Le Problème « Cyberpunk 2077 »

On ne parlera pas ici des qualités intrinsèques du jeu qui sortira le 10 décembre après douze ans de développement, puisque de toutes façons un jeu sort en version béta de nos jours, et nécessite d’attendre presque un an pour avoir une version stable, exempt de bugs et corrigeant moult soucis techniques voir narratifs.

On se souviendra tous de la fin rushée de Mass Effect 3, des animations à la truelle d’Andromeda (qui pour le coup n’ont pas été corrigées pour cause de flop) et bien sûr des problèmes techniques innombrables sur l’ensemble des jeux Ubisoft. Les jeux coûtent de plus en plus cher, et visiblement il est plus rentable de vendre un jeu en cours de développement, puis voir si les ventes sont suffisantes pour le finir à grand renfort de mises-à-jour ou DLC.

Pour ceux qui vivent dans une grotte ou ne s’intéressent pas aux jeux-vidéos par snobisme et/ou atrophie cérébrale, Cyberpunk 2077 est l’œuvre artistique la plus ambitieuse de l’histoire de l’humanité. Faisant suite à un jeu de rôle papier qui plongeait dans un futur dystopique les plus passionnés et imaginatifs d’entre nous, le jeu nous plonge dans un futur pas si éloigné, presque familier tant d’autres œuvres telles Matrix, Mad Max, Blade Runner, Akira, Alita, Ghost in the Shell, District 9, Elysium, Chappie, FFVII, Mass Effect, L’homme bicentenaire, Intelligence Artificielle, Ex Machina, le cycle Robots d’Isaac Assimov, tous les médias nous plongent régulièrement dans un futur où les barrières tombent entre l’homme et la machine, entre le virtuel et le réel.

Les notions de transhumanisme et de vie par procuration y sont largement dépeint, prolongation logique et presque inévitable d’un monde éternellement insatisfait, dépressif, vivant dans l’instant présent, l’immédiat, la facilité. Le film Surrogate (Clone), ô combien décevant, était sur le principe criant de vérité : si l’on pouvait être éternellement jeune et en pleine santé, pourquoi se fatiguer à traîner sa vieille carcasse si l’on peut avoir un avatar dont les sensations nous sont transmises ? L’étape suivante est bien sûr l’absence d’avatar et d’une humanité pleinement plongée dans la matrice, et le débat semble être de plus en plus résigné à laisser des machines diriger nos vies, qui dans des cuves en stase seraient moins mornes et pas forcément moins réelles.

Le jeu Cyberpunk 2077 étant lui-même une source d’évasion récréative, nous plongeant dans ce futur qui semble inévitable et pas si lointain, sans le principe de risque de la réalité et proposant lui aussi de vivre par procuration façon Inception en superposant des couches de réalité, il en devient ce qu’il dénonce lui-même. La question n’est plus de faire la différence entre virtuel et réel, mais de choisir ce que l’on sait être virtuel car moins décevant que le réel. Qu’il est triste de se résigner à voir la réalité se dégrader.

Nous nous exprimons à travers l’art pour en tirer des leçons, pour en sortir grandi ou ébloui. Il fut un temps où crier au feu sauvait des vies. Aujourd’hui c’est un spectacle dans lequel se jettent les moutons, fascinés par la lumière.

Dans quelques jours sort Cyberpunk 2077. Certains choisiront la pilule bleu et chercheront à sortir de la matrice et empêcher les machines de nous y enfermer, y voyant là un chef d’œuvre d’anticipation sur nos dérives, mais plus le temps passe et plus les gens choisissent la pilule rouge pour ne jamais sortir de la simulation.

Consumérisme, capitalisme, course à la popularité, tout n’est que chiffres, concurrence, élitisme. La question ne sera bientôt plus de savoir si une machine peut avoir une âme, mais si l’humain en possède encore une.

