La Vérité sur Bébé Donge

La Vérité sur Bébé Donge
1951
Henri Decoin

Petite critique éclair sur ce qui est, parmi ceux que j’ai vu, le moins intéressant des films dans lequel a joué Jean Gabin. Le film démarre alors qu’on le trouve à l’agonie dans un lit d’hôpital, apparemment à cause une vilaine intoxication alimentaire. Vraiment ? Eh bien pas forcément, et le film revient sur ce qui a conduit à son hospitalisation et tout ce qui entoure son histoire « d’amour » avec Bébé Donge (Danielle Darrieux), son épouse.

Voilà ce qu’on appelle un connard fini : tapant toujours plusieurs décennies plus jeune que lui, le personnage principal multiplie les aventures comme certains collectionnent les timbres, mais ça n’est même pas vraiment une passion, juste une occupation comme une autre, et se marier n’y changera rien. Que c’est étonnant de voir que ça gène sa femme ! Passer tout le film à étaler cette situation est aussi indigeste que le prévisible poison, réel maux source de sa douleur, métaphore pas très fine du mal que lui a fait. On s’ennui donc ferme, d’autant que les deux protagonistes ont des rôles caricaturaux et pas très intéressants de gros bof imbuvable et de petite chose fragile écervelée. De plus, contrairement à Le jour se lève, l’utilisation des flash-back est mal représentée et ça n’est qu’au troisième coup qu’on comprendra de quoi il retourne, pouvant penser à une sortie post-hospitalisation suivi d’un doublon malchanceux, mais au troisième coup ça devient un peu gros. Ainsi dont, rien dans l’histoire, les personnages ou la réalisation ne viendra susciter notre intérêt.

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La Vierge du Rhin

La Vierge du Rhin
1953
Gilles Grangier

Après avoir connu moult tumultes, un homme (Jean Gabin) va trouver refuge et embarquer comme matelot sur le bateau « La Vierge du Rhin », qui comme son nom l’indique transporte des marchandises à travers le Rhin. Une histoire pas banale quand on sait que cet homme en question n’est nulle autre que le président présumé mort de la société de transport pour lequel œuvre ledit bateau. Il pensait pouvoir faire profile bas et démarrer une nouvelle vie, mais c’était sans compter sur une escale au siège de son ancienne entreprise, l’obligeant à faire face à son passé.

On commence dans un halo entouré de mystères, nous montrant un homme intriguant qui cache semble t-il de lourds secrets, et petit à petit le film se dévoile, délaissant le côté aventure pour un thriller plus sombre portant sur une machination bien huilée. La scène se laisse entrevoir, implantant ses personnages de ci de là. L’ex femme et son amant, le commandant et sa fille, le moussaillon, le fantôme et sa secrétaire, le tout dans une espèce de cluedo géant palpitant où chacun avance ses pions jusqu’à ce que tout le monde se mette à avoir sa petite idée sur le meurtrier, son arme et le lieu. Un principe fort sympathique et plutôt réussi, même si on émettra quelques doutes sur le jeu de certains acteurs et effets de mise en scène. On pense notamment au point de vu narratif qui bascule en cours de route, passant du moussaillon au fantôme, de même que la conclusion, un peu maladroite et bébête. Un principe intéressant et bien tenu malgré un grand nombre d’imperfections.

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Mars 2016

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Le Jour se lève

Le Jour se lève
1939
Marcel Carné

Effet narratif encore très peu utilisé, ou tout du moins oublié et qui s’est réinventé dans ce film, le flash-back occupe une place jusqu’alors inédite dans l’histoire, véritable révolution pour l’époque et qui a marqué même au delà de sa génération et qui reste aujourd’hui considéré comme l’un des tournants majeurs de l’histoire du cinéma. D’un point de vue narratif c’est effectivement ambitieux, avec de brillantes trouvailles visuelles, notamment dans les transitions, mais question histoire en elle-même, c’est un peu plus faible.

