The Whale


The Whale
2023
Darren Aronofsky

Sorti sur le tard en France, le film y aura été un assez gros échec avec deux cent mille entrées, et globalement dans le monde il fut clairement plus un succès d’estime que commercial avec 41 M$ dans le monde, même si son budget (sans marketing) est estimé à seulement 3 M$. Ca ne l’a pas empêché d’avoir une grosse présence dans les différentes cérémonies, notamment avec l’Oscar du meilleur acteur pour saluer le retour de Brendan Fraser, lui qui avait quitté le système qui l’avait broyé psychologiquement entre la pression sur son physique avec des rôles nécessitant une importante masse musculaire, et surtout des attouchements et autres pressions de la sorte. Il faut dire que le sujet n’est pas évident à appréhender.

Professeur en télétravail, Charlie (Brendan Fraser) s’est coupé du monde depuis la mort de son compagnon, se tuant à petit feu dans la malbouffe et les excès, au point d’atteindre un tel niveau d’obésité que le moindre déplacement en devient un douloureux effort. Seule son ex belle-soeur (Hong Chau) lui rend régulièrement visite pour constater les ravages de ce suicide alimentaire. En attendant la mort, il recevra deux visites impromptues : celle de Thomas (Ty Simpkins), un évangéliste s’étant donné pour mission de le sauver, mais surtout Ellie (Sadie Sink), sa fille de désormais 17 ans qu’il n’avait pas revu depuis ses 8 ans quand il avait quitté sa femme de l’époque pour son étudiant.

Tout d’abord saluons le travail ahurissant des maquilleurs et costumiers dont l’Oscar est tellement mérité tant le résultat à l’écran est stupéfiant. Les raccords sont invisibles, la chair dégoulinante de graisse fait aussi « naturelle » que ce que le concept du film est dérangeant, et explique en grande partie les réserves de certains. N’y a-t-il pas plus simple et moins douloureux que le suicide par la bouffe ? Difficile de passer outre ce voyeurisme ultra malsain d’un homme dépassant de loin le stade de l’obésité morbide, et le nihilisme ambiant est encore plus abjecte. Non seulement les gens le regardent s’auto-détruire, mais ils y contribuent en lui apportant ses collations toutes plus grasses et caloriques les unes que les autres, car s’ils ne peuvent le faire changer d’avis, autant le soutenir dans sa démarche de mort. Pour ma part, absolument rien ne va là dedans, tout le message est horrible et je ne rêvais que de salade, poisson voir diète absolue face à une orgie de pizzas, tacos, saut de nuggets et bouteille de 4L de Coca avant d’aller se coucher. Les bondieuseries ont aussi tendance à me fatiguer, mais comme c’est tourné en ridicule ou ridiculement mal fait (Noé du même réalisateur laisserait à penser que non, les remarques ne sont pas forcément ironiques ou antireligion). Ce qui est indiscutable en revanche, c’est la puissance des performances, toutes exceptionnelles, surtout Charlie et son infirmière, la fille étant très très bien, mais dans l’exact même registre que dans Stranger Things. On en revient donc à quelque chose de simple : des discussions, de l’acting, l’impact des répliques. Normal pour l’adaptation d’une pièce de théâtre tourné en huis clos. Le film est donc assurément brillant dans son exécution et ce qu’il veut raconter, reste à voir si le thème est susceptible de vous accrocher. Personnellement, je salue le travail et les prestations, j’ai passé un bon moment devant une proposition forte, même si je l’ai totalement rejeté tout du long.

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Les Autres


Les Autres
2001
Alejandro Amenábar

Immensément acclamé à sa sortie, il fut probablement le tout premier film d’horreur / épouvante que j’ai vu au cinéma, à tout juste dix ans, et je ne l’avais jamais revu depuis me semble t-il. J’avais gardé en mémoire le caractère singulier de sa fin, mais sans vraiment me rappeler si la déception ou l’axe unique m’avait marqué. Le film a t-il gardé une aura à la Sixième Sens ou son originalité s’est essoufflée avec les années ?

