Downton Abbey II : Une nouvelle ère


Downton Abbey II : Une nouvelle ère
2022
Simon Curtis

Mythique série sur la noblesse britannique du début du XX° siècle, Downton Abbey restera à jamais l’une des meilleures séries de tous les temps grâce à une qualité d’écriture sans pareil, des personnages si attachants, et des histoires pour la plupart passionnantes. Le rythme un peu trop trépidant et les rebondissements un peu trop systémiques, l’attrait baissait néanmoins au fil des saisons. La conclusion de la série était dans l’ensemble satisfaisante, mais un film, sobrement appelé Downton Abbey, prolongea l’aventure en 2019 d’une très belle manière, arrivant à retrouver l’efficacité des grandes heures de la série en offrant une histoire captivante, mêlée de sous-intrigues très réussies, voir exceptionnelle comme celle de Barrow. Un bijou d’écriture, d’humour et d’émotion. Les fans furent en extase, et à la surprise générale, le film fut un immense succès avec des recettes dix fois supérieures au budget, frôlant les 200 M$ dans le monde. C’est donc ainsi qu’en toutes logiques une suite fut immédiatement mise en chantier.

Ce second film racontera en parallèle deux péripéties. Tout d’abord un mystérieux conte de Montmirail serait décédé, léguant à la comtesse douairière (Maggie Smith) une somptueuse villa dans le Sud de la France, s’attirant de fait les foudres de sa veuve (Nathalie Baye), mais son fils (Jonathan Zaccaï), souhaitant respecter la mémoire de son père, va inviter monsieur Crawley (Hugh Bonneville) et sa femme (Elizabeth McGovern) pour effectuer le transfert de propriété. De son côté, désormais gérante du domaine, Mary (Michelle Dockery) va accepter que Downton devienne le lieu de tournage d’un film pour renflouer les caisses, toujours précaires dans un monde en constante évolution.

A l’exception du mari de Mary, vagabondant apparemment à ses courses automobiles (lui qui avait promis de ne plus y toucher, ayant frôlé la mort, ayant perdu son meilleur ami de la sorte, et Mary avait été une première fois veuve de la faute à l’automobile), tout le reste du casting est bien présent. Tom (Allen Leech) profite de la vie avec sa femme, Edith (Laura Carmichael) se lasse de sa vie de duchesse aux côtés de son mari (Harry Hadden-Paton) et veut reprendre les rennes de son journal, Isabelle (Penelope Wilton), Lord Merton (Douglas Reith) et Maud (Imelda Staunton), cousine de Robert, sont toujours là, Elsie Hughes (Phyllis Logan) est toujours intendante et Carson (Jim Carter) assiste toujours la gestion de Downton, semble t-il pas vraiment atteint par la maladie finalement, Bates (Brendan Coyle) et Anna (Joanne Froggatt) sont là (aucune intrigue les concernant), Daisy (Sophie McShera) et Andy (Michael Fox) sont mariés et vivent dans la ferme du père de feu son premier mari, qu’elle essaye toujours de caser avec madame Patmore (Lesley Nicol), et Baxter (Raquel Cassidy) attend toujours que Molesley (Kevin Doyle) daigne lui faire la cours. Thomas Barrow (Rob James-Collier) de son côté n’aura finalement pas le droit au bonheur avec le valet du précédent film, ce dernier fuyant ce qu’il est en se mariant. On suivra aussi Bauer (Hugh Dancy), le réalisateur du film muet se tournant à Downton, tombant – comme pratiquement tout homme ayant posé le pied au domaine – sous le charme de Mary. Le film se focalisera aussi beaucoup sur les deux acteurs phares du film : Guy (Dominic West) et Dalgleish (Laura Haddock), eux aussi des reliquats du passé d’un cinéma muet basculant dans un monde du parlé où les dialogues ne sont plus mimés, mais vécus. Oh oui, cela en fait du monde à suivre, et autant dire que plus que jamais, le film ne s’adresse qu’aux fans de la série.

