Il Était une fois


Il Était une fois
2007
Kevin Lima

Alors que débarque presque jour pour jour quinze ans plus tard une suite tant attendue (enfin surtout annoncé il y a tant d’années, 2010 je crois), retour sur un petit compte presque de Noël mais surtout dans l’esprit de Noël : enfance et crédulité. Un film qui m’avait particulièrement plu, absolument sous le charme de son héroïne, et sans avoir été un succès tonitruant, avec 340 M$ dans le monde puis des ventes en support physique digne des plus gros blockbusters, je n’étais visiblement pas le seul à avoir été marqué. Mais le film a-t-il survécu aux affres du temps ?

Giselle (Amy Adams), demoiselle en détresse sauvée par le prince charmant (James Marsden) en personne, était sur le point de l’épouser et de devenir ainsi la princesse du royaume d’Andalasia, mais c’était sans compter sur sa marâtre de reine (Susan Sarandon), voyant en elle une menace. Pour ce débarrasser d’elle, elle l’enverra dans l’endroit le plus brutal, le plus triste et violent qui soit : New-York, dans notre monde de pauvres mortels. Elle sera prise sous l’aile d’un avocat (Patrick Dempsey), mais le bras droit (Timothy Spall) de la vil reine veillera à ce qu’elle ne retrouve jamais le chemin du royaume magique.

Bien avant Mary Poppins en 1964, il y avait eu Saludos Amigos en 1942 avec nulle autre que Donald Duck, donc mêler animation et live ne date pas d’hier. D’autant qu’ici les deux sont bien distincts : le monde réel en prises de vue réelles, et le monde magique d’Andalasia en animation 2D (de bonne facture, sans plus). Parodier l’univers des contes de fées n’est pas non plus gage d’originalité, on pourra par exemple citer Princess Bride de 1987. Alors non, le film ne fait rien de neuf, le genre comédie-romantique musicale est éculé, malgré un budget très correct, les années font que les FX du climax ont vieilli. Que reste-il alors ? La simplicité, le charme, l’efficacité. James Marsden fait un débile parfait, l’écureuil est un comic relief solide, le sbire est le stéréotype de l’amoureux transi qui évidemment se remettra en cause – tout est prévisible et attendu, mais en même temps c’est ce qu’on en attend – Patrick Dempsey est génial en avocat pétri de certitudes, ayant perdu fois en tout, acerbe, cynique, et qui réapprendra la valeur de la vie grâce à la tourbillonnante Giselle, campée avec une élégance et un charme inouïe par la somptueuse Amy Adams. La marâtre est un peu cabotine, mais dans l’ensemble le casting est excellent. Un film qui n’innove en rien, mais qui fait tout bien, et qui fait du bien. Des valeurs d’ouverture, de carpe diem comme on aime, et c’est tout ce qu’on demandait.

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Père Stu : un héros pas comme les autres


Père Stu : un héros pas comme les autres
2022
Rosalind Ross

Vivement conseillé par un comparse cinéphile, sorti directement en VOD chez nous, quasi bide aux Etats-Unis, pour ainsi seul pays où le film est sorti (avec d’ailleurs une ressortie en acte de fois PG-13 il y a deux semaines, mais qui fut un bide retentissant), le film m’avait été vendu comme un truand se faisant passer pour un prêtre pour séduire une donzelle, idée comique prometteuse, avec en prime un Mel Gibson en père du faux père religieux dont le tandem était hilarant. Une petite pépite méconnue à découvrir de toute urgence ? Loin s’en faut.

Tiré d’une histoire vraie, le film n’est pas du tout – ou très peu – une comédie en réalité, et encore moins une romance. On suit Stuart Long (Mark Wahlberg), boxeur minable dont la santé déclinante ne permet plus d’exercer, et qui va décider de tenter une percée à Hollywood la quarantaine bien tassée. Dans son malheur, il tombera sous le charme de Carmen, une fervente chrétienne, qui le conduira à son vrai amour : Dieu.