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Enola Holmes


Enola Holmes
2020
Harry Bradbeer

Il me semblait que ce film avait toujours été destiné à Netflix, mais il me semble avoir entendu quelque part qu’il devait à la base sortir au cinéma, mais qu’à cause du Covid et des difficultés (impossibilités serait-on tenté de dire même vu le carnage Tenet aux Etats-Unis) de sortir un film au cinéma, Netflix aurait racheté le film. Cela en dit long déjà sur les ambitions du film, bien que le streaming puisse être parfois un eldorado à blockbuster comme l’exception Mulan l’a montré (300 M$ sur le seul sol américain, score que le film n’aurait jamais atteint en salle, alors même que cela aurait coûté cher en marketing).

On connaissait vaguement le frère de Sherlock Holmes (Henry Cavill), Mycroft (Sam Claflin), voici cette fois l’histoire d’Enola Holmes (Millie Bobby Brown), leur jeune sœur qui va elle aussi marcher dans les pas du célèbre détective. Elle vivait jusqu’à présent avec sa mère (Helena Bonham Carter), mais un beau jour elle va disparaître, laissant au dépourvu sa fille de 16 ans. Jeune femme libre et indépendante, elle va fuir à la recherche de sa mère face à la menace de son frère aîné Mycroft, voulant domestiquer la sauvageonne.

Malgré un casting alléchant, le film montre vite ses limites en terme d’ambition : on est face à sous Sherlock Holmes en mode Club des cinq, reprenant le principe de mystère à résoudre, mais avec une maladresse juvénile. Si le jeune public y trouvera son compte, pour les amateurs du dernier diptyque cinématographique ou simplement les amateurs de l’œuvre de Sir Artur Conan Doyle, la déception sera de mise. Les énigmes sont assez paraisseuses, les rebondissements n’en sont pas vraiment, et le génie du mentor – lui aussi très fainéant malgré le charisme ahurissant de son interprète – ne se ressent pas chez sa cadette. Mais le plus gros soucis de l’histoire, outre qu’on nous présente une femme libre et badass dont le rêve premier est un garçon, c’est le choix de narration. Autant dans un contexte décalé comme Deadpool, porté par un acteur aguerri, le fait de constamment briser le quatrième mur avec des regards voir des dialogues directement adressés aux spectateurs, cela peut fonctionner, mais ici l’histoire ne s’y prête guère, et l’actrice n’en a pas les épaules. L’histoire peine donc à convaincre avec une narration si bancale, et on voit mal le potentiel d’Enola quand son frère Sherlock captive tant toute l’attention à chacune des ses apparitions. L’écart de charisme est juste ahurissant. Sans être raté, le film n’est simplement pas à la hauteur des attentes, ou tout du moins les miennes, marchant dans l’ombre de précédentes adaptations autrement plus abouties.

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Brutus Vs César


Brutus Vs César
2020
Kheiron

Censée être l’une des « grosses » comédies de l’été, le film s’est fait assez discret, avant de finalement annoncer son rachat par Amazon pour une diffusion sur leur service de streaming. Le géant américain de la vente en ligne n’en est pas à son coup d’essai puisque en plus de blockbusters américains comme Bloodshot, leur service de streaming propose de temps en temps quelques exclusivités françaises. Si le contexte actuel reste mondialement catastrophique (sur le plan économique bien sur, l’incident étant sanitairement risible), en France le cinéma se porte relativement bien, enfin dans la mesure où très peu de films sont disponibles et que de fait leurs résultats sont corrects, voir inespérés (par exemple les Blagues de Toto qui va atteindre le million d’entrée alors qu’il aurait dû mourir noyé sous les blockbusters estivaux). Voir le film sortir sur une plateforme de streaming était donc peu rassurant, et face à une contre-omerta quasi sans précédent, assassinant le film comme on ne voit que très rarement, je voulais voir ça de mes propres yeux.

Ne se déroulant pas durant l’antiquité comme en attestent le casting et les rencontres anachroniques, le film ne raconte pas non plus l’histoire de Brutus et César, qui par définition ne peuvent ni être lesdits personnages ni liés par le sang, du moins pas père et fils, mais nous y reviendront plus tard. Nous suivons donc « Brutus » (Kheiron), fils illégitime (?) de Jules César (Ramzy Bedia), qui sera choisi par deux sénateurs (Gérard Darmon et Thierry Lhermitte) pour fomenter l’assassinat de son père, peu à peu devenu un tyran ingérable. Mais c’est une tanche, donc c’est mort et fin de l’histoire.