Une engueulade, un coup de feu qui retenti, un homme retrouvé mort et son tueur (Jean Gabin) qui se mure dans son silence, la police qui s’interroge et la ville qui retient son souffle. Que s’est-il passé ce jour là ? Un bon travailleur sans histoire qui vivait un grand amour, qu’est-ce qui a pu le conduire à un tel acte ? Alors que la police tente de l’arrêter et donne l’assaut, le film revient sur les circonstances du drame.

Effectivement, l’ambition est palpable, niveau narration et esthétisme le travail accompli est formidable, avec des fondus / transitions temporelles très élaborés, mais le reste est loin d’être aussi parfait. On suit une romance assez vide où monsieur, courtisant une demoiselle tout juste majeure pas encore prête à passer à la casserole, continue de batifoler avec la cagole du village malgré l’amour qu’il déclare avoir pour la petite, faisant qu’on a du mal à éprouver de l’empathie pour lui. Pendant tout le film, on attend de savoir comment ça va déraper, et la réponse est aussi vide que ce qui en suit est stupide et incohérent. Beaucoup d’inspiration artistique, mais côté écriture c’est très pauvre.

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Le Nouveau stagiaire

Le Nouveau stagiaire
2015
Nancy Meyers

Voici le nouveau film de la cinéaste Nancy Meyers, qui a une faculté hallucinante à déplacer les foules, arrive à réunir les plus grandes stars devant sa caméra, et est capable d’obtenir et de rentabiliser outrancièrement des comédies au budget dépassant les 80 M$. Encore très populaire avec plus de 195 M$ au box office mondial, elle a su se calmer sur la dépense ce coup-ci (35 M$) tout en réunissant toujours un casting impressionnant, avec à la clef une histoire très intéressante.

Que faire du temps qui nous est imparti quand notre vie semble toucher à sa fin ? Veuf depuis quelque temps, Ben (Robert De Niro) traînait sans but après avoir fait le tour du monde, se sentant inutile et en dehors de la société. Au hasard d’un café, il va lire une annonce concernant un poste original de stagiaire senior pour les plus de 65 ans dans une l’agence de vente de vêtements en ligne de Jules Ostin (Anne Hathaway), qu’il va immédiatement accepter tant l’idée de retravailler lui semble revigorante.

Un peu dans le style de Là-haut, le film commence tristement par l’histoire d’un homme perdu après la mort de sa femme, trop vieux pour espérer quoi que soit désormais, mais la chance va à nouveau lui sourire. Une histoire qui commence très fort avec un papy émouvant qui nous prouve qu’on est jamais trop vieux pour vivre et être heureux, et il est vrai que le sentiment d’appartenir à quelque chose de plus grand que soit, d’être utile voir indispensable est puissant. Le film nous le montre d’une très belle manière au travers d’amitiés professionnelles tangibles, originales de par le décalage générationnel et culturel, offrant une belle diversité, notamment en terme d’enjeux entre celui du nouveau qui veut percer, de l’employé de longue date qui souhaite enfin se faire remarquer, de celui qui est juste là pour le plaisir de bosser dans un cadre qui lui plaît, du vieux qui cherche un nouveau sens à sa vie, ou encore de la patronne surmenée et délaissée qui se redécouvre et se libère. Beaucoup des ressorts comiques ou narratifs sont classiques et attendus, mais c’est très bien fait et côté émotionnel notre papy marque énormément de points. Un petit film sans grande prétention, nous livrant juste une piste philosophique sur l’art de vivre, et il le fait avec sagesse et inventivité, le tout dans une ambiance apaisante et conviviale.

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Me and Earl and the dying Girl

Me and Earl and the dying Girl
2015
Alfonso Gomez-Rejon

Si Cannes ou les Césars sont synonymes d’infâmes daubes putrides, un autre festival en est l’exact opposé : Sundance. Là bas, on y retrouve de petits films d’auteurs assez ambitieux, au cachet fou, avec des acteurs méconnus qui livrent des prestations remarquables, aux histoires originales et à l’ambiance spéciale qui prouve que le cinéma n’a pas fini de se renouveler.

