Oh, Ramona!


Oh, Ramona!
2019
Cristina Jacob

Les comédies d’ados bien grasses sur des potes et du cul, c’était l’apanage des années 90 et début 2000, mais on peut dire que le genre est mort depuis déjà au moins deux lustres. Pourtant, de temps en temps des tentatives plus ou moins réussies voient le jour, la dernière marquante étant le phénomène Projet X, il est vrai assez original dans le genre surenchère. C’est généralement débile, très gras, mais ça diverti. Spécialistes pour déterrer des insuccès de pays étrangers pour en faire un carton en France (parce que les gens aiment de la merde ? Faut croire… ) Netflix a sorti on ne sait pourquoi ce long-métrage roumain, et ça a visiblement marché puisqu’on me la recommandé et obligé à voir…

L’histoire du film suit les mésaventures de Andrei, plus gros connard et pervers de l’univers, actuellement dans le corps d’un ado de 16 ans peu gâté par la nature et ravagé par ses pulsions sexuelles, toutes tournées vers Ramona, une camarade de classe ultra chaudasse et qui s’est déjà tapé la quasi entièreté du bahut, donc pourquoi pas lui. Par le miracle du scénario, il va réussir à se la taper et sortir avec, mais durant des vacances il va tomber sur Anemona, jeune réceptionniste qui malgré toute la maladresse du monde, le fait qu’elle soit majeure et déjà en couple avec un vrai homme, va se laisser séduire par le maigrichon stupide de 16 ans, qui trouve donc le moyen de tromper sa copine à la première occase. Et bah putain !

Outre le fait que le film soit clairement une sous-production avec un budget risible et des acteurs visiblement pas tous professionnels, loin s’en faut ; qu’il saccage ses propres effets et gags avec des incrustations cartoonesques incroyablement cheap ; que le scénario n’ait aucun sens et parte dans des délires tous plus abrutissants les uns que les autres ; le vrai problème du film est son personnage principal. Je n’ai pas souvenir d’un héros plus antipathique. Blanc-bec sans couille dénué de charisme ou de charme, le bougre arrive pourtant à serrer qui il veut pour ainsi dire, ce qui n’a aucun sens tant physiquement il est dégueulasse et mentalement c’est un débile profond, et le pire c’est que c’est le dernier des connards, traitant les femmes comme des objets, portant l’étendard de l’amour mais incapable de rester fidèle cinq minutes tant son cœur balance constamment et que sa putain de bite atrophiée dirige sa vie. Dès qu’il ouvre sa gueule on a envie de lui foutre une tarte, et à la moindre de ses actions de gros lâche ou d’infini enculé, l’envie de le voir ramper dans le caniveau, les vêtements en lambeaux et la tronche défoncée, se fait urgente. Le film n’est jamais drôle, attachant ou même excitant comme certains du genre peuvent l’être, le film étant totalement censuré, donc l’intérêt n’y est pas. C’est néanmoins édifiant de voir à quel point le sexe occupe une place prépondérante dans la vie des ados, d’à quel points les sentiments n’existent plus et que la fidélité n’est qu’une vaste chimère, puisqu’apparemment ces derniers s’y retrouvent.

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Sonic le film


Sonic le film
2020
Jeff Fowler

Dans cette pauvre année amputée de nombreux blockbusters, certains décalés à 2021, d’autres purement sacrifiés et tristement distribués en streaming, Sonic fut le dernier à jouir d’une sortie à peu près normale avant la catastrophe planétaire économique du Covid19. Bien sûr, le film pouvait prétendre à bien plus que les 306 M$ glanés, car le film était encore largement distribué au moment des fermetures, et on aurait pu tabler entre 350 et 400 millions de dollars dans le monde en fin de carrière, mais il reste encore troisième plus gros succès de l’année et une suite est déjà programmée.