Le film nous plonge dans la campagne britannique de 1945. Attendant le retour du front de son mari, Grace (Nicole Kidman) s’occupait seule dans leur immense domaine de ses deux enfants, souffrants de la maladie de la Lune (le soleil leur causant de terribles brûlures). En effet, les domestiques se sont volatilisés un beau jour, peut-être par peur de mystérieuses présences qui terrorisent régulièrement ses enfants. Un fait qu’elle cachera bien sûr aux trois postulants s’étant présentés à elle, d’autant que jusqu’alors, elle n’y croyait pas elle-même. Mais sont-ils vraiment seuls ?

Assurément, un grand domaine en Angleterre, isolé de tout et à cette époque, comme dit pour The Cursed, c’est clairement un choix judicieux tant l’époque et le lieu sont propices à la peur d’une menace de quelle nature que ce soit. Entre la période froide de l’automne, brumeuse, et la maladie des enfants qui pousse les habitants à privilégier la nuit ou de bons rideaux opaques, l’atmosphère est particulièrement bien travaillée pour instaurer un climat angoissant. La mise en scène est très réussie, les effets montent crescendo en intensité, que ce soit physiquement ou psychologiquement. L’histoire est vraiment bien ficelée, et si avec le recul la conclusion est logique, elle n’en reste pas moins originale et aussi horrible que percutante. Bien sûr, face aux critères actuels on pourra dire que ni la violence physique ni celle psychologique ne sont assez poussées pour vraiment provoquer de vives sensations, mais au niveau narratif et ambiance, on est là sur un film très solide. Avec les attentes modernes, on parlera plutôt de film fantastique teinté d’horrifique, et c’est probablement sur ces standards là que le film a un peu vieilli, mais c’est surtout une œuvre fascinante qui vaut le détour.

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Miss Détective


Miss Détective
2001
Donald Petrie

Ayant apparemment le statut culte dans le genre comédie américaine, j’avais été pendant de longues années intrigué par ce film, mais comme trop souvent, on a tendance à se laisser influencer par la masse, souvent pas bien avisée, à moins que ça ne soit mes goûts qui ne soient que peu partagés. Toujours est-il que j’avais dû me laisser dissuader de lui laisser sa chance à cause de critiques dans l’ensemble très froides, mais heureusement les années m’ont permis d’oublier ce fait et de juste foncer, car j’ai passé un très bon moment.

L’histoire est celle de Grace (Sandra Bullock), un garçon manqué ayant trouvé sa voie au sein du FBI, mais son travail va radicalement changer. Sur une piste d’un certain « Citoyen » qui menace de faire sauter une bombe au concours de Miss America, le FBI va avoir l’idée d’infiltrer la compétition avec l’une de leurs recrues. Faute de meilleure candidate, ils vont envoyer Grace.

Si bien sûr l’idée même de rendre Sandra Bullock « moche » est risible, même grimée, décoiffée et au naturel elle reste charmante, on voit que l’actrice s’en donne à cœur joie et joue le jeu à fond. Elle fut d’ailleurs nominée aux Goldens Globes pour ce rôle, et elle fait effectivement sensation. En dehors de ça, tout ce que le film propose est réussi, un sans faute. Michael Caine est parfait en formateur, le concours de Miss ne tourne pas au pugilat ni à la moquerie facile, on voit de belles amitiés se forger et le message féministe est plus pertinent que 99% des productions actuelles : oui, prendre soin de soi ça compte beaucoup, il faut se battre pour affirmer sa personnalité, et la beauté intérieure est aussi importante que la beauté extérieure, car outre qui on est, c’est comment on présente et comment on se comporte avec les autres qui crée les possibilités. Le côté romantique marche très bien aussi, on se laisse embarquer et c’est mignon. Rien d’incroyable ou qui réinvente la roue, l’enquête est prévisible et peu mémorable, mais les personnages sont attachants, le concours de miss prenant, l’amourette jolie. Une ambition modérée, mais un résultat frais, drôle, efficace.

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The Cursed


The Cursed
2022
Sean Ellis

Présenté à Sundance en janvier 2021, le film aura mit 13 mois à débarquer timidement dans une sortie bidesque sur le sol américain, suivi par une sortie physique quelques mois plus tard passée totalement inaperçue. Pour la France, il aura fallu attendre avril 2023 et un rachat de la part de Netflix pour que le film nous soit accessible, et malgré quelques bonnes idées, on comprend pourquoi les distributeurs ne se sont pas bousculés.