Au secours. Dès la première scène, on le sait : ça va être de la merde, mais on ne se rend pas encore compte d’à quel point. On y voit Brutus faire un spectacle de marionnette, et tout le ressort comique est qu’il doit expliquer que si il est là, c’est que l’empereur a fait crac crac avec une femme. Mon dieu que c’est drôle de parler de parler sexe avec un petit garçon… Non, c’est juste glauque et malsaisant ! S’en suit une surenchère de castings ratés, notamment les deux protagonistes principaux, hors sujet d’un point de vue ethnique (c’est malheureusement le soucis quand on prend des bases historiques, on doit respecter des vérités historiques), mais surtout invraisemblables au niveau de l’âge. Onze ans d’écart, c’est ce qui sépare deux frères, deux amants, mais nullement un père et son fils ! La preuve, Kheiron a plus d’écart avec sa partenaire d’amour à l’écran que avec son père. Encore, l’âge reste subjectif et on s’en fout un peu, de même moderniser le langage, admettons, mais mettre aux forceps un casting cosmopolite où la gaule n’a pratiquement aucun caucasien, où une femme noire est bras droit de l’empereur de Rome, où Spartacus est gros, tatoué, et surtout encore là 30 ans après sa propre mort, d’un point de vue historique absolument tous les choix du film sont une aberration absolue. Et en étant à ce point incohérent, le film nous sort constamment et nous oblige à avoir des réflexions racistes, machistes et grossophobes, prouvant qu’il échoue sur tous ces points et se montre donc néfaste à sa propre cause. Pour enterrer le clou, tous les autres points sont un enfer : les décors sont risibles (même une production télé aurait plus de gueule), l’humour se vautre constamment, aucun changement de ton (romantique, solennel ou épique) ne fonctionne et le film ne va même pas au bout de sa propre histoire, comme teasant une suite ridicule qui n’arrivera jamais. Il suffit de voir Pierre Richard imiter le coït pour se rendre compte du niveau de décrépitude général, explorant les bas fonds des pires navets de l’histoire. Au moins le calvaire ne dépassera pas les 80 minutes générique compris, mais le masochisme a ses limites.

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365 Dni


365 Dni
2020
Barbara Bialowas, Tomasz Mandes

Voilà l’un des films qui aura le plus fait parler de lui sur Netflix cette année, alors même qu’il s’agit à la base d’une petite production polonaise qui n’avait aucunement la possibilité de prétendre à dépasser les frontières, et encore moins faire un tel buzz. Un bad buzz à la rigueur, mais créer une telle hype, un tel phénomène de mode, c’est à ne rien y comprendre, et c’est encore une fois des plus inquiétant concernant la mentalité des gens, surtout des plus jeunes, et l’avenir qui se profile.

Vendu comme une sorte de 50 Nuances de Grey en encore plus torride (et ça ne serait pas difficile, mais c’est aussi incroyablement faux), le film raconte comment Massino, fils d’un chef mafieux, va flasher sur une fille se promenant sur la plage le jour de l’assassinat de son père. Quelques années plus tard, alors qu’il a prit la relève et dirige désormais l’ancien empire criminel de son géniteur, il va recroiser à nouveau la belle Laura, mais cette dernière étant déjà en couple, elle va refuser ses avances. Refusant ce refus, Massino va alors kidnapper Laura et la séquestrer pendant une année entière.