Adaptation de la saga vidéoludique éponyme culte, le film partait assez mal. Il est l’égérie d’une gamme de consoles éteinte, et les ventes de jeux ne sont plus ce qu’elles étaient il y a 20 ans. De plus, la première version du design du héros fut tellement décriée que le film fut repoussé de plusieurs mois pour refaire sa modélisation. Logiquement un tel couac aurait dû en refroidir plus d’un, mais le service marketing a frappé très fort en faisant passer le changement de design pour un acte fort, une amande honorable à l’écoute des fans. Ou comment faire passer un rattrapage catastrophique pour un merveilleux cadeau.

Y a t-il vraiment un scénario dans les jeux Sonic ? N’ayant joué qu’aux premiers sur Megadrive, mise à part le style du personnage, sa capacité à courir vite et son antagoniste emblématique, pas vraiment, donc le film avait le champ libre. On y découvre donc notre Sonic comme une créature extraterrestre aux pouvoirs démesurés, attirant la convoitise d’un mystérieux groupe, obligeant sa mère à l’abandonner très jeune sur une bien étrange planète : la Terre. Après des années à se tapir dans l’ombre, il finira par attirer l’attention sur lui, amenant le terrible Docteur Robotnik (Jim Carrey) à le traquer. Il trouvera refuge auprès d’un policier du coin, Tom (James Marsden).

Ayant délaissé les jeux de la franchise depuis près de deux décennies, je n’avais aucune attache particulière au personnage, et que ce soit la VF ou l’idée d’en faire un body movie à destination du jeune public, je n’avais aucun grief contre le film. Sans parler de déception puisque je n’avais aucune attente, il est néanmoins difficile de se montrer convaincu. L’histoire est assez pauvre, on évoque d’autres planètes, d’autres espèces, mais rien n’est développé. On ne sait rien non plus des pouvoirs de Sonic, que ce soit leur nature, leur fonctionnement. Les ficèles scénaristiques sont aussi sacrément énormes, à grand coup de « comme par hasard » faisant avancer l’histoire sur des rails. Pour autant, ça n’empêche pas le film de rater complètement la gestion du personnage principal, Sonic, qui ne suscite à aucun moment les réactions attendues. Comment les gens peuvent-ils rester aussi calmes ? Pourquoi n’ont-ils pas plus de curiosité vis-à-vis de cet extraterrestre ? La scène du bar est à se taper la tête contre les murs, et nombre de passages censés être drôles sont justes malaisants. Le film est donc une abomination ? N’allons pas jusque là, les effets spéciaux sont correctes, certains passages sont amusants, la relation Tom / Sonic marche assez bien, et même s’il en fait des caisses, Jim Carrey est très bon dans son rôle. Les scènes d’actions sont efficaces, et même si on soupir plus d’une fois, le film se laisse voir. Un divertissement parfois bancal, parfois correct, mais souvent banal.

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Play


Play
2020
Anthony Marciano

Au milieu des grosses sorties de fin d’année et des challengers des Oscars sortant en début d’année, il est difficile de s’y faire une place, d’autant quand sur le papier le film a l’air sympa sans plus. Déjà, retracer la vie de quelqu’un, ça a déjà été fait un paquet de fois, et même en « vrai » avec Boyhood qui a réellement été tourné sur douze ans. De plus, pour le raconter via l’angle de la caméra, on tombe dans le gros cliché du found-footage : le gars un peu bizarre qui se met à tout vouloir filmé du jour où on lui offre une caméra. Un semi-bide en salle, un concept éculé et des mécaniques usées. Et pourtant, ça marche.

Parfois quand on fait le bilan de sa vie, on se dit qu’on a fait le mauvais choix. Difficile de dire à quel moment précis on a dévié du chemin qu’on voulait, mais à l’heure de faire le bilan, Max (Max Boublil) ne sera pas très satisfait. Lui qui a passé des décennies à enregistrer tout et n’importe quoi, il va se repasser le film de sa vie pour essayer d’en tirer des leçons.