N’ayant pas eu la chance de le voir à sa sortie, j’avais espéré que son échec (des recettes divisées par deux pour un budget trois fois plus important) été dû à une mauvaise conjoncture, coincé entre une pléthore de blockbusters monopolisant l’attention. Mais si on a grand plaisir à retrouver tous nos personnages adorés, ce nouveau film n’a ni l’envergure ni la force du précédent long-métrage. La série a toujours été une lutte pour préserver un style de vie, de valeurs, dans un monde toujours plus exubérant et dangereux. Si l’intrigue concernant le film muet se tournant à Downton est très juste, regorgeant de bonnes idées, de moments forts et touchants, toute la partie en France est pour sa part vide, ne servant à rien ou presque. Oui, cela permet d’alterner les décors, de proposer quelque chose de visuellement nouveau, de dispatcher le casting pour éviter l’asphyxie, mais l’impact est inexistant, et on aurait aimé un chant du signe avec plus de panache. Comme très souvent face à l’évolution du monde, la neurasthénie est palpable, mais jusqu’alors la saga nous en avait préservé, donc c’est là aussi une certaine déception. Le premier film avait été tellement exceptionnel sur tous les points que l’égaler aurait été prodigieux, donc les attentes étaient pratiquement inatteignables. L’incursion hollywoodienne est grandiose, dommage que le reste ne soit pas du même niveau.

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Ticket To Paradise


Ticket To Paradise
2022
Ol Parker

Non, nous ne sommes pas encore sorti du Covid. Si quelques films cartonnent de temps à autre, il n’y a guère que les très gros blockbusters qui fonctionnent vraiment. Si les drames et les films d’animation sont ceux qui ont le plus souffert, du fait qu’une population de plus en plus âgée se soit mit aux services de streaming et home cinéma et que l’inflation fait que se faire un resto et un ciné parents et enfants est un luxe de plus en plus rare, les comédies ont un peu moins souffert, mais les flamboyants succès se comptent sur les doigts d’une main. Seul film du genre à avoir approché la sacro-sainte barre des fois trois (un studio ne recevant que 50% à domicile et 25-33% en dehors, il faut que grosso modo le ratio recettes / budget soit de trois pour que la seule sortie ciné génère des bénéfices), il est aussi la seule comédie romantique à avoir dépassé la barre des 100 M$ dans le monde (172) depuis trois ans, c’est dire à quel point le genre disparaît et n’attire plus les foules.

Toutes les histoires ne se terminent pas forcément bien. Ce fut le cas pour David (George Clooney) et Georgia (Julia Roberts), mariés il y a 25 ans, mais qui n’ont pas su préserver la flamme de leur couple. De leur union naquis Lily (Kaitlyn Dever), fraîchement diplômée d’une école d’avocat, qui fêta la fin de ses études en allant passer l’été à Bali dans les Philippines. Seulement pas de retour à la fin de l’été : ayant rencontré un beau jeune homme sur place, elle veut laisser tomber son brillant avenir pour simplement vivre son idylle et se marier. Pour ses parents, ce n’est que folie, et alors qu’ils ne peuvent plus se supporter, ils vont décider de faire fi de leur aversion pour remettre leur fille sur le droit chemin, ou chemin du droit, c’est selon.