Mais qu’est-ce que c’est que cette merde ! Déjà scandalisé devant la pudibonderie faussement provocante et ô combien sexuellement basique voir ennuyeuse de 50 Nuances de Grey, ce film se vendait comme bien plus poussé et osé en la matière, mais il n’en est rien. En terme de pratiques sexuelles et nudité à l’écran, le film est même carrément avare, n’ayant qu’une poignée de scène pas vraiment graphiques, et ça reste très classique, juste quelques accessoires bondage en plus, mais là encore très loin du « modèle ». Cet argument n’en est pas un donc, et pour le reste on hésite entre navrant, honte absolue et acte criminel. Le scénario est une catastrophe d’écriture, nous pondant du syndrome de Stockholm risible où le beau-gosse ténébreux est la pire ordure du monde et n’a même pas un physique avantageux, et sa partenaire, censée être une beauté fatale, a un minois terriblement classique et un corps hideux sans la moindre courbe. L’histoire du mafieux riche est insupportable, faisant passer la cupidité des femmes comme la base et la brutalité des hommes comme l’idéal. Pour ma part, ce film est indécent non pas part pudibonderie, mais par moralité : les valeurs transmises sont nocives, criminelles, et je pense que le film est nuisible. Artistiquement minable entre son scénario lamentable et son casting faisant passer les soaps télévisuels pour de sérieux concurrents aux Oscars, le film devrait surtout être interdit pour la mal qu’il pourrait faire face à des personnes influençables forgeant leur identité et reproduisant les idéaux transmis par ce genre de média.

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Oh, Ramona!


Oh, Ramona!
2019
Cristina Jacob

Les comédies d’ados bien grasses sur des potes et du cul, c’était l’apanage des années 90 et début 2000, mais on peut dire que le genre est mort depuis déjà au moins deux lustres. Pourtant, de temps en temps des tentatives plus ou moins réussies voient le jour, la dernière marquante étant le phénomène Projet X, il est vrai assez original dans le genre surenchère. C’est généralement débile, très gras, mais ça diverti. Spécialistes pour déterrer des insuccès de pays étrangers pour en faire un carton en France (parce que les gens aiment de la merde ? Faut croire… ) Netflix a sorti on ne sait pourquoi ce long-métrage roumain, et ça a visiblement marché puisqu’on me la recommandé et obligé à voir…

L’histoire du film suit les mésaventures de Andrei, plus gros connard et pervers de l’univers, actuellement dans le corps d’un ado de 16 ans peu gâté par la nature et ravagé par ses pulsions sexuelles, toutes tournées vers Ramona, une camarade de classe ultra chaudasse et qui s’est déjà tapé la quasi entièreté du bahut, donc pourquoi pas lui. Par le miracle du scénario, il va réussir à se la taper et sortir avec, mais durant des vacances il va tomber sur Anemona, jeune réceptionniste qui malgré toute la maladresse du monde, le fait qu’elle soit majeure et déjà en couple avec un vrai homme, va se laisser séduire par le maigrichon stupide de 16 ans, qui trouve donc le moyen de tromper sa copine à la première occase. Et bah putain !

Outre le fait que le film soit clairement une sous-production avec un budget risible et des acteurs visiblement pas tous professionnels, loin s’en faut ; qu’il saccage ses propres effets et gags avec des incrustations cartoonesques incroyablement cheap ; que le scénario n’ait aucun sens et parte dans des délires tous plus abrutissants les uns que les autres ; le vrai problème du film est son personnage principal. Je n’ai pas souvenir d’un héros plus antipathique. Blanc-bec sans couille dénué de charisme ou de charme, le bougre arrive pourtant à serrer qui il veut pour ainsi dire, ce qui n’a aucun sens tant physiquement il est dégueulasse et mentalement c’est un débile profond, et le pire c’est que c’est le dernier des connards, traitant les femmes comme des objets, portant l’étendard de l’amour mais incapable de rester fidèle cinq minutes tant son cœur balance constamment et que sa putain de bite atrophiée dirige sa vie. Dès qu’il ouvre sa gueule on a envie de lui foutre une tarte, et à la moindre de ses actions de gros lâche ou d’infini enculé, l’envie de le voir ramper dans le caniveau, les vêtements en lambeaux et la tronche défoncée, se fait urgente. Le film n’est jamais drôle, attachant ou même excitant comme certains du genre peuvent l’être, le film étant totalement censuré, donc l’intérêt n’y est pas. C’est néanmoins édifiant de voir à quel point le sexe occupe une place prépondérante dans la vie des ados, d’à quel points les sentiments n’existent plus et que la fidélité n’est qu’une vaste chimère, puisqu’apparemment ces derniers s’y retrouvent.