Plus on remonte, et plus on se dit « mon dieu la chance qu’ils ont eu ». Par rapport aux nouvelles générations, j’ai connu l’arrivée d’internet, les percées de l’informatique, les débuts du jeux-vidéos. Si on remonte aux années 80, il n’y a pas beaucoup de changements, si ce n’est qu’ils en ont encore plus ressenti l’impact de part l’arrivée proportionnellement plus brutale. Si on remonte, ceux nés dans les 70 se sont un peu fait entubés. Trop jeunes pour vivre la période hippie, trop vieux pour s’émerveiller plus tard devant les mangas et les nouvelles technologies. En revanche, de fin 40 à 60, c’était un peu la période bénie : pas de séquelles de la guerre, on découvre l’âge d’or du cinéma, c’est l’effervescence économique, pas besoin de diplômes ou de se prendre la tête avec le boulot, il suffisait de se bouger et tout se faisait au mérite, et avec du bol on fini sa carrière début des années 2000 avant que le marché du travail ne devienne un cancer absolu. Donc quand le film nous rappelle toutes les bonnes choses qui sont arrivées depuis les années 80, on ne peut qu’acquiescer.

Une formule feel-good en-plein de nostalgie, nous partageant les bons moments d’une bande de potes, évoluant au fil des ans, mais dont un quatuor d’amitié (incluant pour les adultes Alice Isaaz et Malik Zidi) solide se dessine peu à peu. C’est plein de douceur, de moments suspendus, de drames et de barres de rires entre potes. Il y a aussi la famille, étrangement gérée (si on suit beaucoup Noémie Lvovsky, mère de Max, pour son père incarné par Alain Chabat on ne comprend pas vraiment son histoire – absent ou mort ? Jusqu’au message inattendu et sans suite, on pensait savoir, mais le doute resurgit), mais donc le film se concentre surtout sur l’amitié. Le film gère remarquablement bien le passage du temps, notamment grâce à un casting particulièrement bien choisi : une fois compris qui resteront les personnages principaux, soit le second âge (16-20 ans), on reconnait incroyablement bien les personnages. Bon après l’actrice est la même de 16 à 35, et je crois que Max Boublil double sa version jeune, mais donc ça fait trois changements physiques réussis. Excellent travail de maquillage, d’accessoiristes et de décors donc, puisque non seulement l’immersion marche bien, mais par rapport aux personnages principaux, une actrice de 28 ans est crédible à 16 ou 35 ans, de même qu’un acteur de 45 ans est crédible même à 25 ! Enfin ce qui marche surtout dans le film, c’est l’ambiance. On y croit à cette amitié, à la simplicité des moments, les acteurs sont bons, l’histoire de leurs vies nous touche (pas mal de par l’écho de la notre d’ailleurs, de par la proximité culturelle de l’âge), et niveau humour le film est très efficace. Il ne faut pas s’attendre à une révolution ou à la comédie de l’année, mais voilà un film plus intelligent qu’il n’y paraît, nous proposant une introspection sous forme de balade aux diverses émotions du panel que nous offre la vie.

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#Jesuislà


#JeSuisLà
2020
Eric Lartigau

Pourquoi sommes-nous tous tombés amoureux d’Alain Chabat ? Si on y regarde de plus près, sa filmographie n’est pas si flamboyante, ayant à peu près autant de bons que de mauvais films à son actif. Et pourtant, c’est un fait : le simple fait de le voir nous fait du bien. Il inspire la confiance, la sympathie, et qu’importe le projet, on a envie de le suivre. Dans une époque où on perd ses repères, où le futur n’est guère engageant, notre bon copain d’enfance des Nuls est un peu notre étoile du Nord. Alors forcément, quand on nous vend en prime une romance sur un air de feel-good movie, notre cœur était conquis d’emblée.