L’âge d’or de la comédie romantique fut les années 90 et début 2000 où le genre représentait environ 7% des entrées, voir plus de 11% en 1999. Ce genre de film était classique, trop même. Depuis 2012, le public s’est peu à peu lassé, ou alors c’est l’offre qui a perdu en qualité. Toujours est-il que si le total de films sortis a plafonné vers les 700, le nombre de comédies-romantiques est passé d’une moyenne de 30 à 15, puis tout juste 28 en trois ans, pour une moyenne désormais d’à peine 1% des recettes. Et effectivement, ce film est aussi symptomatique d’un genre qui peine à se renouveler malgré à la fois le cadre enchanteur des îles, mais on a déjà notamment Amour et amnésie en décors similaire, et le duo d’affiche, toujours aussi bon. Un bel emballage pour un film cousu de fils blancs, qu’on semble déjà avoir vu avant même de le voir. Tout est attendu, prévisible, et c’est le piège indépassable. Ne pas faire la fin attendue serait une trahison, tous les films qui s’y sont essayé s’y sont cassé les dents, ou n’étaient pas des comédies, mais de l’autre côté être trop prévisible est lassant. Et quand bien même, le film part avec un postulat sali : même s’ils se remettent ensemble, ils ont déjà divorcé, le lien sacré fut brisé, rendant la fin heureuse incertaine et faisant de toutes les années passées un immense gâchis. Oui, le film est drôle, les paysages magnifiques, le duo quinquagénaire attendrissant, mais pas l’ombre d’une idée originale, et on a vu tellement mieux dans le genre.

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Les Animaux Fantastiques : les Secrets de Dumbledore

Les Animaux Fantastiques : les Secrets de Dumbledore
2022
David Yates

Films pour enfants pour les deux premiers, saga d’ados pour les opus 3 à 5, la franchise Harry Potter a su évoluer avec son public, devenant plus sombre, plus mature, plus grandiose, aboutissant sur des chef d’œuvre pour les opus 6 à 8, de loin mes préférés. Mise à part le 3, moins populaire, presque tous ont dépassé la barre des 900 M$ au box-office pour un total de 7,7 milliards, sans compter les ventes physiques (plus de 2 milliards rien qu’aux Etats-Unis) et surtout les produits dérivés. Une des plus grosse franchise de l’histoire que seul le MCU bat à l’heure actuelle, c’est dire à quel point il était absolument hors de question pour la Warner de laisser dormir une telle machine à billets. C’est ainsi que le studio laissa carte blanche à l’autrice J.K. Rowling pour inventer une nouvelle franchise basé sur cet univers.

Après un premier opus très prometteur, Les Animaux Fantastiques trébucha dès sa deuxième itération. Apprécié des fans, le premier récolta plus de 800 M$, un score honorable, mais la suite, Les Crimes de Grindelwald, peina à convaincre. Mettant certes en scène un méchant charismatique (mon avis sur ce second volet s’est d’ailleurs adouci, de par la comparaison avec ce troisième opus), le film souffrait d’un rythme trop mou, d’un manque voir d’une absence d’enjeux, de sous-intrigues éreintantes et inutiles, de fan service vide et d’une écriture globalement mauvaise. Avec en plus les déboires de son antagoniste principal, aucune étoile n’était alignée. La chute fut violente, terminant sa course à 648 M$, à la limite de la rentabilité. Entre une sortie repoussée par deux fois pour deux ans de retard, l’antagoniste remplacé de façon injuste avec un procès lui donnant raison à peu près au moment de la sortie, des rumeurs de reshoot pour offrir une fin à la saga et arrêter les frais dès ce troisième film alors que cinq étaient initialement prévus, tout laissait présager un désastre. Et avec une chute encore plus spectaculaire pour tout juste 404 M$ dans le monde, ça n’a pas loupé, et c’est amplement mérité.

L’histoire tient sur un timbre post : Grindelwald (Mads Mikkelsen) veut se faire élire président du monde des sorciers, comptant sur Croyance (Ezra Miller) et Queenie (Alison Sudol) pour l’aider, tandis que Albus Dumbledore (Jude Law) va faire appel à Norbert Dragonneau (Eddie Redmayne), son frère et Jacob (Dan Fogler) pour essayer de l’en empêcher.