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Sonic le film


Sonic le film
2020
Jeff Fowler

Dans cette pauvre année amputée de nombreux blockbusters, certains décalés à 2021, d’autres purement sacrifiés et tristement distribués en streaming, Sonic fut le dernier à jouir d’une sortie à peu près normale avant la catastrophe planétaire économique du Covid19. Bien sûr, le film pouvait prétendre à bien plus que les 306 M$ glanés, car le film était encore largement distribué au moment des fermetures, et on aurait pu tabler entre 350 et 400 millions de dollars dans le monde en fin de carrière, mais il reste encore troisième plus gros succès de l’année et une suite est déjà programmée.

Adaptation de la saga vidéoludique éponyme culte, le film partait assez mal. Il est l’égérie d’une gamme de consoles éteinte, et les ventes de jeux ne sont plus ce qu’elles étaient il y a 20 ans. De plus, la première version du design du héros fut tellement décriée que le film fut repoussé de plusieurs mois pour refaire sa modélisation. Logiquement un tel couac aurait dû en refroidir plus d’un, mais le service marketing a frappé très fort en faisant passer le changement de design pour un acte fort, une amande honorable à l’écoute des fans. Ou comment faire passer un rattrapage catastrophique pour un merveilleux cadeau.

Y a t-il vraiment un scénario dans les jeux Sonic ? N’ayant joué qu’aux premiers sur Megadrive, mise à part le style du personnage, sa capacité à courir vite et son antagoniste emblématique, pas vraiment, donc le film avait le champ libre. On y découvre donc notre Sonic comme une créature extraterrestre aux pouvoirs démesurés, attirant la convoitise d’un mystérieux groupe, obligeant sa mère à l’abandonner très jeune sur une bien étrange planète : la Terre. Après des années à se tapir dans l’ombre, il finira par attirer l’attention sur lui, amenant le terrible Docteur Robotnik (Jim Carrey) à le traquer. Il trouvera refuge auprès d’un policier du coin, Tom (James Marsden).

Ayant délaissé les jeux de la franchise depuis près de deux décennies, je n’avais aucune attache particulière au personnage, et que ce soit la VF ou l’idée d’en faire un body movie à destination du jeune public, je n’avais aucun grief contre le film. Sans parler de déception puisque je n’avais aucune attente, il est néanmoins difficile de se montrer convaincu. L’histoire est assez pauvre, on évoque d’autres planètes, d’autres espèces, mais rien n’est développé. On ne sait rien non plus des pouvoirs de Sonic, que ce soit leur nature, leur fonctionnement. Les ficèles scénaristiques sont aussi sacrément énormes, à grand coup de « comme par hasard » faisant avancer l’histoire sur des rails. Pour autant, ça n’empêche pas le film de rater complètement la gestion du personnage principal, Sonic, qui ne suscite à aucun moment les réactions attendues. Comment les gens peuvent-ils rester aussi calmes ? Pourquoi n’ont-ils pas plus de curiosité vis-à-vis de cet extraterrestre ? La scène du bar est à se taper la tête contre les murs, et nombre de passages censés être drôles sont justes malaisants. Le film est donc une abomination ? N’allons pas jusque là, les effets spéciaux sont correctes, certains passages sont amusants, la relation Tom / Sonic marche assez bien, et même s’il en fait des caisses, Jim Carrey est très bon dans son rôle. Les scènes d’actions sont efficaces, et même si on soupir plus d’une fois, le film se laisse voir. Un divertissement parfois bancal, parfois correct, mais souvent banal.