Pendant plus d’une heure, j’attendais que le début du canulard commence, à savoir se faire passer pour un prêtre, mais en fait le bougre veut réellement le devenir, et fait tout pour. Ce qui veut dire finito le sexe, incluant donc la Carmen, donc c’est premier degré, sans blague ni romance. On est donc sur littéralement un chemin de croix vers Dieu, ce qui forcément laissera sur le carreau toute personne non croyante. On est presque sur un témoin de Jéhovah venant frapper à votre porte, disant avoir reçu l’appel divin et tout le tintouin. Plus encore, l’histoire racontée n’a rien d’incroyable (des gens trouvant la fois, j’espère pour les églises que ça arrive régulièrement, sinon elles seraient toutes vides), absence d’humour percutant ou de scène forte en émotion, et le rythme est assez laborieux, le cœur du sujet n’arrivant qu’à plus de la moitié sur une durée supérieure à deux heures. Un ennui profond pour ma part, et je pense qu’il en sera de même pour tout non cinéphile chrétien.

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The Holiday


The Holiday
2006
Nancy Meyers

Considéré comme un des plus populaires représentants du genre comédie-romantique, j’en avais gardé un souvenir assez amer de déception face à une campagne marketing trop agressive à l’époque, qui avait tôt fait de le qualifier du titre de « feel-good moovie ultime », statut que semble conserver pour l’éternité Love Actually. Mais face à une pression extérieur ayant elle gardé un bien meilleur souvenir dudit film, il faut savoir concéder une soirée ou deux à l’occasion pour globalement conserver la main mise sur la programmation.

Reprenant très légèrement le principe de film chorale, l’histoire se concentrera sur deux « couples », le quatuor d’affiche. D’un côté, on retrouvera Iris (Kate Winslet) assistante d’édition désabusée par des années à attendre un patron qu’elle aime et qui abuse d’elle à la moindre occasion tout en faisant sa vie avec une autre. Dépressive et au bout du rouleau, elle trouvera une annonce d’échange de maison, lui permettant pour les fêtes de fin d’année d’aller vivre la grande vie à Hollywood. De l’autre côté, Amanda (Cameron Diaz), réalisatrice de bande-annonce dans la ville du cinéma, fatiguée des relations fausses, calculatrices et cupides, va voir en le petit chalet british d’Iris l’occasion de retrouver le vrai monde, des valeurs plus humaines. Et c’est exactement ce qu’elle trouvera quand Graham (Jude Law) va frapper à porte, pensant passer voir sa sœur, et découvrant son âme-sœur.

En vérité, mon souvenir du film était assez froid, alors même que le film a d’immense qualité, mais il est vrai que des défauts, ce n’est pas ça qui manque non plus. C’est probablement l’un des films les plus mal équilibré qu’il m’ait été donné de voir : la romance Amanda / Graham est magnifique, touchante, les acteurs sont excellents. Elle représente d’ailleurs une grosse majorité du film, peut-être 70% même. De l’autre côté, Iris est fade, l’essentiel de son histoire est de découvrir celle d’un vieux scénariste d’Hollywood, de l’âge d’or bien évidemment, comme une gigantesque auto-fellation sur l’art du cinéma. Usant… Et auriez-vous remarqué que je n’est nullement parlé de Jack Black ? Eh bien oui, ce dernier doit avoir moins de dix minutes de présence dans le film, et toute la « romance » avec Iris arrive comme un cheveux sur la soupe à la toute fin. Donc d’un côté on a un coup de foudre à base de vie brisée qui retrouve son phare, de petites filles adorables retrouvant une maman, sous la neige avec la chaleur d’un foyer. Et on suit de l’autre côté de l’Atlantique une coquille vide, se nourrissant des histoires des autres, se pavanant dans une vie qui n’est pas la sienne, et dont la romance est expédiée en cinq minutes à la toute fin. Le bilan est donc à la fois très positif sur 70% du long-métrage, mais totalement insipide sur les 30% restants. Pas de quoi rester dans les mémoires donc, et le projet d’une suite pour Noël 2023, soit 17 ans après, a de quoi laisser perplexe.

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Ceux qui veulent ma mort


Ceux qui veulent ma mort
2021
Taylor Sheridan

Avant de me renseigner pour la critique, j’étais persuadé qu’il s’agissait bêtement d’une production streaming où la seule question lors de la conception était de trouver des têtes d’affiche et quelques images tapageuses, l’intérêt étant de faire du contenu au détriment de la qualité. Mais non, non seulement ce n’était pas un film destiné aux services de streaming, mais le film est même sorti en salle lors de cette hécatombe qui aura marqué l’histoire : la réouverture des salles post-covid aux Etats-Unis en mai 2021. Une période sombre de tous les tristes records, et d’ailleurs le film avait subi la pire idée jamais exploitée et sur une longue période de près d’un an : les sorties simultanées (en l’occurrence sur HBOMax, une plateforme disponible dans très peu de pays, ce qui décuple l’effet piratage). Et en même temps, le film ne méritait pas tellement mieux.

