Sur les chemins noirs


Sur les chemins noirs
2023
Denis Imbert

L’homme face à la nature, les tourments de l’esprit face à l’épreuve du corps. Célèbre écrivain ayant tendance à brûler la chandelle par les deux bouts, Pierre Girard (Jean Dujardin) va miraculeusement survivre à une stupide chute d’un balcon sous l’emprise de l’alcool, mais le corps salement amoché. Malgré l’avis des médecins et la difficulté que représente déjà le simple fait de marcher, il va se mettre au défi de traverser toute la diagonale du vide à pieds, soit plus de 1300 km. Pour se reconstruire physiquement et moralement, il va se lancer sur les chemins noirs.

Ode à l’aventure et à la poésie, le film est un formidable voyage à travers la France, montrant des paysages peu mis en avant et pourtant incroyables, mais plus incroyable encore, c’est le fait de parcourir toutes ces terres à pieds. Une marche parfois en dehors des sentiers, d’où le titre, les chemins noirs désignant les trajets non balisés en pleine nature. Que ce soit l’acting, son charisme ou son timbre de voix, Jean Dujardin porte admirablement ce récit, accompagné notamment par la rayonnante Joséphine Japy et le trop rare Jonathan Zaccaï, symbolisant chacun deux types d’amour : la romance et l’amitié. La musique, souvent discrète, se permet parfois quelques envolées assez superbes, renforçant cette alchimie entre l’évasion spirituelle et celle de l’escapade, fuite citadine. Certains diront que l’aventure manque de rebondissements, mais je dirais surtout qu’elle manque d’interactions, car c’est dans les trop peu nombreux moments de partage, de discutions avec ces gens courageux attachés à leurs terres natales, que le film est le plus juste et le plus touchant. Du bel ouvrage pour les âmes sensibles.

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Lost Girls


Lost Girls
2020
Liz Garbus

Toutes les histoires sont-elles bonnes à raconter ? Non. Attention, déferlante de spoilers à l’horizon, car c’est nécessaire pour que d’autres ne se fassent pas avoir.

Tiré d’une histoire vraie, le film retrace le combat de Mari Gilbert (Amy Ryan), dont l’ainée de ses trois filles (incluant Thomasin McKenzie) va être reportée comme disparue par son copain, n’ayant plus de nouvelles depuis la veille et un appel à l’aide de cette dernière. Pour la police (Gabriel Byrne), ce n’est qu’une prostituée de plus manquant à l’appel, mais peu après, quatre cadavres d’autres prostituées seront retrouvés à proximité du lieu de sa disparition.

De prime à bord, on a là une enquête possiblement intéressante : il va falloir découvrir ce qu’il s’est passé, les circonstances, et si oui ou non toutes les victimes sont liées. Eh bien rhabillez-vous, vous n’aurez aucune de ces réponses ! Eh oui, comme dans la vraie vie, cette affaire n’a jamais été résolue, le meurtrier jamais identifié – car oui, après plus d’un an de recherches, le cadavre sera retrouvé exactement là où la mère demandait de chercher depuis le premier jour – et on aura jamais le fin mot de l’histoire. Et peu probable qu’on l’aura un jour, le policier en charge a prit sa retraite, le principal suspect innocenté, et la mère a été tuée par la dernière de ses filles lors d’une de ses crises de schizophrénie. Ah oui, ça balance tout parce que merde, ça va bien deux minutes. Un film d’enquête sans le dernier acte de révélation, sans conclusion, c’est tout bonnement scandaleux. On ne peut pas vraiment en vouloir au film qui se démène tant bien que mal pour créer du suspense et de l’attente autour de tout ça, mais visiblement c’était une sacrée connerie que de vouloir raconter cette histoire ô combien frustrante et donc passablement inutile en l’état. La police a semble t-il été lamentable, peut-être même de mèche avec cette élite de mon cul de bourgade bobo, mais c’est juste brasser du vent que de déterrer ça pour rien. Un film futile, tout simplement.