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Play


Play
2020
Anthony Marciano

Au milieu des grosses sorties de fin d’année et des challengers des Oscars sortant en début d’année, il est difficile de s’y faire une place, d’autant quand sur le papier le film a l’air sympa sans plus. Déjà, retracer la vie de quelqu’un, ça a déjà été fait un paquet de fois, et même en « vrai » avec Boyhood qui a réellement été tourné sur douze ans. De plus, pour le raconter via l’angle de la caméra, on tombe dans le gros cliché du found-footage : le gars un peu bizarre qui se met à tout vouloir filmé du jour où on lui offre une caméra. Un semi-bide en salle, un concept éculé et des mécaniques usées. Et pourtant, ça marche.

Parfois quand on fait le bilan de sa vie, on se dit qu’on a fait le mauvais choix. Difficile de dire à quel moment précis on a dévié du chemin qu’on voulait, mais à l’heure de faire le bilan, Max (Max Boublil) ne sera pas très satisfait. Lui qui a passé des décennies à enregistrer tout et n’importe quoi, il va se repasser le film de sa vie pour essayer d’en tirer des leçons.

Plus on remonte, et plus on se dit « mon dieu la chance qu’ils ont eu ». Par rapport aux nouvelles générations, j’ai connu l’arrivée d’internet, les percées de l’informatique, les débuts du jeux-vidéos. Si on remonte aux années 80, il n’y a pas beaucoup de changements, si ce n’est qu’ils en ont encore plus ressenti l’impact de part l’arrivée proportionnellement plus brutale. Si on remonte, ceux nés dans les 70 se sont un peu fait entubés. Trop jeunes pour vivre la période hippie, trop vieux pour s’émerveiller plus tard devant les mangas et les nouvelles technologies. En revanche, de fin 40 à 60, c’était un peu la période bénie : pas de séquelles de la guerre, on découvre l’âge d’or du cinéma, c’est l’effervescence économique, pas besoin de diplômes ou de se prendre la tête avec le boulot, il suffisait de se bouger et tout se faisait au mérite, et avec du bol on fini sa carrière début des années 2000 avant que le marché du travail ne devienne un cancer absolu. Donc quand le film nous rappelle toutes les bonnes choses qui sont arrivées depuis les années 80, on ne peut qu’acquiescer.

Une formule feel-good en-plein de nostalgie, nous partageant les bons moments d’une bande de potes, évoluant au fil des ans, mais dont un quatuor d’amitié (incluant pour les adultes Alice Isaaz et Malik Zidi) solide se dessine peu à peu. C’est plein de douceur, de moments suspendus, de drames et de barres de rires entre potes. Il y a aussi la famille, étrangement gérée (si on suit beaucoup Noémie Lvovsky, mère de Max, pour son père incarné par Alain Chabat on ne comprend pas vraiment son histoire – absent ou mort ? Jusqu’au message inattendu et sans suite, on pensait savoir, mais le doute resurgit), mais donc le film se concentre surtout sur l’amitié. Le film gère remarquablement bien le passage du temps, notamment grâce à un casting particulièrement bien choisi : une fois compris qui resteront les personnages principaux, soit le second âge (16-20 ans), on reconnait incroyablement bien les personnages. Bon après l’actrice est la même de 16 à 35, et je crois que Max Boublil double sa version jeune, mais donc ça fait trois changements physiques réussis. Excellent travail de maquillage, d’accessoiristes et de décors donc, puisque non seulement l’immersion marche bien, mais par rapport aux personnages principaux, une actrice de 28 ans est crédible à 16 ou 35 ans, de même qu’un acteur de 45 ans est crédible même à 25 ! Enfin ce qui marche surtout dans le film, c’est l’ambiance. On y croit à cette amitié, à la simplicité des moments, les acteurs sont bons, l’histoire de leurs vies nous touche (pas mal de par l’écho de la notre d’ailleurs, de par la proximité culturelle de l’âge), et niveau humour le film est très efficace. Il ne faut pas s’attendre à une révolution ou à la comédie de l’année, mais voilà un film plus intelligent qu’il n’y paraît, nous proposant une introspection sous forme de balade aux diverses émotions du panel que nous offre la vie.