Passer inaperçu, c’est tout un art. Pour Greg Gaines (Thomas Mann), la mission était jusqu’alors bien remplie, évitant soigneusement de se faire trop d’amis, traînant juste avec son binôme Earl (RJ Cyler), mais entretenant tout de même des liens avec tout le monde, pour ne pas se faire d’ennemis, sauf les filles, dangereuses tentations qui nous fait faire n’importe quoi. Mais un beau jour, sa mère va l’obliger à aller voir une camarade à qui on a diagnostiqué une leucémie, Rachel (Olivia Cooke), et avec elle tous ses principes vont voler en éclats.

Voilà le genre de film brillant qui change la donne, balayant si facilement les pseudos tragédies à la Ma vie pour la tienne en nous sortant de la vraie émotion, du concret, du réel. Le héros est juste parfait, nous montrant le fossé qu’il existe entre la comédie grasse et stupide classique et du Sundance. Se foutre la honte de sa vie n’est pas forcément débile ou embarrassant pour le spectateur : quand on sait manier l’art du contexte et de la présentation, tout passe. Avec un héros aussi maladroit, mal dans sa peau et carrément à l’ouest, le voir se couvrir de ridicule ou balancer des énormités par inadvertance dans un naturel absolu, c’est fort, percutant et imparable. Et c’est globalement la qualité première du film : il donne une profonde sensation de réalisme, doublée d’une crédibilité totale. Les acteurs sont excellents (vive Jon Bernthal, le Punisher !), l’écriture brillante (rha le salaud, même si je l’ai senti venir), l’émotion palpable, et l’ambiance est magnifique. La réalisation est aussi décalée que son personnage principal (cf le plan qui se retourne), les couleurs un peu folles, la musique discrète mais permissive, et l’ensemble est ponctué d’une très grande poésie. Une petite histoire intimiste mais puissante qui ne laissera pas indifférent.

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Ricki and the Flash

Ricki and the Flash
2015
Jonathan Demme

Passé totalement inaperçu chez nous autres français, et pas tellement plus populaire dans le reste du monde (40 M$ de recettes), le film est la quatrième comédie musicale de celle qui est considérée comme la meilleure chanteuse d’Hollywood, Meryl Streep, qui est aussi l’actrice qui a été le plus de fois nominée et récompensée de l’histoire. Dans les deux cas, on comprend pourquoi.

Il faut bien du courage pour poursuivre ses rêves, et pour y arriver, à contrecœur on laisse souvent des gens derrière nous. Pour être une rock-star, ou tout du moins tenter d’y parvenir, Linda (Meryl Streep) a délaissé puis abandonné sa famille, se créant une nouvelle vie avec son groupe des Flash (dans lequel joue Rick Springfield). Son passé va néanmoins se rappeler à elle quand son ex mari Pete (Kevin Kline) va la contacter : sa fille (Mamie Gummer, d’ailleurs effectivement la fille de Meryl dans la vraie vie, et ça se voit) n’est pas au mieux depuis son divorce. Même si les trois enfants de Linda ont coupé les ponts depuis de longues années, Pete pense que sa présence pourrait lui être salutaire.

Une mère moderne-hippie, une famille recomposée pleine de drames, pour une réunion explosive où tout le monde en prendra pour son grade. Un programme extrêmement classique qu’on a vu mainte fois, mais le fait que ce soit la mère qui ait abandonné sa famille change quelque peu, et si la formule a été utilisée si souvent c’est qu’elle marche plutôt bien. Les engueulades et règlements de comptes familiaux font toujours leur petit effet, à condition bien sûr que cela soit bien géré. Quand cela se passe dans le cadre privé, on peut à peu près tout se permettre, mais en publique il faut faire preuve de plus de finesse et de retenue pour éviter de se donner honteusement en spectacle. Lors du petit déjeuné en ville, c’est plutôt malin, au repas au restaurant, on frôle la limite, mais lors des deux discours, on bascule dans le difficilement supportable. Heureusement, les acteurs sont très bons et on apprécie l’authenticité des musiques du groupe, et en dehors de deux passages pénibles on apprécie beaucoup le cynisme, aboutissant à une comédie grinçante qui ne vole pas forcément très haut, mais qui rempli pleinement son rôle de divertissement.