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Blue Beetle


Blue Beetle
2023
Angel Manuel Soto

Warner sont des abrutis et des suicidaires. Alors que le cinéma se relevait doucement du Covid avec nombre de fours et de films sacrifiés à la réouverture, et alors que le studio avait non pas un ou deux, mais bien quatre films de super-héros de l’écurie DC à sortir en 2023, il fut annoncé peu avant la sortie de Shazam 2 que tout cela n’avait plus aucun intérêt, que de toutes façons cet univers étendu allait mourir et serait rebooté en 2025. Résultat ? Mise à part la suite de Aquaman qui va miraculeusement rentrer dans ses frais, Shazam 2 fut le pire score pour un film de super-héros depuis deux décennies, The Flash a été un naufrage, et Blue Beetle a lui essuyé un revers historique en faisant encore pire, avec pour chacun des trois entre 100 et 150 M$ de perte. Certes, les films ont été charcutés et sont sorti dans un état lamentable, mais au delà de la fatigue du genre surexploité depuis 20 ans, annoncer la mort d’un univers dont quatre représentants devaient encore sortir, c’est tout de même d’un niveau de connerie phénoménal.

Mais pourquoi ? Alors que DC déborde de licences iconiques ultra populaires, il a été choisi d’adapter le cafard bleu, aka Blue Beetle. Pouvoir d’origine extraterrestre, il se retrouvera en possession Jaime Reyes suite au vol du scarabée abritant son énergie par Jenny, la nièce de Victoria Kord (Susan Sarandon), à la tête de Kord Industrie, une méga entreprise d’armement.

Sur le papier le film pouvait être cool, un super-héros méconnu peut-être plus original que les classiques qu’on connait déjà. Mais loin loin s’en faut, le film n’aura absolument aucune idée originale, que ce soit sur le fond ou sur la forme. Le scénario est du pur copié-collé du premier Iron Man, côté design on est sur un mélange de ce dernier et Spider-Man Homecoming, sur qui le film plagie honteusement le côté animal avec des pates mécaniques, mais surtout l’intelligence artificielle et l’humour qui va avec comme le mode « mise à mort instantané ». Même côté ambiance on essaye de se la jouer Transformers. Ahurissant comment pas une once d’idée neuve ne pointera le bout de son nez. Juste lamentable, honteux. La lassitude des grosses bastons full CGI atteint aussi son paroxysme, et même le style hispanique est juste racoleur et tellement stéréotypé que s’en est immédiatement intenable. Si le film était sorti il y a 15 ans, peut-être que le genre super-héroïque pas encore totalement éculé l’aurait sauvé, mais là c’est un tel pot pourri de recyclage que c’en est difficilement supportable.

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Oppenheimer


Oppenheimer
2023
Christopher Nolan

Nous y voilà : l’un des plus gros événement cinématographique de l’année, le biopic de trois heures sur l’inventeur de l’arme nucléaire qui a frôlé le milliard au box-office. Un prodige dû principalement à son réalisateur, Christopher Nolan, qui a assurément su se forger la réputation d’être le plus grand cinéaste actuel, voir le plus grand de tous les temps. L’homme qui a sauvé le cinéma du Covid avec Tenet, son film qui m’a pourtant le moins convaincu personnellement, car derrière son imagerie exceptionnelle, un casting incroyable et un concept fort censé retourner le cerveau se cachait une histoire banale à souhait, voir un peu bancale. Mais le revoilà en bien belle forme, à défaut de spécialement marquer l’histoire.

Le film retrace le parcours de Robert Oppenheimer (Cillian Murphy), le scientifique qui se sera vu confier le projet Manhattan, cette course contre les allemands pendant la Seconde Guerre Mondiale pour être les premiers à concevoir une bombe nucléaire. Outre le projet et comment il est devenu un scientifique de renom à qui l’on confie le sort de l’humanité, l’histoire se focalisera aussi sur le tribunal militaire visant à le destituer de ses privilèges administratifs et salir sa réputation.

Passons rapidement sur les évidences propres au cinéma de Nolan : oui, le film est époustouflant, très bien rythmé malgré les trois heures au compteur, la gestion du suspense est maîtrisée et joue avec le fait que l’histoire est connue de tous, s’attardant donc plus sur les à côtés, le comment du pourquoi. Tâchons aussi de citer les noms les plus illustres figurant à ce casting débilement légendaire : Robert Downey Jr., Matt Damon, Emily Blunt, Florence Pugh, Josh Harnett, Casey Affleck, Rami Malek, Jason Clarke, Kenneth Branagh, Alden Ehrenreich, Gustaf Skarsgard, Dane DeHaan, Gary Oldman, Devon Bostick, Olivia Thirlby ou encore Alex Wolff. Tout le monde n’arrivera pas à vivre avec tant de personnages et d’illustres acteurs, mais la plupart auront leur moment d’importance, et dans l’ensemble les performances sont excellentes, notamment Robert Downey Jr. dont le rôle est le second plus important du film et qui prouve que son jeu ne se limite pas à jouer les playboys comiques. Le scénario est bien ficelé, prenant, permettant de raconter l’envers du décor de la grande histoire.