Tous les problèmes du second, en pire. Ce troisième volet, certes avec un casting prestigieux et de belles images bien mises en scène, s’éparpille encore plus pour encore moins d’impact dans la grande histoire. On va partout, il y a une pléthore de protagonistes pour bien nous perdre comme il faut, et la subtilité se fait encore plus la malle. Pour ceux qui en doutaient encore, Grindelwald est ni plus ni moins que le pendant sorcier de Hitler. Tout dans les décors, la posture, la façon de procéder et l’objectif final faussement dissimulé, tout fait écho à l’histoire du chancelier allemand. C’est d’un grossier et d’un grotesque… Plus encore, le film s’appelle « Les Secrets de Dumbledore », alors même que tous les « secrets » étaient déjà bien connus et peu passionnants. Oh mon dieu, il aime les hommes ! Il faudrait que le film soit sorti il y a au minimum 50 ans pour que cela soit un tant soit peu pertinent. Tout est long, l’histoire de Croyance est usante, Tina (Katherine Waterston) fait à peine un caméo, alors même que sa romance avec Norbert était le fil conducteur des deux premiers longs-métrages. Et bien sûr, toute cette histoire ne va nulle part, rien n’a d’impact, pire que pour le précédent. La fin potentielle de la saga avec ce film n’était qu’un mensonge destiné à faire venir une dernière fois le public en salle, car en vérité aucune intrigue n’est de près de loin achevée. Face à l’échec commercial et la politique de liquidation à la limite de la mise en faillite de la Warner, on ne s’étonnera pas que dans la boucherie actuelle, la saga est définitivement enterrée. Si les prémices étaient bons, on sentait que ça n’allait nulle part, donc je ne m’attristerais pas de cette mort prématurée.

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Caméra café, 20 ans déjà


Caméra café, 20 ans déjà
2023
Bruno Solo, Yvan Le Bolloc’h

Annoncé en 2020 pour une sortie l’année suivante pour coller aux 20 ans de la série, cette émission spéciale avait semble t-il été mise en stand by pour cause de Covid, avant de finalement refaire parler d’elle il y a quelques mois pour annoncer sa sortie prochaine, aujourd’hui au jour de cette critique. Best of ? Making of ? Hommage avec les acteurs, en mode interview ? Je n’en avais aucune idée, et quelle ne fut pas la surprise ! Pour célébrer les 20 ans, rien de tout ça, c’est ni plus ni moins qu’un véritable film qui nous est proposé, reprenant tout le casting : Hervé (Bruno Solo) et Jean-Claude (Yvan Le Bolloc’h) bien sûr, mais aussi Nancy (Shirley Bousquet), Carole (Sylvie Loeillet), Jean-Guy  (Gerard Chaillou), Jeanne (Jeanne Savary), Fred (Valérie Decobert), Sylvain (Alexandre Pesle), Maeva (Armelle), Philippe (Alain Bouzigues) et bien d’autres comme Juju, André ou Vince.

Que sont-ils devenus 20 ans après ? Eh bien déjà non, pas vraiment 20 ans. La série a commencé en 2001, s’est terminée en 2004, mais est revenue à deux reprises. Tout d’abord en 2005 avec le premier long-métrage Espace détente, prolongement bancal qui n’a pas su faire vivre l’humour en dehors de ses murs avec un scénario mauvais, puis en 2009 avec Le Séminaire, qui malgré l’absence d’une trop grande partie du casting, arrivait à peu près à divertir, mais sans réellement convaincre. Un beau gâchis globalement. Outre le fait de montrer ce que sont devenus nos personnages cultes de cette série mythique, ce troisième film va aussi nous permettre de faire le lien entre la série, les films, et l’histoire au présent.