L’histoire est ô combien classique : l’homme qui en savait trop. Comptable ayant découvert des malversations jusqu’aux plus hautes sphères, l’homme en question se fera bien abattre, mais c’était sans compter sur son petit garçon d’une dizaine d’années, ayant réussi à s’échapper dans la nature avec des données compromettantes. D’un côté deux hommes du gouvernement (Aidan Gillen et Nicholas Hoult) vont le pourchasser, et de l’autres deux sapeurs pompiers du coin (Angelina Jolie et Jon Bernthal) vont tout faire pour l’aider.

Rarement un scénario n’aura été aussi bancal… On nous explique que l’affaire menace les plus hautes sphères, que leurs moyens semblent colossaux, mais ils n’envoient que deux hommes ?! Le film lui-même y fait référence tellement c’est stupide, et rien ne vient le justifier hormis le fait « qu’il faut rester discret », alors même que ça mitraille de partout sans fermer les routes, en laissant des corps et quantité de preuves, et que – alerte spoiler qui n’en est pas un tellement on le sent venir dès la première scène sur « traumatisme des flammes » – que les deux cons vont tout faire cramer. On repassera d’ailleurs aussi sur les coïncidences de l’enfer, les ennemis plus increvables que Raspoutine, ou plus globalement tout ce qui est cohérence. La séquence du « oklm les flammes sont en dessous mais ça va il fait pas trop chaud et on respire tranquille » est assez stupéfiante, de même qu’un brasier ravageant tout mais ne faisant heureusement pas chauffer outre mesure le petit cours d’eau. Et c’est dommage, car si on pouvait passer outre un scénario si catastrophique, il persiste un sacré casting, une idée de base pas si mauvaise, un rythme maîtrisé, une réalisation de qualité et des décors franchement impressionnants. Mais rien à faire, impossible de rester concentré quand des incohérences phénoménales entachent le parcours toutes les deux minutes…

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Midsommar


Midsommar
2019
Ari Aster

Vous cherchiez peut-être vous aussi un film d’horreur / d’angoisse pour Halloween (ou dans les environs pour cause de soirée le 31). En manque d’inspiration et espérant être passé à côté d’un must du genre, j’ai arpenté comme beaucoup divers sites de top, aboutissant donc à ce fameux Midsommar, aux critiques assez dithyrambiques. Ne souhaitant pas faire les choses à moitié et habitué aux versions longues / director’s cut infiniment plus abouties, j’ai donc opté directement pour la version de 2h50, à mes risques puérils.

L’histoire est celle de Dani (Florence Pugh), une jeune femme assez perturbée, hyperémotive dont le couple se meurt et qui vient tout juste de perdre ses parents et sa soeur dans un incendie. Finissant leurs thèses de doctorat, son copain et ses collègues / amis (incluant Will Poulter) se préparaient pour un voyage en Suède, et par mélange de compassion et de couardise, ce dernier va l’inviter à se joindre à eux. Un voyage à la découverte d’un village scandinave atypique célébrant le solstice d’été, que d’aucuns qualifieraient plutôt de secte ayant sombré dans la folie.

La thématique de la secte, lieu ou ville étrange et angoissante est un classique du cinéma. On pourra citer The Wicker Man, The Village ou encore Shutter Island parmi mes plus marquants de cinéphile. Impossible donc d’être dupe une seule seconde : entourloupe il y aura. À partir de là, on ne peut se permettre sans une maîtrise absolue de nous faire languir trop longtemps. Et justement, les premiers éléments vraiment clivants n’arrivent qu’au bout de 1h30, soit quand bien des films se terminent… Et si au moins le film se montrait jusqu’alors palpitant puis dès lors incroyable, mais c’est exactement l’inverse : du chill à outrance, babacool, puis tout reprend normalement avec des protagonistes d’un niveau de connerie hallucinant, alors même que la finalité de tout ça ne fait aucun doute et ne surprendra personne. Ou si, peut-être le degré de malaise lors de l’accouplement, et peut-être deux trois autres scènes très frontales sur la violence, mais on est plus sur de la gratuité de mauvais goût, ou en tous cas pas les miens. Un périple usant, peu novateur et jamais surprenant ou prenant. Pas grand chose à en tirer, pas même l’acting sous LSD, la mise en scène plate de documentaire ou l’ambiance sous hallucinogènes. Dur à croire qu’un public existe pour ce genre de trip si long et commun.