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L’Hermine

L’Hermine
2015
Christian Vincent

Visiblement il faut partir à l’étranger pour qu’on porte un regard éclairé sur un film. Récompensé à Venise pour son scénario et son acteur principal, le film n’aura pas été nominé pour l’un et non récompensé pour l’autre aux Césars, tentant de sauver l’honneur de la cérémonie avec le prix de la meilleure actrice dans un second rôle pour son autre personnage fort. Pour ainsi dire le seul film des Césars qui a su concilier succès critique, publique et commercial, mais quand on est aveugle…

Bras armé de la justice qui fait respecter les lois et en fait subir les conséquences à ceux qui la transgressent, le tribunal est un lieu hautement symbolique où se déroule des affaires aussi sordides que palpitantes. Président de cours d’assise réputé pour son intransigeance et ses sanctions exemplaires, Michel Racine (Fabrice Luchini) pensait se rendre à un procès somme toute ordinaire ce jour là, mais le hasard des choses va à nouveau déposer sur sa route la si belle et douce bienfaitrice qui avait prit soin de lui pendant une convalescence, la doctoresse Ditte (Sidse Babett Knudsen), tirée au sort pour être juré dans son tribunal.

Si la performance d’acteur ne se juge qu’en fonction de l’aptitude d’une personne à se métamorphoser et changer radicalement de personnalité, alors Fabrice Luchini n’est pas très bon, jouant un peu toujours dans le même registre et le même genre de personnages, mais si on prend en compte uniquement le charisme, alors il est prodigieux. Il nous livre un juge captivant, touchant, à l’histoire personnelle riche, antisocial plus par dépit que par conviction, et alors que la lassitude le gagnait, il va retrouver sa flamme, sa passion. Une histoire qui se développe en coulisse, dans l’intimité, alors q’un ardent procès bat son plein, non sans rappeler une scène de théâtre où tout le monde joue un rôle, tente d’amadouer le public, avec des rebondissements spectaculaires, des déclarations stupéfiantes et de vibrants discours. Un film particulièrement bien écrit, tant dans sa narration que dans ses dialogues, et les personnages sont aussi très bien travaillés. Il est rare de proposer une expérience cinématographique où le spectateur assiste au procès au même titre qu’un juré, ayant accès aux mêmes coulisses, étant soumit aux mêmes doutes et questionnements, et entre l’excellente distribution et l’histoire du président de la cours, le film est une belle réussite.

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Batman v Superman : L’Aube de la Justice

Batman v Superman : L’Aube de la Justice
2016
Zack Snyder

Depuis des années Marvel se gave dans les grandes largeurs au box office, ayant fait des super-héros la chose la plus rentable qui soit au cinéma. Pire encore, l’une des dernières franchises populaire non-affiliée est retombée dans l’écurie Marvel de Disney : Spider-Man. De leur côté, les DC Comics de Warner Bros n’ont jamais fait mine de rivaliser en dehors de la trilogie du Dark Knight, alors même qu’en terme d’entrées les deux films de super-héros les plus vus de l’histoire sont les tous premiers Superman et Batman, pour ainsi dire les héros les plus iconiques qui soient. Bien décidée à capitaliser sur le succès croissant des super-héros, la Warner a donc voulu faire comme son rival en jouant la carte de l’univers étendu, rassemblant tous ses héros pour La Justice League, les Avengers de DC. Seulement voilà, la trilogie du Dark Knight n’ayant pas pu s’intégrer au nouvel univers, cette mise en bouche de la Justice League arrive après seulement un film : Man of Steel, l’excellent reboot de la franchise Superman, mais qui n’avait pas rapporté tant que ça (668 M$). Des bases solides, mais il était probablement trop tôt pour capitaliser dessus en faisant s’affronter ses deux plus grands protagonistes, et il se pourrait bien que les recettes soient largement inférieures aux attentes et peinent à égaliser celles du Dark Knight Rises (1,085 milliard).

