruche de service qui va subir une agression traumatisante ; Jackson Marchetti (Kedar Williams-Stirling), la star du lycée, champion de natation et qui aura une romance à sens unique avec Maeve, qui le verra seulement comme un plan cul ; Lily (Tanya Reynolds), la fille bizarre fantasmant sur les aliens, tentacules et phallus ; Ola (Patricia Allison), la fille de Jakob (Mikael Persbrandt), le plombier sur lequel Jean, la mère d’Otis va craquer ; le trio d’intouchables, les stars les plus populaires du lycée, Ruby (Mimi Keene), Olivia (Simone Ashley) et Anwar (Chaneil Kular) ; ou encore les deux professeurs qu’on verra régulièrement tout du long de la série et qui apporteront souvent leur aide et conseils aux différents protagonistes, Mme Sands (Rakhee Thakrar) et Mr Hendricks (Jim Howick). Outre la mère d’Adam, Maureen (Samantha Spiro) qui prendra de l’importance au fur et à mesure, on notera aussi diverses arrivées importantes au cours de la seconde saison, puisque je vais aborder les deux premières saisons ensemble : Isaac (George Robinson), un handicapé emménageant dans le camp de caravanes de Maeve et qui tombera sous son charme ; Vivienne (Chinenye Ezeudu), qui aidera un Jackson en perdition après sa rupture avec Maeve, ne sachant ce qu’il veut faire, excepté ne plus faire de natation ; Rahim (Sami Outalbali), le bel étranger ; ou encore Remi (James Purefoy), le père de Otis, qui passera notamment faire coucou et un peu de camping en seconde saison.

Sans être une révolution dans le genre teen movie, version sérielle, on a là une belle palette de personnages presque tous dans l’ensemble attachants et sympathiques. Si bien sûr le décalage avec le ressenti personnel où la vie sexuelle était à l’époque du lycée une loterie reposant sur le hasard et la chance, et en aucun cas une norme, à moins que les choses aient radicalement changé en quelques années, mais dans tous les cas il est indéniable que les hormones occupent une place prédominante durant cette période de la vie. La série sonne très juste dans ses personnages, leurs relations et l’approche en général, car si l’on parle de presque tout avec ses amis, se confier sur des choses intimes aux adultes ou à ses parents, c’est une chose impensable pour beaucoup, donc l’idée d’apporter des conseils avisés grâce à quelqu’un ayant l’âge de ses camarades rend les choses plus abordables, d’autant que ce dernier a grandi dans une maison qui est un cabinet spécialisé, avec une mère experte dans le domaine.

Mélangeant acteurs expérimentés, notamment sur les seconds rôles et Otis, qui a déjà tourné avec les plus grands réalisateurs au cinéma, le casting dans son ensemble est vraiment excellent, et nombreux sont ceux qui ont vu leur carrière décoller grâce à la série. Dans les rôles les plus marquants, on pensera bien sûr à Maeve, hypnotisante, Eric, dont la qualification de pétillant est très vraie dans les deux premières saisons, mais celui qu’on retiendra le plus sera Adam, dont le traitement et l’évolution de personnage est de très loin la plus touchante et développée de toute la série, et ce dès les premières saisons. Hormis l’attraction refoulée entre Otis et Maeve qui peut ennuyer par moments, les deux premières saisons ne commettent pas de vraie fausse note, on prend un plaisir certain à suivre tout ce petit monde devenir « adulte » et faire face aux affres de l’amour. L’âge sera probablement le plus grand défaut de la série à ses débuts : prendre des acteurs ayant presque tous plus de 20 ans dès la première saison, cela donne comme trop souvent ce côté « ados attardés » trop vieux pour leurs rôles, mais c’est malheureusement la norme.

Saison 1 et 2 :

Début de la fin pour de la série avec la saison 3, la saison de la discorde. Alors que la seconde saison s’achevait de façon à la fois très satisfaisante avec Adam revenant en force, prêt à s’assumer, Otis a fait n’importe quoi et a encore saboté ses chances avec Maeve, d’où la lassitude par rapport à leur histoire. Tout va se retrouver chamboulé avec cette avant-dernière saison : suite au spectacle de fin d’année, le pauvre Mr Groff, déjà en instance de divorce, va se retrouver viré de son poste de principal, remplacé par une certaine Hope (Jemima Kirke), censée apporter un vent de jeunesse, mais surtout une main plus ferme pour éviter que la jeunesse ne se dévergonde. Les fameux rendez-vous clandestins de l’ado sexologue vont également prendre fin.