Passons maintenant aux quelques réticences qui en font un excellent film, mais pas un chef d’œuvre absolu. Si la musique est impressionnante, elle fera parti des moins marquantes de Ludwig Göransson, et son utilisation, de même que le son en général, est assez balourd, voulant trop rythmer le film de manière épique sans que cela ne soit forcément justifié. Le scénario, bien que très bon, souffre de cette même maladresse, cherchant à ériger un mythe ayant le poids du monde sur ses épaules, et non à raconter l’histoire d’un homme. A l’image de la toute dernière scène : c’est classe, mais un peu grandiloquant. On pourrait faire la même réflexion sur la réalisation avec le choix des passages en noir et blanc pour les scènes dans l’époque la plus proche de nous. Déjà dans l’imaginaire collectif c’est une connerie, on devrait plutôt avoir du noir et blanc pour les passages les plus anciens, pas les plus récents. Mais en réalité c’est pour déjà limiter le plus possible l’usage du noir et blanc, car plus on se rapproche du croisement des timeline plus le présent rattrape la couleur, et c’est surtout prendre le spectateur pour un con, incapable de comprendre autrement que l’action se déroule sur plusieurs époques. De plus, l’aspect politique est un peu moins intéressant malgré quelques twists bien sentis, et clairement le film aurait été encore meilleur sans avec une durée plus proche voir en dessous des deux heures. Un immense film très réussi, mais qui aurait gagné à plus de sobriété en fin de compte.

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The Whale


The Whale
2023
Darren Aronofsky

Sorti sur le tard en France, le film y aura été un assez gros échec avec deux cent mille entrées, et globalement dans le monde il fut clairement plus un succès d’estime que commercial avec 41 M$ dans le monde, même si son budget (sans marketing) est estimé à seulement 3 M$. Ca ne l’a pas empêché d’avoir une grosse présence dans les différentes cérémonies, notamment avec l’Oscar du meilleur acteur pour saluer le retour de Brendan Fraser, lui qui avait quitté le système qui l’avait broyé psychologiquement entre la pression sur son physique avec des rôles nécessitant une importante masse musculaire, et surtout des attouchements et autres pressions de la sorte. Il faut dire que le sujet n’est pas évident à appréhender.

Professeur en télétravail, Charlie (Brendan Fraser) s’est coupé du monde depuis la mort de son compagnon, se tuant à petit feu dans la malbouffe et les excès, au point d’atteindre un tel niveau d’obésité que le moindre déplacement en devient un douloureux effort. Seule son ex belle-soeur (Hong Chau) lui rend régulièrement visite pour constater les ravages de ce suicide alimentaire. En attendant la mort, il recevra deux visites impromptues : celle de Thomas (Ty Simpkins), un évangéliste s’étant donné pour mission de le sauver, mais surtout Ellie (Sadie Sink), sa fille de désormais 17 ans qu’il n’avait pas revu depuis ses 8 ans quand il avait quitté sa femme de l’époque pour son étudiant.

Tout d’abord saluons le travail ahurissant des maquilleurs et costumiers dont l’Oscar est tellement mérité tant le résultat à l’écran est stupéfiant. Les raccords sont invisibles, la chair dégoulinante de graisse fait aussi « naturelle » que ce que le concept du film est dérangeant, et explique en grande partie les réserves de certains. N’y a-t-il pas plus simple et moins douloureux que le suicide par la bouffe ? Difficile de passer outre ce voyeurisme ultra malsain d’un homme dépassant de loin le stade de l’obésité morbide, et le nihilisme ambiant est encore plus abjecte. Non seulement les gens le regardent s’auto-détruire, mais ils y contribuent en lui apportant ses collations toutes plus grasses et caloriques les unes que les autres, car s’ils ne peuvent le faire changer d’avis, autant le soutenir dans sa démarche de mort. Pour ma part, absolument rien ne va là dedans, tout le message est horrible et je ne rêvais que de salade, poisson voir diète absolue face à une orgie de pizzas, tacos, saut de nuggets et bouteille de 4L de Coca avant d’aller se coucher. Les bondieuseries ont aussi tendance à me fatiguer, mais comme c’est tourné en ridicule ou ridiculement mal fait (Noé du même réalisateur laisserait à penser que non, les remarques ne sont pas forcément ironiques ou antireligion). Ce qui est indiscutable en revanche, c’est la puissance des performances, toutes exceptionnelles, surtout Charlie et son infirmière, la fille étant très très bien, mais dans l’exact même registre que dans Stranger Things. On en revient donc à quelque chose de simple : des discussions, de l’acting, l’impact des répliques. Normal pour l’adaptation d’une pièce de théâtre tourné en huis clos. Le film est donc assurément brillant dans son exécution et ce qu’il veut raconter, reste à voir si le thème est susceptible de vous accrocher. Personnellement, je salue le travail et les prestations, j’ai passé un bon moment devant une proposition forte, même si je l’ai totalement rejeté tout du long.