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Les Héritiers affamés


Les Héritiers affamés
1994
Jonathan Lynn

Sorte de course à l’héritage avant l’heure, le film étant sorti un an avant le célèbre jeu de société, le film s’était donc emparé le premier de ce « rêve » des plus macabres : hériter de quelqu’un, d’autant plus que pour hériter de quelqu’un il faut généralement être proche de lui. Dans la famille McTeague, tous bavent depuis des décennies sur la fortune colossale du vieil oncle Joe (Kirk Douglas), possédant une grande compagnie qui périclite, une immense demeure, des domestiques, piscine, terrain de golf, bowling à domicile, voitures de sport. Bref, le vieil homme suinte l’argent, mais tout autant l’avarice et le mépris. Personne ne trouve grâce à ses yeux, mais qu’importe, ce qu’il lui reste de famille guette sa future mort avec avidité. Seulement une ombre va se dresser au tableau : une petite arriviste qui fait les yeux doux au papy. Réelle menace à un héritage ardemment souhaité depuis des décennies, ils vont alors s’en aller quérir le seul qui pourrait raviver le cœur aigri du riche grabataire : Daniel (Michael J. Fox), le neveu perdu de vue.

Véritable flop au box-office (13 M$ à sa sortie, soit moins de 30 M$ aujourd’hui avec l’inflation), le film partait pourtant gagnant avec un concept cocasse et un casting d’envergure : une star montante au sommet de sa gloire et une légende du cinéma encore en pleine forme. Et pourtant, le film fut un échec puis est resté terré dans l’oubli le plus profond. Un triste sort et non mérité, car si effectivement le traitement est assez tiède, les coup-bas étant gentillets, pas de vrai complot meurtrier ou autre, et les rebondissements sont tous très prévisibles, il n’en reste pas moins que le film est efficace dans ce qu’il propose. Un film familial, potache, dynamique, drôle, et la carrière de Michael J. Fox en tant qu’acteur valide fut si courte que chacun de ses rôles fait plaisir, surtout qu’en l’occurrence on le sentait très investi.

 

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La Belle époque


La Belle époque
2019
Nicolas Bedos

Partant avec un mauvais à priori sur l’homme entre son père qui m’a toujours insupporté, et lui dont les interventions télévisuelles laissaient paraître un homme froid et atrocement hautain, le film ne partait pas gagnant. Alors certes, le long-métrage avait fait pas mal parler, jouissant d’excellentes critiques aboutissant à un joli succès (près de 1,3 millions d’entrées), mais pas assez pour réellement faire passer le cap du visionnage. Mais voilà, ce faisait parti des films notés « pour plus tard », et que j’avais pratiquement fini par en oublier l’existence. Puis vint un soir à la télévision.

Semblant presque être un préquel à la toute meilleure série de l’histoire, Westworld, le film part d’un principe similaire, mais transposé avec les moyens d’aujourd’hui. Antoine (Guillaume Canet) est ce qu’on appelle un vendeur de nostalgie, de rêves, mais réels. Disposant de locaux aménageables à l’image de studios de cinéma de grande ampleur, il possède tout, peut tout créer et mettre en scène selon les envies, grâce à des costumiers, décorateurs et acteurs. Vous voulez vivre une soirée à la Downton Abbey ? C’est possible. Revivre la fougue des années 60 ? Tout est faisable, il suffit d’y mettre le prix. Une passion pour redonner vie au passé qui va trouver un écho formidable en son mentor, l’homme qui a fait de lui celui qu’il est devenu : Victor (Daniel Auteuil). Père d’un de ses amis d’enfance qu’il a toujours admiré, de le voir en pleine dépression face à un monde moderne de plus en plus triste, à une femme l’ayant quitté, il va décider de lui redonner goût à la vie en le plongeant dans la période la plus heureuse qu’il n’ait jamais connu : les années 70, où il était jeune, heureux, et rencontrant tout juste l’amour de sa vie.