Ne sachant pas que le format de ce prime spécial 20 ans était un réel téléfilm, quand l’histoire démarra comme un sketch de l’époque, les comédiens maquillés pour donner l’illusion d’être une dizaine d’années en arrière, le doute était présent. Est-ce un sketch dont je ne m’en rappelle pas ? Marrant comment ça coïncide bien ! Eh puis après de très longs moments de doutes, la réalité est bien là, et c’est enfin au bout du troisième essai qu’ils ont réussi à transposer le concept de la série en une histoire de 93 minutes. On s’éloigne de temps à autre de la machine, mais au moindre flashback, on y revient, comme si la série avait perduré sur 22 ans, notre petite madeleine de Proust. Mieux encore, le film arrive à faire le lien avec les précédents films tout en ramenant Sylvain, trouvant une idée drôle et cohérente pour expliquer sa non mort. Comme le dit si justement notre bon vieux Jean-Claude, un homme ça ne change pas, ça vieilli. Ils ont vieilli, n’ont pas changé, l’alchimie est toujours là, l’humour bien plus efficace, certes sans valoir les meilleurs moments de la série. Nancy nous émeut, Hervé est toujours aussi furet, on a plaisir à les revoir. On en voudrait plus, on aurait aimé une confrontation avec la réalité moins réaliste, car effectivement, c’était une autre époque et le monde change, en mal, tellement mal. Merci pour ce cadeau nostalgique aux fans, reste que pour rire d’encore plus bon cœur et mieux apprécier cette proposition, il aurait été bon de modérer cette neurasthénie.

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Un homme en colère


Un homme en colère
2021
Guy Ritchie

Retour à ses premiers amours pour le réalisateur de génie qu’est Guy Ritchie, à qui l’on doit notamment les deux excellents Sherlock Holmes, le bougrement efficace Man from U.N.C.L.E, ou encore le plus mitigé Roi Arthur, qui possédait néanmoins quelques scènes mémorables grâce au style très brutal de son metteur en scène. Il est cette fois de retour au films de mafia / police, avec un remake très libre du film français Le Convoyeur (ou alors je m’en souviens très mal).

L’histoire est celle de l’agent H (Jason Statham), nouvellement embauché comme convoyeur, qui pour ceux qui ne le savent pas, est un métier consistant à escorter l’argent de grosses compagnies vers des banques. Ces derniers sont d’ailleurs sous tension depuis un braquage ayant vu deux de leurs agents mourir. H de son côté est incroyablement calme et serein, ayant hâte de se confronter au terrain. Et justement, très vite après son embauche, un braquage va avoir lieu et tourner à la boucherie, mais pas pour eux. D’une précision chirurgicale, un tir, une balle, un mort, H va abattre un à un tous les braqueurs. Si convoyer de l’argent était jusqu’alors dangereux, tenter de les braquer sera désormais fatal.

La violence à l’état brute, du pur film actionner comme on en voit plus, ou presque. Le film rassure d’emblée sur la qualité de la réalisation, percutante comme les balles des fusillades. Habitué des séries B, Jason Statham retrouve là une carrure de premier ordre, s’imposant comme la mort froide et implacable qui s’abattra sur tout ceux qui seront sa cible. L’histoire derrière la colère est classique mais efficace, et on retrouvera un casting prestigieux avec Andy Garcia, Eddie Marsan, Josh Hartnett, mais aussi un surprenant Scott Eastwood dont le rôle de connard prétentieux lui colle à la perfection. Seule ombre au tableau, outre son chapitrage maladroit, est justement le troisième chapitre. Il reprend exactement l’histoire abordée en second chapitre, déjà un peu trop long en soi, simplement pour le raconter du point de vue des méchants. Or non seulement cela n’apporte pas grand chose de plus, mais cela alourdi le récit et en dévoile trop sur de simples cibles destinées à mourir et dont on s’en fout royalement. On perd en rythme, en efficacité, et c’est clairement un ventre mou qui porte préjudice. Sans ça, le film aurait été un must du genre. Reste un très bon film, mais je conseille donc de purement et simplement zapper le troisième chapitre.