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Les Autres


Les Autres
2001
Alejandro Amenábar

Immensément acclamé à sa sortie, il fut probablement le tout premier film d’horreur / épouvante que j’ai vu au cinéma, à tout juste dix ans, et je ne l’avais jamais revu depuis me semble t-il. J’avais gardé en mémoire le caractère singulier de sa fin, mais sans vraiment me rappeler si la déception ou l’axe unique m’avait marqué. Le film a t-il gardé une aura à la Sixième Sens ou son originalité s’est essoufflée avec les années ?

Le film nous plonge dans la campagne britannique de 1945. Attendant le retour du front de son mari, Grace (Nicole Kidman) s’occupait seule dans leur immense domaine de ses deux enfants, souffrants de la maladie de la Lune (le soleil leur causant de terribles brûlures). En effet, les domestiques se sont volatilisés un beau jour, peut-être par peur de mystérieuses présences qui terrorisent régulièrement ses enfants. Un fait qu’elle cachera bien sûr aux trois postulants s’étant présentés à elle, d’autant que jusqu’alors, elle n’y croyait pas elle-même. Mais sont-ils vraiment seuls ?

Assurément, un grand domaine en Angleterre, isolé de tout et à cette époque, comme dit pour The Cursed, c’est clairement un choix judicieux tant l’époque et le lieu sont propices à la peur d’une menace de quelle nature que ce soit. Entre la période froide de l’automne, brumeuse, et la maladie des enfants qui pousse les habitants à privilégier la nuit ou de bons rideaux opaques, l’atmosphère est particulièrement bien travaillée pour instaurer un climat angoissant. La mise en scène est très réussie, les effets montent crescendo en intensité, que ce soit physiquement ou psychologiquement. L’histoire est vraiment bien ficelée, et si avec le recul la conclusion est logique, elle n’en reste pas moins originale et aussi horrible que percutante. Bien sûr, face aux critères actuels on pourra dire que ni la violence physique ni celle psychologique ne sont assez poussées pour vraiment provoquer de vives sensations, mais au niveau narratif et ambiance, on est là sur un film très solide. Avec les attentes modernes, on parlera plutôt de film fantastique teinté d’horrifique, et c’est probablement sur ces standards là que le film a un peu vieilli, mais c’est surtout une œuvre fascinante qui vaut le détour.

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Miss Détective


Miss Détective
2001
Donald Petrie

Ayant apparemment le statut culte dans le genre comédie américaine, j’avais été pendant de longues années intrigué par ce film, mais comme trop souvent, on a tendance à se laisser influencer par la masse, souvent pas bien avisée, à moins que ça ne soit mes goûts qui ne soient que peu partagés. Toujours est-il que j’avais dû me laisser dissuader de lui laisser sa chance à cause de critiques dans l’ensemble très froides, mais heureusement les années m’ont permis d’oublier ce fait et de juste foncer, car j’ai passé un très bon moment.

L’histoire est celle de Grace (Sandra Bullock), un garçon manqué ayant trouvé sa voie au sein du FBI, mais son travail va radicalement changer. Sur une piste d’un certain « Citoyen » qui menace de faire sauter une bombe au concours de Miss America, le FBI va avoir l’idée d’infiltrer la compétition avec l’une de leurs recrues. Faute de meilleure candidate, ils vont envoyer Grace.