Dans la campagne britannique du XIXème, le Conte Seamus (Alistair Petrie) va prendre une décision radicale face à des gitans occupant ses terres : tous les cramer. Peu après, toutes les personnes du conté, femmes (incluant Kelly Reilly) comme enfants, coupables ou innocents, tous vont faire de terribles cauchemars sur notamment une femme enterrée vivante et un autre gitan démembré et transformé en épouvantail. Quand le fils du Conte va disparaître dans des circonstances inquiétantes, un expert (Boyd Holbrook) sera dépêché sur place.

Mise à part le fait que le flashforward d’introduction est du spoiler débile à outrance, cassant une partie du suspens et brisant même certains enjeux (on sait qui s’en sort, comment, mais que de toutes façons il va crever 35 ans plus tard durant la Première Guerre Mondiale), le début du film est assez gageur. Le côté rêve collectif est bien fait, le lore est intéressant, la mise en scène, les effets d’ambiance / horrifique, tout est assez efficace et bien pensé. On est happé par cette histoire, pas révolutionnaire mais sympathique dans le genre Downton Abbey qui tourne à la boucherie surnaturelle. Mais disons-le franchement, tout le dernier acte est un beau gâchis : des personnages prenant des décisions débiles, et on se vautre dans les pires clichés du slasher bête et méchant, en pure ligne droite toute tracée et hautement prévisible. Terrible désillusion, et c’est d’autant plus regrettable qu’une grande partie de l’œuvre est de grande qualité.

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Spider-Man : Across The Spider-Verse


Spider-Man : Across The Spider-Verse
2023
Joaquim Dos Santos, Kemp Powers, Justin Thompson

Icône de la pop culture, le tisseur de toiles a assurément le vent en poupe, étant jusqu’à présent le deuxième plus gros succès mondial (et premier aux Etats-Unis) post covid avec No Way Home. Pour le genre animation, le constat était plus en demi-teinte : malgré des critiques dithyrambiques, New Generation ne jouait clairement pas dans la même cours avec seulement 375 M$ dans le monde. En plus de quatre ans le bouche à oreille aura semble t-il cartonné, cette suite ayant explosé les compteurs avec 690 M$ mondiaux, le plaçant 6ème mondial sur l’année 2023 et même sur le podium des plus gros succès aux USA. Ce second volet de ce qui est pensé comme une trilogie revient même très souvent dans les premières place des films préférés des gens, et c’était donc l’un des événements cinématographique immanquable de l’année.

Retournée dans son univers après la fin des événements du dernier film, Spider-Gwen va se voir proposer une place au sein de la Spider-Squad, un regroupement à travers le mutlivers des Spider-Man se prêtant main forte pour lutter contre leurs menaces respectives, dirigés par Miguel O’Hara, un Spider-Man d’un monde futuriste ayant maîtrisé une technologie de voyage dimensionnel. Elle se verra confié la mission d’arrêter « La Tâche », un antagoniste de l’univers où se trouve justement Miles Morales.

Difficile à appréhender au début (style graphique déroutant et histoire partant sur des bases trop redondantes), New Generation s’était avéré être une excellent surprise au final, vraiment original tant visuellement qu’au niveau de son écriture, les personnages et l’intrigue étant captivants. De par quelques imbrications du multivers, certains mélanges de style sonnaient bizarrement, et l’autre principal défaut était le début cliché et une histoire allant un peu trop vite par moments. Face à non pas quelques personnages de différents univers visitant un seul mais carrément une pléthore visitant plusieurs univers, il y avait de quoi avoir peur de sentir perdu, mais heureusement le rythme du film s’y adapte, prenant le temps de créer des enjeux personnels aux personnages principaux avant de nous lancer dans cette grande fresque. Le mélange des genres n’a plus de limites, mais c’est justifié par l’intrigue, même si voir des mélanges avec acteurs en chair et en os est perturbant et que tous les univers ne se valent pas en matière de finitions et impact visuel. On restera d’ailleurs un peu frustré, car ce second volet de trilogie n’aura pas de climax de fin, et que peu de scènes d’action également, d’autant plus dommage qu’après avoir été présenté comme une blague, « La Tâche » va exploser et nous laisser sur le cul. Assurément l’un des vilains les plus puissants et vertigineux jamais vu, au potentiel démesuré. Le suspens est à son comble, et l’attente sera interminable, d’autant que face à une équipe de développement surchargée, la suite (prévue pour 2023 quand celui-ci était prévu pour 2022) a encore été décalée d’une année, maintenant prévue pour 2025 sans date fixée. Il faudra donc attendre la conclusion pour juger la saga d’en son ensemble, mais que ce soit sur la mise en scène, les personnages ou les enjeux dramatiques, cette suite est de très haute volée et compte assurément comme une des plus belles réussites de l’année.