Beaucoup de bons points, mais d’autres très mauvais pour cette saison. Si Hope est une bonne antagoniste, gueule d’ange, coups dans le dos, son projet rétrograde est un non sens de nos jours, et il était évident que tout ceci ne pouvait marcher. Mais quelle erreur que d’avoir inventé le personnage de Cal pour en faire son némésis ! Si un personnage se revendiquant non binaire dès le lycée est déjà invraisemblable, ce que son personnage apporte est juste néfaste et contre productif. Son amour avec Jackson aurait pu fonctionner, mais un monde LGBTQW+ et compagnie, il faut inventer tous les jours de nouvelles appellations pour désigner comment une personne se sent. On parle de discrimination, de barrière, mais n’est-ce pas se revendiquer différent qui créé ces barrières ? En plus, sa relation avec Jackson est totalement toxique, faisant l’apologie de la drogue, saccageant un personnage perdant tout son essence. De sportif souhaitant être plus que des muscles, il deviendra juste un ado perturbé tombant dans la drogue, mais sans en subir de revers. Quel message catastrophique pour la jeunesse ! De même, dans cette saison Eric va lui aussi voir son personnage saccagé, dont l’amour avec Adam sera rapidement mis en danger, puis dégagé au profit d’une liberté là encore d’une toxicité folle, se positionnant dans le rejet de la fidélité. Mon dieu l’image pour les jeunes encore une fois !

Dans les teintes un peu plus grises, le voyage en France, au final assez décevant et n’apportant pas grand chose, aura au moins le mérite de faire changer de cadre et de faire enfin avancer la romance entre Maeve et Otis, mais c’est là encore un constat amer. Car oui, le plus gros point fort de cette saison, c’est l’autre romance d’Otis, celle avec Ruby. Bien plus travaillée, cette dernière va se voir doter d’un vrai background, d’un drame du quotidien, montrant quelque chose que j’ai toujours adoré : derrière les princesses se racontant une vie se cachent souvent des fêlures profondes et une vie bien moins radieuse que celle affichée. C’était beau, mais trop court. Dans les points bien meilleurs, Adam crève l’écran comme jamais, cherchant un sens à la vie, alors que son père fait lui aussi le même travail, ne souhaitant pas tourner la page d’un mariage dont il n’a pas su pleinement profiter. Le parallèle avec son frère incarné par le génial Jason Isaacs est là un très beau message, puisque qu’importe la richesse matérielle, celle du cœur l’emporte. Une saison très inégale, avec des bons moments, voir très bons, mais quelques fausses notes et des personnages dont la tournure passe mal, ce qui en faitt une saison moins réussie.

Saison 3 :

Horreur et damnation ! Il aura suffit d’une dizaine de minutes pour foutre en l’air l’intégralité de la série, au point que comme pour la sixième saison d’Elite, la question de continuer à regarder se posait. Heureusement, la suite rattrape légèrement le constat initial, mais d’emblée tout espoir de voir une fin satisfaisante s’envolait. J’avais tout d’abord espéré qu’enfin l’action se déplace en université, mais non, retour encore au lycée pour un casting ayant entre 25 et 30 ans, et c’est déjà un énorme problème. Les acteurs étaient trop vieux dès le début de la première saison, donc que moins de trois ans sur la série ne s’écoulent alors que dans la vraie vie les acteurs ont tous prit cinq ans dans la tronche, ça pique. Le pire est clairement Otis, dont l’interprète semble avoir des problèmes d’alcool tant il a enflé et morflé… Mais tout ça n’est absolument rien face au problème colossal qu’est l’introduction de cette saison. La dernière s’achevait sur la fermeture du lycée Moordale, donc que faire ? Une partie de la bande va se retrouver au lycée Cavendish, une abomination qui pue le cahier des charges nauséabond. Et il va maintenant falloir parler d’un vilain mot souvent utilisé pour un rien, mais qui prend tout son sens ici : le wokisme.

Alors tout d’abord petit disclaimer : je ne suis pas homophobe ou quoi que ce soit s’y rapprochant. J’ai adoré la romance Adam / Eric, et j’étais d’ailleurs déçu du développement Cal / Jackson que j’aurais aimé voir aboutir. Mais trop c’est trop. Le nouveau lycée est rose fluo, dégoulinant de couleurs de partout, tout le monde est bisounours et les stars du bahut sont un couple trans qui ont tous les deux fait des opérations pour un changement de sexe, et l’autre est une mama black pansexuelle et sourde. Et si ça ne suffisait pas, les communautés LGBTQWIXYZ+-* machin bidule sont MAJORITAIRES ! On se retrouve dans un lycée où des jeunes, qui normalement ne se découvrent ce genre d’orientation que bien plus tard, affichent toutes les couleurs de l’arc-en-ciel dans un défilé permanent de la gay pride. Un tel niveau « d’ouverture » est juste absurde et nuis même à la cause tant c’est risible et dangereux. La série était bien plus réaliste et utile quand elle rappelait que non, le monde dans sa globalité n’est pas forcément prêt ou en adéquation avec l’exubérance, comme le rappelait la sortie draqueen d’Eric qui se solda par un groupe d’hommes le molestant.