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#Jesuislà


#JeSuisLà
2020
Eric Lartigau

Pourquoi sommes-nous tous tombés amoureux d’Alain Chabat ? Si on y regarde de plus près, sa filmographie n’est pas si flamboyante, ayant à peu près autant de bons que de mauvais films à son actif. Et pourtant, c’est un fait : le simple fait de le voir nous fait du bien. Il inspire la confiance, la sympathie, et qu’importe le projet, on a envie de le suivre. Dans une époque où on perd ses repères, où le futur n’est guère engageant, notre bon copain d’enfance des Nuls est un peu notre étoile du Nord. Alors forcément, quand on nous vend en prime une romance sur un air de feel-good movie, notre cœur était conquis d’emblée.

Ah les réseaux sociaux et autres applis de rencontre… Rien n’est plus fictif que la vie virtuelle, et le pauvre Stéphane (Alain Chabat) va l’apprendre à ses dépends. Chef dans un restaurant qu’il possède, il s’est peu à peu vautré dans une routine sinistre, vivant seul dans sa maison isolée depuis déjà bien trop longtemps. Son unique rayon de soleil est Soo (Doona Bae), une sud-coréenne parlant admirablement français, partageant avec lui le goût des belles choses et avec qui il discute à l’occasion sur Instagram. Les mois vont passer, une complicité va s’installer, et au détour d’un élan de folie, Stéphane va se lancer et partir à sa rencontre en Corée. Seulement à son arrivée, contrairement à ce qu’elle avait promis, elle n’était pas là…

Qu’on se le dise direct, si vous espérez y voir une belle comédie romantique, passez votre chemin. Le film se veut réaliste et terre-à-terre, donc comme dans la vraie vie, tout n’est que déception. Comme dans la vraie vie, le romantisme est une notion exclusivement masculine, de même que les femmes sont fausses, lâches, manipulatrices et d’un égoïsme exacerbé. Pourquoi diable promettre de venir alors ? Toujours cette même lâcheté qui poussent les femmes à promettre monts et merveilles, tout cela pour avoir la paix, le temps de sortir le poignard et bien le planter dans le dos. Le film est-il alors complètement raté ? Non, il est simplement d’un réalisme froid et fataliste, et de fait le sujet du film n’est pas l’amour, mais la quête de soi, s’ouvrir au monde. Et quand on choisit Alain Chabat pour jouer les âmes en peine en quête d’humanité, c’est juste bouleversant. Il est d’une rare justesse. Une vérité puissante se dégage de l’ensemble, et malgré la morosité et quelques soucis de rythme, l’exercice reste intéressant.

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Ocean’s Eleven


Ocean’s Eleven
2002
Steven Soderbergh

Souhaitant prolonger l’expérience de l’excellente série Elite (quoique déclinante dans sa troisième saison), je m’étais attelé à la série La Casa de Papel, considérée comme exceptionnelle et ayant pas moins de cinq acteurs en commun avec l’autre série. Constatant las que la série est incohérente de bout en bout, que le génie criminel promis n’est pas là, et consterné par une quatrième partie écrite à la truelle et ne concluant toujours rien, j’ai donc voulu me replonger dans ce qui était dans mes souvenirs le meilleur film de braquage de tous les temps.

Remake du film L’inconnu de Las Vegas de 1960, le film nous raconte comment onze personnes (incluant Brad Pitt, Matt Damon, Don Cheadle et Casey Affleck) vont tenter le casse du siècle. Alors qu’un match de catch historique met la ville de Las Vegas en effervescence, décuplant la fréquentation des casinos, jamais autant d’argent n’aura été réuni au même endroit. En effet, pour couvrir l’événement, le président (Andy Garcia) de trois grands casinos de la ville va avoir en coffre plus de 160 M$, et pour Dany Ocean (George Clooney), organisateur du coup, ce sera aussi l’occasion de s’en prendre à l’homme qui lui a volé sa femme (Julia Roberts).