Ah les réseaux sociaux et autres applis de rencontre… Rien n’est plus fictif que la vie virtuelle, et le pauvre Stéphane (Alain Chabat) va l’apprendre à ses dépends. Chef dans un restaurant qu’il possède, il s’est peu à peu vautré dans une routine sinistre, vivant seul dans sa maison isolée depuis déjà bien trop longtemps. Son unique rayon de soleil est Soo (Doona Bae), une sud-coréenne parlant admirablement français, partageant avec lui le goût des belles choses et avec qui il discute à l’occasion sur Instagram. Les mois vont passer, une complicité va s’installer, et au détour d’un élan de folie, Stéphane va se lancer et partir à sa rencontre en Corée. Seulement à son arrivée, contrairement à ce qu’elle avait promis, elle n’était pas là…

Qu’on se le dise direct, si vous espérez y voir une belle comédie romantique, passez votre chemin. Le film se veut réaliste et terre-à-terre, donc comme dans la vraie vie, tout n’est que déception. Comme dans la vraie vie, le romantisme est une notion exclusivement masculine, de même que les femmes sont fausses, lâches, manipulatrices et d’un égoïsme exacerbé. Pourquoi diable promettre de venir alors ? Toujours cette même lâcheté qui poussent les femmes à promettre monts et merveilles, tout cela pour avoir la paix, le temps de sortir le poignard et bien le planter dans le dos. Le film est-il alors complètement raté ? Non, il est simplement d’un réalisme froid et fataliste, et de fait le sujet du film n’est pas l’amour, mais la quête de soi, s’ouvrir au monde. Et quand on choisit Alain Chabat pour jouer les âmes en peine en quête d’humanité, c’est juste bouleversant. Il est d’une rare justesse. Une vérité puissante se dégage de l’ensemble, et malgré la morosité et quelques soucis de rythme, l’exercice reste intéressant.

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Ocean’s Eleven


Ocean’s Eleven
2002
Steven Soderbergh

Souhaitant prolonger l’expérience de l’excellente série Elite (quoique déclinante dans sa troisième saison), je m’étais attelé à la série La Casa de Papel, considérée comme exceptionnelle et ayant pas moins de cinq acteurs en commun avec l’autre série. Constatant las que la série est incohérente de bout en bout, que le génie criminel promis n’est pas là, et consterné par une quatrième partie écrite à la truelle et ne concluant toujours rien, j’ai donc voulu me replonger dans ce qui était dans mes souvenirs le meilleur film de braquage de tous les temps.

Remake du film L’inconnu de Las Vegas de 1960, le film nous raconte comment onze personnes (incluant Brad Pitt, Matt Damon, Don Cheadle et Casey Affleck) vont tenter le casse du siècle. Alors qu’un match de catch historique met la ville de Las Vegas en effervescence, décuplant la fréquentation des casinos, jamais autant d’argent n’aura été réuni au même endroit. En effet, pour couvrir l’événement, le président (Andy Garcia) de trois grands casinos de la ville va avoir en coffre plus de 160 M$, et pour Dany Ocean (George Clooney), organisateur du coup, ce sera aussi l’occasion de s’en prendre à l’homme qui lui a volé sa femme (Julia Roberts).

Entre un réalisateur reconnu, un scénario astucieux et un casting de fou furieux, le film avait toutes les cartes en main pour être exceptionnel. Pourtant, le film est très loin d’être à la hauteur de mes souvenirs. Alors oui, le coup repose sur une multitude d’excellentes idées, et le casse en lui-même justifie amplement de voir le film, mais il persiste pas mal d’ombres au tableau. Pour commencer, le film souffre du syndrome « film chorale ». Quand il y a une telle pléthore de protagonistes, il est difficile d’exister, et le film échoue à développer ses personnages. La plupart se limitent à leurs fonctions, montrées en scène introductive, et en dehors de Dany, aucun autre personnage n’aura d’autre enjeu que l’argent du casse, sans autre motif que devenir riche. Avec en prime strictement aucune femme parmi les onze membres du groupe, il y a clairement un gros problème d’écriture. La réalisation est elle aussi loin d’être parfaite : rien de mémorable, et le montage et les transitions ont prit un coup de vieux. Reste alors le coup, finement pensé et d’une grande minutie, mais on s’empêchera pas de penser qu’au final Dany est complètement inutile à son propre plan. Un bon divertissement avec du charisme à revendre et un casse excellent, mais loin d’être parfait.