Si bien sûr l’idée même de rendre Sandra Bullock « moche » est risible, même grimée, décoiffée et au naturel elle reste charmante, on voit que l’actrice s’en donne à cœur joie et joue le jeu à fond. Elle fut d’ailleurs nominée aux Goldens Globes pour ce rôle, et elle fait effectivement sensation. En dehors de ça, tout ce que le film propose est réussi, un sans faute. Michael Caine est parfait en formateur, le concours de Miss ne tourne pas au pugilat ni à la moquerie facile, on voit de belles amitiés se forger et le message féministe est plus pertinent que 99% des productions actuelles : oui, prendre soin de soi ça compte beaucoup, il faut se battre pour affirmer sa personnalité, et la beauté intérieure est aussi importante que la beauté extérieure, car outre qui on est, c’est comment on présente et comment on se comporte avec les autres qui crée les possibilités. Le côté romantique marche très bien aussi, on se laisse embarquer et c’est mignon. Rien d’incroyable ou qui réinvente la roue, l’enquête est prévisible et peu mémorable, mais les personnages sont attachants, le concours de miss prenant, l’amourette jolie. Une ambition modérée, mais un résultat frais, drôle, efficace.

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The Cursed


The Cursed
2022
Sean Ellis

Présenté à Sundance en janvier 2021, le film aura mit 13 mois à débarquer timidement dans une sortie bidesque sur le sol américain, suivi par une sortie physique quelques mois plus tard passée totalement inaperçue. Pour la France, il aura fallu attendre avril 2023 et un rachat de la part de Netflix pour que le film nous soit accessible, et malgré quelques bonnes idées, on comprend pourquoi les distributeurs ne se sont pas bousculés.

Dans la campagne britannique du XIXème, le Conte Seamus (Alistair Petrie) va prendre une décision radicale face à des gitans occupant ses terres : tous les cramer. Peu après, toutes les personnes du conté, femmes (incluant Kelly Reilly) comme enfants, coupables ou innocents, tous vont faire de terribles cauchemars sur notamment une femme enterrée vivante et un autre gitan démembré et transformé en épouvantail. Quand le fils du Conte va disparaître dans des circonstances inquiétantes, un expert (Boyd Holbrook) sera dépêché sur place.

Mise à part le fait que le flashforward d’introduction est du spoiler débile à outrance, cassant une partie du suspens et brisant même certains enjeux (on sait qui s’en sort, comment, mais que de toutes façons il va crever 35 ans plus tard durant la Première Guerre Mondiale), le début du film est assez gageur. Le côté rêve collectif est bien fait, le lore est intéressant, la mise en scène, les effets d’ambiance / horrifique, tout est assez efficace et bien pensé. On est happé par cette histoire, pas révolutionnaire mais sympathique dans le genre Downton Abbey qui tourne à la boucherie surnaturelle. Mais disons-le franchement, tout le dernier acte est un beau gâchis : des personnages prenant des décisions débiles, et on se vautre dans les pires clichés du slasher bête et méchant, en pure ligne droite toute tracée et hautement prévisible. Terrible désillusion, et c’est d’autant plus regrettable qu’une grande partie de l’œuvre est de grande qualité.

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Spider-Man : Across The Spider-Verse


Spider-Man : Across The Spider-Verse
2023
Joaquim Dos Santos, Kemp Powers, Justin Thompson

Icône de la pop culture, le tisseur de toiles a assurément le vent en poupe, étant jusqu’à présent le deuxième plus gros succès mondial (et premier aux Etats-Unis) post covid avec No Way Home. Pour le genre animation, le constat était plus en demi-teinte : malgré des critiques dithyrambiques, New Generation ne jouait clairement pas dans la même cours avec seulement 375 M$ dans le monde. En plus de quatre ans le bouche à oreille aura semble t-il cartonné, cette suite ayant explosé les compteurs avec 690 M$ mondiaux, le plaçant 6ème mondial sur l’année 2023 et même sur le podium des plus gros succès aux USA. Ce second volet de ce qui est pensé comme une trilogie revient même très souvent dans les premières place des films préférés des gens, et c’était donc l’un des événements cinématographique immanquable de l’année.

Retournée dans son univers après la fin des événements du dernier film, Spider-Gwen va se voir proposer une place au sein de la Spider-Squad, un regroupement à travers le mutlivers des Spider-Man se prêtant main forte pour lutter contre leurs menaces respectives, dirigés par Miguel O’Hara, un Spider-Man d’un monde futuriste ayant maîtrisé une technologie de voyage dimensionnel. Elle se verra confié la mission d’arrêter « La Tâche », un antagoniste de l’univers où se trouve justement Miles Morales.