Entre un réalisateur reconnu, un scénario astucieux et un casting de fou furieux, le film avait toutes les cartes en main pour être exceptionnel. Pourtant, le film est très loin d’être à la hauteur de mes souvenirs. Alors oui, le coup repose sur une multitude d’excellentes idées, et le casse en lui-même justifie amplement de voir le film, mais il persiste pas mal d’ombres au tableau. Pour commencer, le film souffre du syndrome « film chorale ». Quand il y a une telle pléthore de protagonistes, il est difficile d’exister, et le film échoue à développer ses personnages. La plupart se limitent à leurs fonctions, montrées en scène introductive, et en dehors de Dany, aucun autre personnage n’aura d’autre enjeu que l’argent du casse, sans autre motif que devenir riche. Avec en prime strictement aucune femme parmi les onze membres du groupe, il y a clairement un gros problème d’écriture. La réalisation est elle aussi loin d’être parfaite : rien de mémorable, et le montage et les transitions ont prit un coup de vieux. Reste alors le coup, finement pensé et d’une grande minutie, mais on s’empêchera pas de penser qu’au final Dany est complètement inutile à son propre plan. Un bon divertissement avec du charisme à revendre et un casse excellent, mais loin d’être parfait.

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La Vérité si je mens ! Les débuts


La Vérité si je mens ! Les débuts
2019
Michel Munz, Gérard Bitton

Des génies ma parole ! Si son succès me semble largement déraisonnable, notamment de par le succès inexplicable du premier qui n’était vraiment pas folichon, il n’en reste pas moins que La Vérité si je mens est l’une des sagas les plus emblématiques en France avec près de 17 millions d’entrées en trois films (en quatre aussi d’ailleurs). Sans réitérer l’exploit des quasi huit millions d’entrées du second opus, le troisième avait tout de même fait plus de quatre millions et demi, et c’est logiquement qu’une nouvelle suite fut envisagée. À force le public a développé une réelle affecte autour des personnages, mais finalement ça n’est pas une suite mais un préquel qui fut lancé. Exit donc les incarnations emblématiques des personnages, place à un tout nouveau casting d’inconnus.

Que s’est-il passé dans le sentier avant l’arrivée d’Eddie ? Nous voilà de retour dans les années 80 alors que Serge et Dov passent le bac, et que Yvan et Patrick Abitbol montent une affaire de vidéo-club. Et comme d’hab, ça va parler affaires, amour et cul, et comment esquiver ses responsabilités.

Rien que sur le principe le film accumule une quantité phénoménale de tares.  Recaster les acteurs ? Vu l’histoire, c’était inévitable, mais à défaut d’en prendre des qui savent jouer, en prendre des un minimum ressemblant, ça aurait été pas mal. Que ce soit pour Patrick et surtout Yvan (j’étais persuadé que c’était Eddie, mais ça n’avait aucun sens), il n’y a strictement rien qui rappelle de près ou de loin l’acteur d’origine, à tel point que le rôle d’Yvan a été réduit à pot de chagrin. Patrick s’en sort à peu près et a l’histoire la plus développée (quoique sans conclusion), mais l’acteur est constamment dans une mimique dissonante, singeant Gilbert Melki (qui joue son propre père) de façon trop flagrante. Même constat pour Serge, qui en revanche n’aura pas de développement intéressant et abouti. Le seul autre personnage réellement développé sera Dov, le BG en puissance, mais difficile de passer outre un « hommage » frisant à ce point le plagiat. Son histoire avec la femme (Audrey Dana) de son patron (François Berléand) n’est pas sans rappeler Le Lauréat, et clairement le film n’en a ni l’intensité, ni la finesse d’écriture. Et à ce niveau-là, quitte à en voir un remake, autant se regarder American Pie, autrement plus divertissant et abouti. De même, si le but est de voir une bande de pote avec l’ambiance de l’époque, Les Sous-doués fait mieux le taf. Le film ne sait donc pas trop où se positionner, et même s’il reste vite fait divertissant, il est complètement vain. Il ne permet pas de mieux comprendre les personnages, les événements du récit n’ont eu aucun réel impact sur leurs vies, et j’imagine mal quelqu’un ne connaissant pas la saga y trouvant le moindre intérêt. La vérité, on s’en serait bien passé.

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