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Jurassic World : Le Monde d’après


Jurassic World : Le Monde d’après
2022
Colin Trevorrow

Mythique saga cinématographique, Jurassic Park était revenu à la vie en 2015 avec un premier Jurassic World, quasi remake du premier film, mais apportant une critique du monde moderne assez pertinente, tout en offrant du grand spectacle de qualité. Une bonne surprise, qui vue ensuite Fallen Kingdom, sa suite en 2018, y apporter une touche plus sombre, plus horrifique, tout en assurant le spectacle dans la première moitié. Sans révolutionner le genre, on restait sur du divertissement de qualité, et on nous vendait du grand, de l’immense pour la conclusion de la trilogie : les dinosaures ont désormais conquis le monde, ils sont partout !

Plutôt que d’effectivement parler de comment le monde apprend à vivre avec des créatures gigantesques et particulièrement féroces, le film va nous pondre une histoire écologique pour le moins prévisible et peu passionnante : Bionesix (ou truc du genre), méga entreprise ayant réussi à négocier un contrat d’exclusivité mondiale pour la garde et l’étude des mastodontes du paléolithique, serait potentiellement aussi responsable d’une mutation de sauterelles qui saccagent toutes les récoltes, sauf celles utilisant des graines Bionesix. Comme par hasard ? Non, pas pour le trio d’origine, Ellie Satler (Laura Dern), Alan Grant (Sam Neill) et le professeur Malcolm (Jeff Goldblum). De leur côté, Owen (Chris Pratt) et Claire (Bryce Dallas Howard) tentent de récupérer le clone du dernier film,  capturée par de mystérieux ravisseurs.

Alors que le film partait sur de bonnes bases, promettait de ramener ni plus ni moins que les trois acteurs iconiques de la trilogie originelle, de placer non plus un « simple » T-Rex dans la ville comme dans le second opus, mais TOUS les dinosaures, le film arrive à ne pas tenir réellement ses engagements, et foirer tout ce qu’il entreprend dans des largeurs que peu de films, même en se sabotant volontairement, ont « réussi ». Commençons par le « scénario » : le grand groupe industriel très très méchant qui veut devenir encore plus riche et encore plus méchant. Les fils sont tellement énormes que ça ne tient pas deux secondes. On sait instantanément que bien évidemment, le coup des récoltes, ce sont eux. Que l’enlèvement, le braconnage, limite ils sont responsables également du réchauffement climatique, de l’inflation, de la hausse du prix de l’essence, tout, ne cherchez pas plus loin. Du manichéisme outrancier. Mais c’est presque là le point le moins raté du film…

Pour un film de 160 millions de dollar de budget – certes moins que les deux précédents (200 et 170 M$ respectivement) – il est aberrant de voir que les effets spéciaux sont si hideux. Après trente ans d’évolution technologique, on a jamais aussi peu cru à leur présence qu’ici, les FX sont un ratage quasi historique, une fluidité d’animation ignoble, des appareils dans le ciel glissant avec un naturel digne d’une animation movie maker d’il y a 20 ans fait par un enfant découvrant le montage vidéo. C’est tout simplement indigne d’un film à aussi gros budget, indigne d’un film sortant en 2022, indigne de la franchise. On notera également des dialogues d’un niveau préoccupant (un grognement en guise de réponse, des échanges vides, un scientifique expliquant exactement tout et son contraire), des musiques d’un raté ahurissant (gros boum en guise de suspense, du bruitage digne d’un nanar des années 60, même le thème historique est saccagé). Les acteurs cachetonnent, personne ne semble faire correctement son métier. Et bigre, que c’est long ! 2h40 pour ça ! Et au final, une seule scène avec des dinosaures vraiment en ville, à Chypre, pour de la course poursuite basique insipide. Le reste est du décor fond vert sans le moindre reste de concret, d’animatronix. La réalisation est charcutée, jamais grandiose, souvent peu lisible.