Le principe est juste génial. Certes, pouvoir faire tout ce que l’on veut, y compris tuer ou violer des gens comme dans Westworld serait l’étape ultime, mais nécessitant de fait de faux humains synthétiques, donc voir comment on pourrait déjà dans la pratique à l’heure actuelle proposer ce genre de plongée, c’est juste incroyable. Eh puis cessons la mauvaise fois deux minutes. Oui, on a aujourd’hui tous les progrès technologiques et médicaux, mais ça n’est que poudre aux yeux face au plaisir de vivre, qui paraissait si simple et naturel il n’y a encore pas si longtemps. Donc oui, qui ne rêverait pas de pouvoir s’y replonger ? Le film le fait avec tellement de justesse, de noblesse, de poésie, et le casting est incroyable, chaque acteur jouant à la perfection. Un fait évident pour des vétérans comme Fanny Ardant, Pierre Arditi ou Denis Podalydès, mais Doria Tillier est une fabuleuse révélation, participant d’autant plus à cette fascination nostalgique. La mise en scène est réussie, le scénario est bien pensé, nous surprenant toujours sur le niveau de perfectionnisme. Alors oui, l’histoire reste assez simple, mais son charme nous emporte totalement et il faut saluer une telle originalité si qualitative dans le paysage cinématographique français.

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L’Incroyable Voyage à San Francisco


L’Incroyable Voyage à San Francisco
1996
David R. Ellis

Il est vrai que si L’Incroyable Voyage était un petit bijoux d’aventure, d’émotion et d’humour, il fut aussi un bon succès commercial, avec notamment près de 42 M$ aux Etats-Unis et huit cent mille entrées en France. Même si l’histoire ne s’y prêtait pas forcément, l’idée d’une suite pouvait se poser, et l’axe était tout trouvé : le pitch du premier film était-il justifié ? Autrement dit, des animaux peuvent-ils s’épanouir dans une grande ville comme San Francisco ? Oui mais non, refaisons plutôt un quasi remake dans la « belle » tradition des Maman j’ai encore raté l’avion

Qu’est-ce qui a fait le succès du premier film ? Les animaux s’échappent et doivent survivre en milieu hostile. Eh bien voilà que cette fois, alors qu’ils partaient bien en voyage avec leurs maîtres, ayant peur de la cage dans laquelle Chance devait faire son voyage, ce dernier va croire que c’est bien le retour à la fourrière pour lui, et va préférer se faire la malle. Sachant qu’il ne survivrait pas seul, Shadow et Sassy vont alors s’évader à leur tour.

Quand je dis que le film nous fait une Maman j’ai encore raté l’avion, c’est que vraiment on assiste à un quasi remake du premier film, à ceci près qu’on troque les magnifiques paysages par de l’urbanisme terne. Pire, et j’ai même cru pendant longtemps que le film était une suite au rabais, dans la tradition des sous-production atterrissant directement en support physique sans passer par la case cinéma, puisque la VF est tout simplement rebootée. Exit le casting de prestige, et je n’ai pas tenu cinq minutes, préférant basculer sur la VO où Michael J. Fox reprend bien son rôle de Chance, seul Shadow ayant changé en VO, faute au décès de son doubleur. Et pourtant, il s’agit bien d’un film étant sorti en salles, ayant même fait un score pas si déshonorant (la seule donnée étant celle des US où il retenu les 3/4 du public du premier film avec près de 33 M$ au compteur). Et passé la consternation de la VF bien moins reluisante, et cassant la continuité, de même que le manque de ressemblance entre le Chance du premier film (avec des tâches noires) et celui du second film (bien plus marron et avec un museau bien différent) ou encore la trop grande similitude dans les péripéties (évasion, le coup du grillage, sauvetage, suspense sur le retour, réutilisation parfois abusive du mythique thème musical du premier film), le film n’est pas non plus une catastrophe. Michael J. Fox fait le taf, donnant beaucoup d’énergie dans son interprétation, l’humour marche pas trop mal, et puis surtout cette suite trouve un argument imparable pour à nouveau faire battre notre petit cœur fragile : Delilah (Carla Gugino). Chienne sauvage qui n’a jamais connu le bonheur d’une adoption humaine, elle est assurément l’atout charme de cette suite. Suffisant pour relancer à elle seule tout l’intérêt ? Non, mais elle permet d’éviter le naufrage, ce qui est déjà beaucoup.