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Yannick


Yannick
2023
Quentin Dupieux

Les blagues les plus courtes sont les meilleures, sauf quand il s’agit de Quentin Dupieux, l’une des si ce n’est La plus grande fraude de l’histoire du cinéma. C’est sûr, l’art c’est subjectif, mais trop c’est trop. Spécialiste des films débiles sans le moindre fond si ce n’est du surréalisme gratuit au service d’absolument rien, le réalisateur a toujours sorti des concepts farfelus d’un absurde plus abrutissant qu’autre chose, se payant le luxe d’être d’un ennui profond alors que ses films ont déjà du mal à atteindre les 60 minutes. Oui mais cette fois c’est différent, il a fait un vrai film, ou du moins c’est ce que les gens en ont dit, le décrivant comme réellement accessible contrairement à d’habitude. Certes…

Dépressif et un peu limité intellectuellement, Yannick (Raphaël Quenard) s’était rendu pour la première fois de sa vie au théâtre pour se détendre et oublier ses problèmes du quotidien. Seulement voilà, après avoir subit le début de la pièce et commençant à réaliser que l’ensemble sera tout simplement merdique, il va interpeler les comédiens (Pio Marmaï et Blanche Gardin) pour leur demander d’arrêter le massacre.

Comment les gens ont-ils pu s’enthousiasmer à ce point pour un film si médiocre ? Alors oui, un type un peu fou / excentrique / demeuré qui stoppe une pièce de théâtre pour en prendre le contrôle, c’est une belle idée sur le papier, mais le film n’en fait pas grand chose. Ou si justement : du classique à outrance. Car au final, qu’est-ce que le film si ce n’est un énième drame social français ? Des gens qui se crient dessus, qui exposent leurs problèmes en mode craquage de nerfs, c’est typiquement le genre d’histoire qu’on voit non stop. Oui, la forme est originale, mais le fond est atrocement banal, pour ne pas dire chiant. La seule chose qu’on attend est la confrontation entre le spectateur mécontent et si oui ou non il serait capable de faire mieux. Point qui sera relégué au second plan derrière cette prise d’otage où la tension exposera la vraie nature et le cynisme de chacun. Pour les amoureux de théâtre, on est très largement en dessous d’un film comme La Vénus à la fourrure. Les acteurs sont très bons, sauf Blanche Gardin qui surjoue (expressément ?) atrocement, et malgré quelques longueurs (l’écriture du script notamment) la durée express permet de ne pas s’ennuyer, mais malgré l’idée de base alléchante, le résultat est assez quelconque.

 

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John Wick : Chapitre 4


John Wick : Chapitre 4
2023
Chad Stahelski

La saga John Wick est une anomalie dans le paysage cinématographique actuel : après un premier épisode certes très apprécié mais économiquement tout juste rentable (87 M$ dans le monde), chaque volet suivant a explosé les compteurs. 171 M$ pour John Wick 2, 326 M$ pour John Wick 3, et même ce quatrième opus, sorti post covid dans un marché encore convalescent avec un nombre ahurissant de plantages et de suites se cassant les dents, un nouveau pallier a été pulvérisé avec 432 M$ dans le monde. Un succès incroyable, d’autant qu’on ne peut pas vraiment dire que la saga a su se renouveler, et personnellement les quasiment trois heures de ce chapitre 4 faisaient peur. Il faut dire que Parabellum ne servait absolument à rien, mais cette fois on nous vendait une conclusion épique à toute la franchise, donc autant lui laisser une dernière chance.