Passons donc sur les nouveaux personnages, d’autant qu’ils ne sont pratiquement pas développés et cantonnés à cocher une case dans la liste des représentations à mettre en avant. Le seul vrai enjeu autour des nouveaux personnages vient de O (comme le O de Otis, incroyable travail d’écriture…), elle aussi sexologue alors que Otis se croyait le premier ado au monde à avoir eu l’idée, et il va alors tout faire pour la dégager. Une histoire d’égo des plus mal placée, et on sent comment ça va se finir. L’occasion pour les auteurs de jouer avec les fans qui avaient trouvé la romance Otis / Ruby bien meilleure que celle avec Maeve, qui ira dans le mur tout du long de cette éprouvante dernière saison, puisque ces derniers vont à nouveau se rapprocher dans le cadre d’une élection pour déterminer l’unique sexologue du lycée. Et quand une série traîne son personnage principal comme un boulet, c’est que ça va très très mal. Même son entourage en pâti énormément tant tout ce qui l’entoure est aussi insipide et raté. Commençons avec sa mère, qui nous laissait sur un sacré plod twist en fin de saison 3 : Jakob n’était pas le père ! Mon dieu, alors que lui et sa fille vive sous son toit et que leur amour fonctionnait enfin, comment va-t-il réagir ? Va t-elle le cacher ? Non, ce pan entier et primordial sera tout simplement passé sous silence. Elle lui aurait dit, il serait parti, fin de l’histoire. Lamentable. Quoi de neuf la concernant ? Que du minable encore une fois : une sœur sortie de nulle part où ça va se chamailler, et une histoire d’émission de radio (où iel directeur.rice n’est pas identifié binairement…) où elle partagera l’antenne avec O, l’ennemie de son fils.

Autre personnage au développement exécrable, Eric. D’amour en or saccagée, il deviendra l’apôtre du jésus noir, tiraillé entre l’envie de s’afficher comme grosse tantouse, et l’envie de faire plaisir à sa famille en se faisant baptisé. Le souci c’est qu’encore une fois, il se fait l’égérie de l’infidélité, et pire, la série fait à nouveau l’apologie de la drogue, l’une des plus léthales et traitre : le LSD. Lunaire quant on sait que quelques épisodes plus tard, l’on assistera à l’enterrement de la mère de Maeve, décédée d’une overdose. Comment peut-on écrire aussi mal ? Et là aussi, cette mort est ratée puisque la mère n’a pas été présente physiquement durant les premiers épisodes. La voir essayer de garder le contact avec sa petite dernière tout en sombrant, voilà qui aurait donner de l’empathie, de l’impact à sa mort. Au delà de ça, c’est une mort de l’ombre, sans aucune émotion.

Niveau ratage, comment ne pas parler de Jackson ? Déjà en chute libre en termes d’intérêt dans les précédentes saisons, il touche ici le fond. Sa recherche du père biologique n’ira nulle part, pas la moindre confrontation ou révélation, et son stresse sur une possible tumeur ne servira pas plus à quelque chose. Que de temps perdu. Petite pensée à tous ceux qui n’auront pas eu la possibilité de revenir comme Rahim, Lily, Ola, Olivia, Anwar et le couple de professeurs, qui pour leur part feront un léger caméo tout de même.

Place tout de même aux quelques rares points qui fonctionnent. La romance Aimee / Isaac n’est pas totalement ratée, mais leurs personnages n’auront pas d’histoires très passionnantes. On se concentrera donc sur les seuls qui n’ont jamais fait défaut : les Groff. Entre la rédemption du père, la reconquête touchante pour sauver le mariage, et le fils qui se cherche une place dans la société, la famille aura jouit d’une écriture très largement au dessus de la mêlée, et pour eux cette dernière saison sera très satisfaisante. Le passage à la radio est particulièrement beau, Michael est incroyablement touchant, et la reconversion d’Adam lui va si bien, lui permettant d’enfin trouver stabilité, réconfort, soutient et admiration. Au moins un pan de la série n’aura pas totalement été gâché par cette saison de trop, mais il fallait bien conclure.

Saison 4 :

Rarement une série n’aura connu une chute aussi lourde et brutale. Clap de fin, et tant mieux. Acteurs trop vieux, scénaristes qui n’ont pas osé faire le seul choix possible intellectuellement : les faire avancer, devenir adulte, faire des études. En résulte une redondance et des limites palpables dès la troisième saison, puis avec en plus un cahier des charges donnant tout son sens au mot « woke », le bilan en devient presque mauvais. Personnellement, cela gâche le plaisir des débuts, et à l’image de séries ravagées par une fin expédiée ou écrite à la truelle comme Dexter, y revenir sera impossible. Malgré toutes les qualités premières, le mal est fait, l’on ne mit reprendra plus.

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