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L’Incroyable Voyage


L’Incroyable Voyage
1993
Duwayne Dunham

Sans l’ombre d’un doute, il s’agit sans conteste de l’un des films les plus marquants de ma jeunesse et de bon nombre (tous ?) des enfants nés depuis les années 80. Un grand classique des films familiaux Disney comme on semble ne plus savoir en faire, et impossible de penser à ce film sans être envahis par cette aura nostalgique si réconfortante. Mais comme toujours avec ce genre de doudou du passé, intouchable dans notre esprit, est-il réellement et toujours ce vibrant film qui autrefois nous faisait fondre en larmes devant des animaux si attendrissants ? Oui.

Inspiré librement d’histoires sur le fameux sixième sens d’animaux capables de retrouver leur chemin sur plusieurs centaines de kilomètres, le film nous raconte la folle aventure de trois animaux de compagnie : Shadow (Jean Réno), Chance (Christian Clavier) et Sassy (Valérie Lemercier). Alors que le père va devoir partir pour une mission à San Francisco, pensant que la ville n’est pas faites pour les animaux et que le séjour ne serait que temporaire, il va choisir de confier les chiens des fils et le chat de la fille de sa nouvelle femme à un ranch. Mais persuadés d’avoir été oubliés et que leurs maîtres avaient besoin d’eux, les trois animaux vont se mettre en tête de traverser les rocheuses pour les rejoindre.

Plus que Man Vs Wild, on a là trois animaux de compagnie sans défense face à l’immensité des montages américaines, avec tous les dangers, que ce soit, la distance, les conditions terribles ou les prédateurs. Dans ce film d’aventure mettant en vedette des animaux animés par l’amour de leurs maîtres, on parcourra toute la richesse des paysages américains dans une odyssée visuellement superbe, et portée par une grande musique vraiment magnifique. Et plus que cela, le casting vocal a été le pilier du succès du long-métrage, que ce soit aux Etats-Unis où Michael J. Fox prêtait sa voix à Chance, mais surtout en France où trois des plus grands noms de l’époque ont rendu ce voyage encore plus incroyable, avec des dialogues accrocheurs, drôles, mémorables. Parfois un peu trop rocambolesque, l’histoire reste potentiellement crédible sur certains points, et globalement on sera tellement happé par les personnages et leurs péripéties qu’on excusera les quelques coïncidences et folies. Même presque 20 ans plus tard, de par la beauté de l’histoire, la qualité d’écriture des dialogues et une VF mythique, le charme est toujours aussi fou et j’espère que ce film continuera de marquer les enfances de nombreuses générations.

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Thor Love And Thunder


Thor Love And Thunder
2022
Taika Waititi

Dire que le film était attendu serait un doux euphémisme. Après la douche froide qu’a été la suite de Doctor Strange qui promettait beaucoup trop et ne faisait quasi rien, Marvel n’avait pas le droit à l’erreur, et c’est pour ça que suite à l’excellent succès commercial de Thor Ragnarok, il a été confié à son réalisateur un quatrième opus pour le dieu nordique, une première dans le MCU alors que la liste des postulants pour avoir droit à son film ne cesse de s’allonger. Vu le nombre de protagonistes grossissant toujours plus avec de nouvelles franchises adaptées et des séries sur Disney+ qui espèrent passer un jour par la case cinéma, avant que le film ne sorte, les chances de voir le dieu de la foudre prospérer ad vitam aeternam et avoir encore et toujours d’autres films solo étaient quasi nulles, donc il fallait un bouquet final magistral, et entre l’un des meilleurs comics adapté et un budget pharaonique de 250 M$, sans compter des bande-annonce clairement prometteuses, malgré une phase IV très certainement la pire de toutes jusqu’à présent, l’espoir de voir l’un des tous meilleurs films du MCU était bien là. Trop comme toujours.

Mesdames et messieurs, tremblez car voici l’une des plus grandes menaces de toute l’histoire des comics : le surpuissant et déterminé Gorr (Christian Bale), le boucher des dieux. Après avoir imploré ses dieux de sauver sa fille (pas de femme ici), à la mort de cette dernière, le simple et inoffensif Gorr va être choisi par la Nécrolame, la lame tueuse de dieux. Une épée qui s’est forgée elle-même dans la haine des dieux, et qui se nourrit de créatures mortelles partageant sa haine des dieux pour les posséder et que leurs mains deviennent celles qui abattront son courroux. Après avoir sillonné l’espace avec les Gardiens de la Galaxie (Peter Quill (Chris Pratt), Rocket-Raccoon (Bradley Cooper), Groot (Vin Diesel), Drax (Dave Bautista), Nebula (Karen Gillan) et Mantis (Pom Klementieff)) pour trouver un sens à sa vie, Thor (Chris Hemsworth) va apprendre que Gorr sillonne lui aussi l’espace en quête de dieux à tuer, et qu’il s’apprête à frapper New Asgard sur Terre, désormais protégée par Valkyrie (Tessa Thompson) et Jane Foster (Natalie Portman), devenue Mighty Thor.