Retour case départ pour John Wick (Keanu Reeves), toujours excommunié et qui devra là encore raviver de vieilles amitiés (Laurence Fishburne et Hiroyuki Sanada) pour espérer s’en sortir. Pire, le courbage d’échine du directeur du Continental (Ian McShane) n’aura servi absolument à rien : la Table a désigné un nouveau Marquis (Bill Skarsgard) qui va faire de la lutte contre John Wick son cheval de bataille, allant jusqu’à désacralisé tous les Continental car lui étant venu en aide. Il va faire également appel à un certain Caine (Donnie Yen), l’un des plus dangereux tueurs existant.

Espérons que les rumeurs de suite soient fausses et que le spin-off sur les ballerines soit un ratage (Black Widow était déjà pas bien passionnant, et le scénario sera sensiblement identique), car il était grand temps que la saga s’achève. On tourne décidément énormément en rond, avec toujours les mêmes enjeux : tenir bon face à des hordes de tueurs courant après la prime sur John Wick, et restaurer les privilèges de ceux tombés en disgrâce à cause de ses agissements. Alors oui, et même plus que jamais le savoir faire en matière de mise en scène et chorégraphies de combat force l’admiration. C’est beau à se damner visuellement, les cadres sont de toute beauté, la photographie incroyablement travaillée, les décors impressionnants, et niveau action ça envois du sacrément lourd. Les idées de cinéma débordent, on pensera notamment aux décors au Japon dignes d’une Citadelle, des passages où la respiration fait partie intégrante de la bande-son sur la place de l’étoile, ou encore les plans séquences vu de dessus dans l’immeuble désaffecté rappelant fortement le jeu-vidéo. Tout cela est très bien, et ça permet d’apprécier tout de même la séance, mais bigre que l’histoire tourne en rond ! Les combats sont toujours les mêmes, John est increvable et se relève instantanément de chutes ou impacts logiquement mortels, ses ennemis sont sympas à un point débile à ne lui tirer dessus que quand il peut se protéger et attendent qu’il attaque le premier. Pire, la scène dans la boîte de nuit est à hurler, encore pire que celle de Collateral tant personne ne réagit. Et avec 2h49 au compteur, c’est juste usant. La technique c’est bien, mais encore faut-il savoir doser et couper dans le gras pour se concentrer sur raconter quelque chose, point sur lequel la franchise aura eu décidément énormément de mal. Du grand divertissement de qualité, mais manquant de fond et incroyablement redondant.

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Kingdom Hearts : The Story so far


Kingdom Hearts : The Story so far
2019 – PS4
Tetsuya Nomura

La saga Kingdom Hearts est à la fois un bordel scénaristique et logistique, mais surtout une expérience narrative assez unique qui a largement été saluée pour la nervosité de son gameplay et son concept assez fou. Pour ceux qui dorment dans le fond, la franchise repose sur une combinaison de deux univers : Disney et Final Fantasy, la rencontre entre un cinéma ayant bercé l’enfance de beaucoup, et un savoir-faire vidéoludique légendaire à l’origine d’une grande partie des meilleurs JRPG de l’histoire.

C’est ainsi qu’en 2002 naquit Kingdom Hearts premier du nom, sous l’impulsion de Tetsuya Nomura, proposant les aventures de Sora, un garçon de douze ans ayant été choisi pour être un porteur de la Keyblade, arme en forme de clé permettant entre autre d’ouvrir les âmes des gens, au propre comme au figuré, d’ouvrir des passages entre les mondes, et surtout de lutter contre la menace des sans-cœurs, créatures nées à partir de gens ayant succombés aux ténèbres. Un premier pas fort sympathique, permettant de revivre les plus grands classiques des films d’animation Disney, et qui donnera naissance à un univers des plus riches qui n’a eu de cesse que de s’étoffer en attendant un troisième opus qui s’est fait attendre durant 14 ans.