Cerise sur l’étron, on pourra également citer des références d’un subtil peu commun, de la voiture avec le T-Rex, Malcolm faisant diversion, la « bombe de chantilly », le lézard à collerette. Tout y passe. A la moindre occasion, le film essaye de faire son maximum pour balancer des clin d’œil à la limite du re-pompage, n’hésitant pas à appuyer cela avec la musique comme un spectacle comique à l’époque du cinéma muet. Navrant… Naufrage visuel, naufrage narratif, naufrage artistique. Sans l’ombre d’un doute le blockbuster le plus pitoyable de la décennie.

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Mais vous êtes fous


Mais vous êtes fous
2019
Audrey Diwan

L’homme est un être faible et la vie lui soumet moult tentations. Tiré d’une histoire vraie, le film raconte comment Romain (Pio Marmaï), par souci de tout faire, va tout perdre. Pour tenir le coup, être efficace au travail, être présent et dynamique avec ses enfants, aimant et protecteur pour sa femme (Céline Sallette), il a depuis des années eu recours à une consommation toujours plus importante de cocaïne. Un problème qui ne regardait « que lui » jusqu’à présent, mais quand sa plus jeune fille va se retrouvée hospitalisée suite à des convulsions, les choses vont tourner au drame : des traces de drogue vont être retrouvées dans les analyses sanguines de la fille, l’autre fille, la mère, tout le monde. Il perdra alors la garde de ses enfants et la confiance de ceux pour qui il se battait jusqu’alors.

Peut-on réellement justifier de telles dérives pour « tenir le rythme » ? Non, aucun débat possible. La drogue n’est jamais et ne saura jamais une solution. Néanmoins, une chance de repentance peut s’envisager, mais à l’image des protagonistes du film, quand on a menti aussi longtemps et de façon aussi grave, seconde chance ou non, la confiance peut éventuellement ne jamais revenir. Outre le drame social, la déchéance d’un homme exposée au grand jour, le film nous questionne sur la morale, la capacité de pardonner. Les acteurs sont d’une grande justesse, surtout Pio Marmaï, décidément un des plus grands acteurs français de sa génération. Le film nous tient en haleine, est bien rythmé et laisse planer le doute. Un sujet qui n’intéressera cependant pas tout le monde, la misère humaine n’étant par nature pas quelque chose qu’on recherche, mais il faut avoir conscience que ce genre de fait divers existe, et le film est en cela une bonne leçon de vie.

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Mirrors


Mirrors
2008
Alexandre Aja

Le cinéma horrifique est probablement celui qui m’attire le moins. Rare sont les films à innover, que ce soit sur la forme ou sur le fond, et le raz-le-bol est absolu face aux énièmes films de démons avec des bondieuseries et des jumpscare putassiers avec moult effets sonores bien trop forts, ou élément visuel surgissant d’un coup. De temps à autre, on essaye de laisser sa chance à l’un d’entre eux, puis on le regrette.

Ex policier devenu alcoolique depuis qu’il a été responsable de la mort d’une personne, Ben (Kiefer Sutherland) essayait tant bien que mal de redresser la barre pour revoir et peut-être regagner la confiance de sa femme (Paula Patton) et ses enfants, désormais éloignés à cause de son comportement parfois violent à cause des ravages de l’alcool. Pour retrouver une vie normale après la prison, il avait notamment entreprit de devenir veilleur de nuit au Meyflowers, un centre commercial ayant succombé aux flammes, dont les propriétaires, en attendant de réhabiliter les lieux, veillent à ce que par exemple des squatteurs ne viennent pas s’y installer. Seulement ce qu’il pensait être un job tranquille allait en réalité mettre sa vie danger.