Suite directe de Man of Steel, le film parle des conséquences de l’affrontement entre le général Zod, qui voulait transformer la Terre pour en faire une nouvelle colonie, et le sauveur venu d’ailleurs, Superman (Henry Cavill). La ville de Métropolis a beaucoup souffert de l’attaque, et depuis nombre de personnes sont inquiètes de voir quelqu’un possédant la force d’un dieu agir à sa guise, sans contrôle possible, notamment Bruce Wayne (Ben Affleck), le Batman de Gotham City. Conforté dans son idée que Superman est une menace par la campagne de diffamation qu’un certain Lex Luthor (Jesse Eisenberg) mène dans l’ombre, Batman va chercher par tous les moyens une solution pour empêcher d’agir définitivement celui qui pourrait détruire la planète par sa seule volonté.

Voici donc ce qui devait être « le plus grand combat de gladiateur de l’histoire », mettant face à face deux des plus légendaires guerriers de notre culture. La hype était à son maximum, les bandes-annonces étaient titanesques, les retours internes parlaient d’un Batman absolument génial qui allait faire date, et puis surtout le film faisait suite à l’un des films de super-héros les plus réussi qu’il soit. Plus encore, on introduit la Justice League avec la présence renforcée de Wonder Woman (Gal Gadot) et les caméos de Flash (Ezra Miller) et Aquaman (Jason Momoa), faisant du film le tournant majeur de l’univers étendu. Bref, le chef d’œuvre absolu était attendu de pied ferme, et on ne pouvait bien sûr qu’être déçu.

Tout le monde ou presque s’accordera à dire que la trilogie débutée avec Batman Begins était exceptionnelle, et en reprendre le protagoniste aurait donné au film une ampleur incomparable, alors repartir avec un interprète supplémentaire pour un homme chauve-souris qui n’en a que trop connu, on part forcément avec de grosses réticences. Voir donc dès le premier plan une énième origin story au justicier de Gotham, et devoir se retaper toute une introduction sur son personnage, son univers et son cheminement, c’est lassant. Plus vieux et torturé, le personnage reste intéressant, d’autant que plus brutal et classe que jamais, avec un costume bestial ainsi qu’une armure massive qui sont assurément les plus réussis vus à ce jour, mais malgré un background longuement développé, il n’a pas encore gagné à nos yeux le charisme nécessaire pour un rôle d’une telle importance. Dans le même ordre d’idée, l’intervention de Wonder Woman, aussi excellente soit-elle, est prématurée puisque son film solo arrivera l’été 2017. La stratégie offensive de Warner n’est d’ailleurs pas très bonne dans la mesure où l’on aura eu que deux films solos avant la Justice League, alors même que quatre autres sont prévus après, faisant ainsi une logique inversée par rapport à Avengers, et ça laisse dubitatif. C’est ça quand on a cinq ans de retard : à vouloir rattraper le temps perdu, on brûle les étapes…

Refaire un Batman était donc une mauvaise idée, mais dans les faits Ben Affleck est tout de même excellent, et il nous offre une version sensiblement différente de ses prédécesseurs. De même, voir s’affronter ces deux monuments est colossal, et avoir un avant goût de la Justice League, avec tout un tas de clin d’œil sur ce que la suite nous réserve, ça en jette. La réalisation de Zack Snyder est toujours aussi magnifique, avec des plans très stylés proches des meilleurs romans graphiques, les combats sont spectaculaires et les méchants, Lex Luthor et Doomsday, emblématiques, et tout ce qui entoure le personnage de Superman est juste parfait, ce qui est logique dans la mesure où il porte tout l’univers étendu sur ses épaules pour l’instant, et ce film est pour ainsi dire un Man of Steel 2 dans la mesure où tous les enjeux tournent autour de Superman, que les deux méchants sont issus de son univers et qu’on retrouve Lois Lane (Amy Adams), le directeur du Daily Planet (Laurence Fishburne) ainsi que les parents adoptifs du héros (Diane Lane et Kevin Costner). De l’univers de Gotham, on ne retrouvera qu’Alfred (Jeremy Irons). Néanmoins, le film est loin de convaincre autant que ce qu’on était en mesure d’espérer et est clairement en deçà du niveau de Man of Steel.