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La Vérité si je mens ! Les débuts


La Vérité si je mens ! Les débuts
2019
Michel Munz, Gérard Bitton

Des génies ma parole ! Si son succès me semble largement déraisonnable, notamment de par le succès inexplicable du premier qui n’était vraiment pas folichon, il n’en reste pas moins que La Vérité si je mens est l’une des sagas les plus emblématiques en France avec près de 17 millions d’entrées en trois films (en quatre aussi d’ailleurs). Sans réitérer l’exploit des quasi huit millions d’entrées du second opus, le troisième avait tout de même fait plus de quatre millions et demi, et c’est logiquement qu’une nouvelle suite fut envisagée. À force le public a développé une réelle affecte autour des personnages, mais finalement ça n’est pas une suite mais un préquel qui fut lancé. Exit donc les incarnations emblématiques des personnages, place à un tout nouveau casting d’inconnus.

Que s’est-il passé dans le sentier avant l’arrivée d’Eddie ? Nous voilà de retour dans les années 80 alors que Serge et Dov passent le bac, et que Yvan et Patrick Abitbol montent une affaire de vidéo-club. Et comme d’hab, ça va parler affaires, amour et cul, et comment esquiver ses responsabilités.

Rien que sur le principe le film accumule une quantité phénoménale de tares.  Recaster les acteurs ? Vu l’histoire, c’était inévitable, mais à défaut d’en prendre des qui savent jouer, en prendre des un minimum ressemblant, ça aurait été pas mal. Que ce soit pour Patrick et surtout Yvan (j’étais persuadé que c’était Eddie, mais ça n’avait aucun sens), il n’y a strictement rien qui rappelle de près ou de loin l’acteur d’origine, à tel point que le rôle d’Yvan a été réduit à pot de chagrin. Patrick s’en sort à peu près et a l’histoire la plus développée (quoique sans conclusion), mais l’acteur est constamment dans une mimique dissonante, singeant Gilbert Melki (qui joue son propre père) de façon trop flagrante. Même constat pour Serge, qui en revanche n’aura pas de développement intéressant et abouti. Le seul autre personnage réellement développé sera Dov, le BG en puissance, mais difficile de passer outre un « hommage » frisant à ce point le plagiat. Son histoire avec la femme (Audrey Dana) de son patron (François Berléand) n’est pas sans rappeler Le Lauréat, et clairement le film n’en a ni l’intensité, ni la finesse d’écriture. Et à ce niveau-là, quitte à en voir un remake, autant se regarder American Pie, autrement plus divertissant et abouti. De même, si le but est de voir une bande de pote avec l’ambiance de l’époque, Les Sous-doués fait mieux le taf. Le film ne sait donc pas trop où se positionner, et même s’il reste vite fait divertissant, il est complètement vain. Il ne permet pas de mieux comprendre les personnages, les événements du récit n’ont eu aucun réel impact sur leurs vies, et j’imagine mal quelqu’un ne connaissant pas la saga y trouvant le moindre intérêt. La vérité, on s’en serait bien passé.

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6 Underground


6 Underground
2019
Michael Bay

Fatigué d’une licence qu’il ne maîtrise plus et des studios imposant certaines contraintes, Michael Bay a donc accepté avec joie la carte blanche de Netflix : 125 M$ pour une grosse purge d’action sans censure. Pour le service de streaming, c’était un sacré pari tant ce genre de budget est difficile voir impossible à amortir, mais c’était surtout l’occasion d’ajouter du lourd à son catalogue et montrer qu’eux aussi concourent dans la cours des grands. Ce n’est pas non plus une grande première, Triple frontière avait déjà ce genre d’ambitions, et force est de constater qu’il le faisait mieux.

Le principe du film aurait pu être bon : un milliardaire (Ryan Reynolds) va décider de mettre sur pied un groupe d’élite fantôme (incluant Mélanie Laurent et Dave Franco), composé de gens officiellement morts et n’ayant rien à perdre, dont l’objectif sera de s’occuper des menaces en dehors des juridictions.