Difficile à appréhender au début (style graphique déroutant et histoire partant sur des bases trop redondantes), New Generation s’était avéré être une excellent surprise au final, vraiment original tant visuellement qu’au niveau de son écriture, les personnages et l’intrigue étant captivants. De par quelques imbrications du multivers, certains mélanges de style sonnaient bizarrement, et l’autre principal défaut était le début cliché et une histoire allant un peu trop vite par moments. Face à non pas quelques personnages de différents univers visitant un seul mais carrément une pléthore visitant plusieurs univers, il y avait de quoi avoir peur de sentir perdu, mais heureusement le rythme du film s’y adapte, prenant le temps de créer des enjeux personnels aux personnages principaux avant de nous lancer dans cette grande fresque. Le mélange des genres n’a plus de limites, mais c’est justifié par l’intrigue, même si voir des mélanges avec acteurs en chair et en os est perturbant et que tous les univers ne se valent pas en matière de finitions et impact visuel. On restera d’ailleurs un peu frustré, car ce second volet de trilogie n’aura pas de climax de fin, et que peu de scènes d’action également, d’autant plus dommage qu’après avoir été présenté comme une blague, « La Tâche » va exploser et nous laisser sur le cul. Assurément l’un des vilains les plus puissants et vertigineux jamais vu, au potentiel démesuré. Le suspens est à son comble, et l’attente sera interminable, d’autant que face à une équipe de développement surchargée, la suite (prévue pour 2023 quand celui-ci était prévu pour 2022) a encore été décalée d’une année, maintenant prévue pour 2025 sans date fixée. Il faudra donc attendre la conclusion pour juger la saga d’en son ensemble, mais que ce soit sur la mise en scène, les personnages ou les enjeux dramatiques, cette suite est de très haute volée et compte assurément comme une des plus belles réussites de l’année.

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Yannick


Yannick
2023
Quentin Dupieux

Les blagues les plus courtes sont les meilleures, sauf quand il s’agit de Quentin Dupieux, l’une des si ce n’est La plus grande fraude de l’histoire du cinéma. C’est sûr, l’art c’est subjectif, mais trop c’est trop. Spécialiste des films débiles sans le moindre fond si ce n’est du surréalisme gratuit au service d’absolument rien, le réalisateur a toujours sorti des concepts farfelus d’un absurde plus abrutissant qu’autre chose, se payant le luxe d’être d’un ennui profond alors que ses films ont déjà du mal à atteindre les 60 minutes. Oui mais cette fois c’est différent, il a fait un vrai film, ou du moins c’est ce que les gens en ont dit, le décrivant comme réellement accessible contrairement à d’habitude. Certes…

Dépressif et un peu limité intellectuellement, Yannick (Raphaël Quenard) s’était rendu pour la première fois de sa vie au théâtre pour se détendre et oublier ses problèmes du quotidien. Seulement voilà, après avoir subit le début de la pièce et commençant à réaliser que l’ensemble sera tout simplement merdique, il va interpeler les comédiens (Pio Marmaï et Blanche Gardin) pour leur demander d’arrêter le massacre.

Comment les gens ont-ils pu s’enthousiasmer à ce point pour un film si médiocre ? Alors oui, un type un peu fou / excentrique / demeuré qui stoppe une pièce de théâtre pour en prendre le contrôle, c’est une belle idée sur le papier, mais le film n’en fait pas grand chose. Ou si justement : du classique à outrance. Car au final, qu’est-ce que le film si ce n’est un énième drame social français ? Des gens qui se crient dessus, qui exposent leurs problèmes en mode craquage de nerfs, c’est typiquement le genre d’histoire qu’on voit non stop. Oui, la forme est originale, mais le fond est atrocement banal, pour ne pas dire chiant. La seule chose qu’on attend est la confrontation entre le spectateur mécontent et si oui ou non il serait capable de faire mieux. Point qui sera relégué au second plan derrière cette prise d’otage où la tension exposera la vraie nature et le cynisme de chacun. Pour les amoureux de théâtre, on est très largement en dessous d’un film comme La Vénus à la fourrure. Les acteurs sont très bons, sauf Blanche Gardin qui surjoue (expressément ?) atrocement, et malgré quelques longueurs (l’écriture du script notamment) la durée express permet de ne pas s’ennuyer, mais malgré l’idée de base alléchante, le résultat est assez quelconque.

 

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