Il est intéressant pour un film de cette ampleur de ne pas céder à la facilité et multiplier les scènes d’actions, mais l’équilibre n’est pas bon pour autant, nous livrant au final tout juste demi-heure de combat sur 2h30 de film, le tout évidemment concentré sur la fin. Alors déjà que le début traîne à nous réexpliquer éternellement d’où vient Bruce Wayne, alias Batman, nous faire poireauter plus de la moitié du film avant que le tant attendu affrontement commence, sachant qu’on sait pertinemment que le vrai combat n’est pas celui-ci, cela donne une impression de longueur au film. Pour éviter qu’on s’endorme sur notre siège, on aura droit à de grosses séquences sorties de nulle part, utilisant la bonne vieille technique des rêves, mais ça créé un sentiment d’artificialité. La musique ne marquera pas beaucoup en dehors du puissant thème de Superman qu’on connaissait déjà, mais le plus gros problème du film nous vient de Jesse Eisenberg. Lex Luthor est l’ennemi juré de Superman, et sa présence était pleine de promesses, et en terme d’écriture son personnage est très bon, mais l’acteur cabotine à outrance et ne convient vraiment pas. Il apparaît plus comme un psychopathe que comme un génie, et il détonne avec le reste du film. De même, Doomsday n’est là que pour faire le « boss final », plus créature de Frankenstein invincible que réel antagoniste. Une réunion pas si « haut au sommet » que ça, c’est spectaculaire mais sans plus, Batman est excellent mais on aurait préféré retrouver l’ancien ou au moins faire l’impasse sur son origin story, rabâchée à de nombreuses reprises, et le tant attendu impact de la confrontation arrive tardivement avec déjà nombre d’enjeux désamorcés en amont. Le travail accompli est très bon et le principe du film est prodigieux, mais au final le résultat n’est pas si dantesque. On en attendait clairement plus.

 

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Le Port du désir

Le Port du désir
1957
Edmond T. Greville

Dans la belle ville de Marseille, il fut un temps où il faisait bon vivre, où l’argent coulait à flot pour ceux qui travaillent pendant que les autres prenaient du bon temps dans l’intervalle, mais il y a toujours eu des emmerdeurs et des emmerdeuses. Capitaine d’un bateau, Quévic (Jean Gabin) en bavait déjà pour faire bosser son plongeur, toujours occupé à flamber sa paie avec des filles de joie, mais quand en plus une petite bonne femme à la recherche de sa sœur va se ramener, lui quémandant de l’aide, sa tranquillité va définitivement foutre le camp.

Chose plutôt rare à l’époque, le film nous pond un scénario plutôt correct : une sombre histoire mystérieuse, un charismatique capitaine qui aime bien un peu tout gérer et qui ne se laisse pas faire, un plongeur volage qui se fout de tout et de tout le monde et qui va devoir changer, sans compter la petite nouvelle un peu perdue et à qui on ne veut pas que du bien. On retrouve beaucoup de personnalités fortes, chacun a sa petite histoire intéressante, l’enquête fait avancer doucement les choses et on suit tout ça dans le calme et la sérénité d’un port avec son chaleureux hôtel de passe. On baigne aussi visuellement dans une douce lumière apaisante, très bien retransmise par le travail de restauration de haute facture, même si le nombre d’images ne permet pas toujours une parfaite fluidité. Un bon petit film honnête qui fait passer le temps de manière sympathique.

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