L’introduction du film fera d’emblée le tri. Ça passe ou ça casse, et perso ça n’a pas prit, et la suite fut pire. On démarre directement avec une course poursuite éreintante de vingt minutes, au montage épileptique et grosses cascades racoleuses à défaut d’être originales. Bref, les plus grosses tares de son réalisateur poussées à leur paroxysme, et ça fait mal. Enfin bon, une grosse purge d’action peut divertir, mais pas quand le scénario est à ce point fatiguant. Ouin les dictateurs sont très vilains et il faut les tuer, et c’est limite si on ne leur met pas directement dans les mains une arme de destruction massive, avec écrit texto cela dessus, braquée sur des enfants estropiés pleurant sur le cadavre de leurs parents décapités. On en est là niveau cliché lourd et pathétique. Quand on sait que TOUS les pays où l’on a fait « tombé » le dictateur en place (incluant généralement le massacre de toute sa famille en prime, vive le monde « civilisé ») ont tous sans exception sombré dans le chaos et une misère plus sombre qu’avant, et qu’en plus avec le drame du Coronavirus incomparablement mieux géré par le gouvernement chinois que n’importe quel autre pays au monde, pointer du doigt les dictatures fait doucement rire. Il y a l’art et la manière, et le film est juste une parodie minable écrite par un consanguin complètement abruti. Enfin deux, comme quoi l’union ne fait pas la force. L’humour tombe souvent à plat, le montage est insupportable, l’écriture paraisseuse au possible, et même niveau action le film échoue à apporter une quelconque once de nouveauté. Un gros bousin insipide, et tâchons de vite l’oublier.

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Bloodshot


Bloodshot
2020
Dave Wilson (II)

Bien que généralement le succès décroit de film en film et que chercher à établir une franchise, c’est un peu comme vouloir dilapider les bénéfices, il n’empêche que les studios n’ont de cesse que de vouloir adapter des saga littéraires ou des comics pour prospérer de façon pérenne. Voilà ce qui aurait pu devenir à n’en point douter une saga assez rentable tant la campagne marketing fut efficace, et entre un budget modeste (45 M$) et le statut de star ultime de son interprète principal en Chine, où la saga Fast & Furious défonce tout sur son passage, les planètes semblaient alignées. Puis ce fut le drame : le Coronavirus. Espérant esquiver la vague, le film fut finalement privé de sortie en Chine et sera arrivé aux Etats-Unis dans un contexte où près d’un tiers des salles avaient déjà fermé. Dès son quatrième jour, 95% des salles étaient fermées, et à moins d’une semaine d’exploitation, le monde entier était en quarantaine. Le film n’aura eu l’occasion de rapporter que 30 M$, et dans un contexte normal, sur la même période il en aurait rapporté facilement le double, ce qui aurait laissé présager à minima 200 M$ dans le monde en fin de carrière. Un gros carton programmé, finalement déprogrammé et débarquant en VOD telle une sous production lambda tant 5-6 derniers mois de l’année seront surchargés de sorties majeures se marchant toutes dessus. Triste monde.

En parlant de la noirceur du monde, Ray Garisson (Vin Diesel) ne la connaît que trop bien, étant militaire américain. Du moins c’est ce qu’il était de son vivant, avant qu’un psychopathe (Toby Kebbell) ne le soumette à un interrogatoire au cours du quel lui et sa femme seront exécutés. Pour toute personne normale, la mort est alors la fin du voyage, mais c’était sans compter sur le projet militaire du docteur Harting (Guy Pearce), spécialiste en nano-technologie et qui va le ramener à la vie.