Dans l’absolu, pourquoi pas, pas trop de bondieuserie, des mystères, de l’angoisse, des scènes choquantes (et à peu près justifiées). Le film est assez long, quelques incohérences et preuves d’inconscience face au danger, mais dans l’absolu le film aurait pu être considéré comme correct. Seulement voilà, non seulement il est sorti après 1999, donc le jeu, mais il est en plus sorti après 2006, donc le film Silent Hill. Or tous les ressorts du film, le monde miroir, l’origine du mystère, le coup de la petite fille et ce qu’elle devient, presque tout jusqu’au plod twist final, tout est repompé du jeu / film. Un manque cruel d’imagination, piochant de fait tous ces œufs dans le même panier, et en termes de mise en scène, ambiance ou efficacité, la comparaison fait mal. Une œuvre mineur, plagiant à outrance, et qui ne mérite donc pas qu’on s’en rappelle.

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Jour J


Jour J
2017
Reem Kherici

Triangle amoureux, encore. Mais cette fois, après l’indécise à moitié fautive, voici le lâche, le connard dans toute sa « splendeur ». On suivra la débâcle de Mathias (Nicolas Duvauchelle), minable ayant trompé sa copine Alexia (Julia Piaton) au cours d’une soirée avec une certaine Juliette (Reem Kherici). Cette dernière, ne savant que le bougre était déjà en couple, lui avait laissé sa carte. Quand Alexia va tomber par hasard sur ladite carte, ce dernier va lâchement lui laisser croire qu’il avait cette carte car la Juliette en question est organisatrice de mariage, et que bien sûr que non, il n’a pas batifolé comme un salaud, mais veut au contraire lui passer l’anneau. Lui qui n’aimait pas spécialement sa copine, il va se retrouver à organiser son mariage avec celle qui fut une nuit sa maîtresse, le début des galères.

En voilà un film qui met la masculinité à l’honneur… Lâcheté, tromperie, couardise, bêtise, mensonges, tout y passe. Cela débouche sur des situations cocasses, tendues, et l’humour fonctionne assez bien dans l’ensemble, mais on repassera niveau moralité. L’écriture est globalement assez mauvaise, se vautrant dans un sacré paquet de facilités hautement prévisibles, notamment le coup de la carte, moteur de l’élément déclencheur du tout début, qu’on voit venir à des kilomètres. Passé les cinq premières minutes du film, on peut prédire facilement le reste jusqu’au générique de fin. C’est toujours un problème, mais certes moins dans le cadre d’une comédie romantique, genre où la marge de manœuvre est faible et où on est habitué à ce genre de fainéantise. On passera sur Sylvie Testud, peu utile, mais le film compte heureusement sur quelques rôles secondaires sympathiques voir drôle, comme Lionnel Astier, Chantal Lauby ou encore François-Xavier Demaison. Le film se suit sans déplaisir, mais il sera probablement très vite oublié.

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L’Embarras du choix


L’Embarras du choix
2017
Eric Lavaine

Dans le genre difficilement original qu’est la comédie romantique, le film vient proposer un « concept » : l’indécision. Juliette (Alexandra Lamy) souffre d’un trouble mental discret mais parfois difficile à vivre : elle est incapable de prendre la moindre décision. Rien de bien grave jusqu’alors, mais alors qu’elle croyait le beau écossais Paul (Jamie Bamber) reparti vers sa promise, passant alors à autre chose avec Étienne (Arnaud Ducret), homme passionné et simple, Paul va revenir à la charge, ayant quitté sa fiancée pour elle. La voilà convoitée par deux prétendants des plus charmants, mais que faire quand on est incapable de faire le moindre choix ?

Derrière le « concept » du film se cache une comédie romantique des plus classiques, reposant sur un triangle amoureux avec une personne devant choisir entre deux autres, cette fois une femme. Un scénario des plus plats, heureusement un peu sauvé par le casting, avec un beau panel de rôles secondaires : Anne Marivin et Jérôme Commandeur en couple d’apparence vide mais en réalité touchant ; on passera sur Sabrina Ouazani, campant une amie frivole et peu captivante ; et surtout on retiendra Lionnel Astier, toujours parfait dans tout ce qu’il fait avec son charisme incroyable. Un film qui sera vite oublié et qui ne peut prétendre à plus qu’un divertissement peu efficace.

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