Comme toujours, trop d’attente mène à une grande déception, et elle fut rude pour de nombreux fans du MCU, au point que le film a tout simplement les pires critiques en 29 films. Il faut dire que les sujets de mécontentement sont légions, et le ressenti est d’autant plus fort que le sujet risque de ne plus jamais être adapté du vivant de tous, car entre la hype autour des prochains projets et des annonces incroyables promettant un nouvel âge d’or en 2025, laissant encore une bonne décennie de profit avant peut-être un déclin hypothétique dans 20 ans, et il faudrait alors au moins 30 ou 40 ans pour voir le MCU être rebooté puisque les nouvelles têtes d’affiches sont très jeunes, voir des enfants, et que le comics sur Gorr le boucher des dieux est trop colossal pour être adapté dès l’épisode 1 ou 2, donc non, sauf grande surprise, personne ne verra une autre adaptation de son vivant.

Alors tout d’abord, en quoi est-ce un ratage ? Commençons avec Gorr : la menace est tout sauf palpable. Mise à part la scène d’ouverture dont on reparlera après, il ne tue tout simplement aucun dieu de tout le film, et ne fera qu’une seule attaque sur Terre, assez faiblarde, et ne ripostera que mollement deux fois suite à des assauts de Thor. C’est risible, il aurait fallu au minimum une ou deux attaques massives pour montrer toute sa violence, et pourquoi pas une scène de meurtre de masse avec la mort d’un personnage important, voir Thor lui-même (j’y étais préparé personnellement vu que la menace n’est pas loin d’égaler Thanos dans les comics). Ensuite, on a le cas des « Asgardiens de la Galaxie », un arc de reconstruction du bro-Thor vendu à la fin d’Avengers Endgame, et qui finalement sera balayé très vite ici, comme à peu près tout. La transformation de Jane en Migthy Thor aurait dû être un événement dantesque, et ce n’est pas le cas, la première transformation sera même coupée. Tout l’arc sur Omnipotencecity ne servira qu’à introduire Hercule, dont le père incarné par Russell Crowe est lamentable. L’incroyable passage en noir et blanc vendu comme le climax du film ne l’est pas, c’est une courte séquence peu épique, et pas de gros combat épique de tout le film d’ailleurs, aucun combat mémorable ou même un tant soit peu sympathique. De même, nombreux se sont plaint de l’humour, très marqué et ayant tendance à faire des ruptures de ton parfois déplacé.

Passez votre chemin, c’est donc une sombre merde ? Eh bien malgré tout ça, loin s’en faut même. Alors oui, Gorr n’a ni la puissance ni l’aura des comics, mais la scène d’ouverture est dantesque et Christian Bale fait un travail remarquable avec le peu de matière qu’il a. Honnêtement, s’il n’y avait pas la déception de la comparaison avec le comics, on serait sur un assez bon méchant du MCU, dans le top 10 des films sortis jusqu’alors. La disparition éclair des Gardiens de la Galaxie n’est pas si dérangeante, même si oui, on aurait aimé plus de complicité, et pourquoi pas les revoir venir aider lors d’un affrontement final. L’arc sur Jane est touchant, voir très bon lors de certains flashback, et il faut bien dire que le traitement de Mjolnir (le marteau) comme un vrai personnage, au même titre que Stormbreaker (la hâche) est un pur régal. Probablement ce que j’ai préféré du film tant l’humour est efficace, souvent juste à propos, et la relation entre Thor et ces armes est à la fois touchante, drôle, et importante par rapport au développement psychologique du personnage. C’est globalement riche visuellement, plein d’idées et dynamique, mais ça reste si dommage pour un tel potentiel non exploité, et pitié arrêtons avec la technologie pitoyable des murs écran, c’est peu détaillé et sans la moindre profondeur de champ, donc sans le moindre grandiose. On aurait dû avoir un chef-d’œuvre, on devra se contenter d’un bon film.

 

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