On ne le dira jamais assez : la science-fiction est le meilleur vivier scénaristique possible. Le principe du film est juste dingue, à la croisée d’un Mass Effect 2 et d’un Mass Effect Andromeda où la science permet de sauver une personne que d’aucuns auraient tôt fait de déclarer mort, tout en lui implantant une technologie décuplant ses facultés, tant physiques que mentales. Enfin bon, forcément, pour ce qui est de la question de l’existence post-résurrection, on ne pouvait pas s’attendre à un développement à la hauteur des deux derniers opus de la trilogie s’étalant sur 40-60 heures, mais de là à ne se poser à ce point aucune question, c’est dommage. Pareillement, si même en une soixantaine d’heures Andromeda n’effleurait qu’à peine le potentiel du transhumanisme, on se doutait que la réflexion serait faible, mais en réalité cela se limite carrément à un simple outil bien pratique. Ouch… Avec en prime notre bien aimé Jamie Fraser (Sam Heughan) cantonné à une caricature de méchant, l’écriture fait mal malgré tant de prémices savoureuses. Le mode auto-guidage s’active très vite dès la première demi-heure passée, tout s’enchaînant dans une prévisibilité navrante. Pour autant, le film n’en devient pas mauvais : le pitch de base reste plutôt bon ; le choix de Vin Diesel en auto-caricature est un coup de génie très méta vu le « twist » middle ; l’action fuse et le divertissement est assuré ; et enfin, malgré un budget modeste, les effets spéciaux sont impressionnants, montrant les prouesses en modélisations réelles. Au final l’ensemble tient la route, et même si l’immense potentiel est saccagé, il faut parfois savoir s’en contenter.

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Mission to Mars


Mission to Mars
2000
Brian De Palma

Quand on croit avoir toujours un sens critique plus aiguisé que les autres, on se méfie de l’avis « général » et on fabule sur des comparaisons intenables. Bien que ce soit pour m’en dire le plus grand mal, quand on m’a récemment rappelé l’existence de ce film, j’y ai vu l’espoir, la grandeur d’évasion des plus grands chef d’œuvre de science-fiction. L’affiche digne d’une vision de Mass Effect, une histoire de mission de reconnaissance / sauvetage en dehors de notre atmosphère, un réalisateur de cinéma d’auteur aux commandes d’un énorme projet SF, produit par Disney et qui a fait un four en salle. Bref, sur le papier les mêmes caractéristiques que le film le plus abouti de l’an dernier : Ad Astra. Ah c’est beau de se faire un film dans la tête, mais les comparaisons s’arrêtent là…

Nous sommes en 2021, peu après que la première mission habitée, partie de la Terre le 7 juin 2020, ait atteint la planète rouge, Mars (ah c’est beau de rêver, 20 ans plus tard on n’est pas plus avancé… ). Chef de l’équipe sur place, Luke Graham (Don Cheadle) va détecter une anomalie structurelle aux abords de leur base. Cette nouvelle sera le dernier message reçu par la station spatiale internationale de leur part, laissant craindre le pire. Ses collègues astronautes Jim (Gary Sinise) et Woody (Tim Robbins) vont alors décider de monter en urgence une équipe pour se rendre sur place, à la recherches de réponses et d’éventuels survivants.

Dès les dix premières minutes, l’euphorie de se plonger dans de la SF s’était envolée. Dix minutes à voir des stéréotypes ambulants blablater avant le grand départ, qui finalement n’aura pas lieu. Point de décollage à vous coller des frissons, de comment se passe une traversée dans l’espace insondable six longs mois durant, rien. On se retrouve directement sur place, pour la fameuse découverte. Le contact sera l’occasion d’une flopée d’effets spéciaux incroyablement mauvais, où l’on voit que l’intégralité des grains de poussières, roches et autres graviers sont des incrustations sur un sol inexplicablement immuable, créant une dissonance terrible. Mais le vrai problème sera scénaristique : face à une tornade des plus violentes, qui est assez con pour rester à regarder ? Qu’il y ait un con, à la rigueur, mais TOUS ?! Même quand ça arrache des pierres du sol à moins d’un mètre ?! En vingt minutes, le sort du film semblait scellé, mais ça n’était que la première d’une longue succession de déceptions. Le film se torche tellement violemment avec la science que s’en devient usant. Comment peut-on ne pas savoir que la moindre brèche tuerait  quasi instantanément l’entièreté des habitants d’un vaisseau dans l’espace ? Le plus fort restera tout ce qui entoure la révélation finale, cumulant tous les clichés les plus éculés de la SF de la manière la plus maladroite et bancale possible. L’échelle du plan galactique aura de quoi rendre fou, sans compter les effets-spéciaux tellement criards qu’on se croirait dans les années 50 avant 2001 : l’odyssée de l’espace. On sent d’ailleurs que ce film tente de le copier sur énormément de points en terme de technique, et ce seront justement les points les plus réussis, mais en dehors de la récupération du module, pas grand chose de marquant. Le film aurait simplement pu être moyen si son scénario n’était pas à ce point claqué au sol, mais vraiment la dernière demi-heure est un ratage complet, une souffrance. Terrible désillusion…

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J’accuse


J’accuse
2019
Roman Polanski

Voici assurément la plus grosse polémique du cinéma français du moment : peut-on et doit-on séparer l’artiste de son œuvre ? Non dans la mesure où l’homme derrière l’artiste aide à comprendre son travail, mais quel que soit la vie de l’homme, cela ne doit pas nous empêcher d’apprécier son travail, d’autant que résumer un film à son seul réalisateur est une injure aux milliers de personnes ayant aussi travaillé dessus, surtout dans un film d’époque où la reconstitution des décors et des costumes est si importante. Après oui, quand le film reçoit le prix de la meilleure réalisation, cela ne récompense pas l’ensemble des personnes de la production, mais bien le réalisateur et uniquement lui. De ce point de vue là, lui décerner le prix ultime était une erreur, mais tâchons d’oublier cet incident plus exaspérant qu’important.

Le film nous place en 1894, alors que le capitaine Dreyfus (Louis Garrel) est reconnu coupable de traîtrise, déchu de ses grades militaires et exilé sur une île-prison. Pour le colonel Picquart (Jean Dujardin), c’était assurément une bonne nouvelle : la France se débarrassait de la vermine juive. Pourtant, après avoir récupéré le poste de directeur du service de renseignements de l’armée, il va faire une découverte troublante le faisant douter. Et si Dreyfus était innocent ? Et si le traître était encore dehors ?

Affaire à la portée historique, tout élève l’a forcément étudié au moins une fois au cours de sa scolarité, et assurément comme moi tout le monde ou presque a oublié l’entièreté de l’histoire. Une chance pour mieux apprécier les retournements de situation, et je n’en soufflerais donc mot. Néanmoins, avec le recul, je vois mal comment cette affaire a pu tant marquer. Des erreurs judiciaires, il y en a tous les jours, et contrairement à ce que d’aucuns auguraient compte tenu du harcèlement médiatique subit par son réalisateur, le parallèle s’arrête là puisque ce n’est pas spécialement le peuple mais surtout le gouvernement qui harcela le colonel Picquart. Pour ce qui est de l’antisémitisme, il n’est pas non plus si violent, se montrant plus culturel que viscéral. L’histoire en elle-même n’est donc pas si intéressante que ça, du classique à base d’enquête, de conspiration et d’honneur. Reste que le film a deux arguments de taille. Le premier et le plus évident est son casting, réunissant quantité de têtes plus ou moins connues : Laurent Stocker, Vincent Perez, Mathieu Amalric, Denis Podalydès ou encore Michel Vuillermoz pour les plus inspirés, et Emmanuelle Seigner, Grégory Gadebois et Melvil Poupaud pour les moins convaincants. On reconnaîtra aussi moult voix, des doubleurs de renom y ayant des rôles physiques. C’est sympathique, mais ça ne fait un film. Non, le vrai intérêt du film réside dans les dialogues, et aussi la force d’interprétation de Dujardin. On éprouve de l’admiration en entendant par exemple : « Je ne veux pas d’une nouvelle affaire Dreyfus. Ce n’est pas une nouvelle affaire Dreyfus, c’est la même ». Et comment ne pas être abasourdi par une telle prestance, un tel charisme quand résonne « C’est peut-être votre armée, mais ce n’est pas la mienne ». On peut aussi souligner le travail admirable sur les décors et les costumes. Clairement le film a eu les moyens de ses ambitions, quelques passages donnent le frisson, mais les enjeux peinent à dépasser le cadre humain, laissant dubitatif sur la portée historique des faits.

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