Et justement, c’est tout le sujet du jeu dont il est question aujourd’hui : The Story so far. Car avant d’enfin découvrir Kindgom Hearts III, sorti en 2019, une compilation a vu le jour (bien qu’elle soit arriver après coup en France, avec un an de retard sur les Etats-Unis) pour permettre aux joueurs de tout connaître de l’univers en amont. Si les deux premiers opus numérotés sont sortis en 2002 et 2005 sur Playstation 2, le reste aura été un joyeux bordel : Chain of Memory, faisant le lien entre le 1 et 2, est sorti sur Gameboy Advance, Coded, exploration du métavers du journal du premier opus, est sorti uniquement au Japon sur téléphone avant d’avoir un premier remake sur Nintendo DS, 358/2, retraçant l’entre deux du point de vue de l’Organisation XIII, est lui aussi sorti sur Nintendo DS, puis le préquel Birth By Sleep est sorti sur PSP, et enfin Dreams Drop Distance, l’opus de transition entre le 2 et 3 est sorti sur Nintendo 3DS, retraçant l’examen de maître de Sora et Riku, sans compter les autres jeux sur téléphone. C’est donc tout simplement une demi-douzaine de consoles qu’il fallait avoir pour tout connaître des jeux principaux. Un casse tête improbable, d’où l’intérêt d’une compilation, là aussi compliquée. Ce n’est pas moins de quatre compilations qui ont vu le jour : I.5, II.5 et II.8, puis The Story so far qui réuni les trois compilations sur trois Blu-ray mais dans une seule boîte.

I.5 reprend un remaster HD du premier Kingdom Hearts, toujours bon à prendre, avec quelques retouches appréciables sur la gestion de la caméra, et c’est de fait la version Final Mix, jamais sortie en dehors du Japon. Seulement voilà, bien que sur la dizaine de jeux sortis, seuls les deux principaux ont bénéficié d’une VF, c’était là l’un des points forts jouant énormément sur l’immersion, et n’avoir qu’une version française doublée en anglais, c’est un énorme point noir. Qui montre à ses enfants les classiques Disney en VO ? Personne, tout le monde regarde en VF, d’autant que notre pays est probablement de loin le meilleur dans le domaine du doublage, de même que 90% des films vus en salle le sont en VF. Pour l’immersion dans un univers jouant à fond sur la nostalgie, c’est si dommage. Quitte à en parler, autant évoquer aussi le cas de Kingdom Hearts II : sans la voix de Patrick Poivé, l’univers de Tron perd beaucoup de son intérêt. D’ailleurs soyons francs, si vous possédez un PC solide, tous les jeux sont aussi sortis sur PC depuis, et les moddeurs ont rajouté la VF sur les deux premiers, donc si vous en avez la possibilité, autant en profiter, car la visite et l’immersion des mondes Disney est un des principaux plaisirs.

Toujours pour la compilation I.5, nous retrouvons le remaster HD de Re : Chain of Memory, remake de l’opus GBA fait avec le moteur graphique des opus PS2. Si le jeu a une importance cruciale dans le lore, expliquant pourquoi dès leur apparition dans Kingdom Hearts II la moitié de l’Organisation XIII est déjà morte, le jeu était surtout un exploit sur console portable, avec une 2D magnifique, mais le passage en 3D moderne enlève tout l’intérêt au titre, qu’on sent bâclé du fait qu’il soit à l’origine un bonus cadeau de la version Final Mix de Kingdom Hearts II. Le dernier « jeu » présent sur la première compilation est en réalité une compilation de cut-scènes de 358/2, un jeu là encore fou techniquement pour sa console d’origine, très sympa à jouer, mais au scénario anecdotique. Autant se regarder un résumé rapide sur Internet.


La seconde compilation II.5 est sans nulle doute la plus intéressante. Jeu incroyable encensé par tous, Kingdom Hearts II est disponible dans une version 4K magnifique, le jeu ayant si bien vieilli grâce à son style cartoon enfantin, et les apports de la Final Mix sont tous excellents, permettant de redécouvrir l’un des jeux les plus aboutis, si efficace dans sa mise en scène, l’exploration des mondes en deux temps. Alors bien sûr, l’absence de VF est un crève-cœur, mais comme le III n’a pas de VF et que le IV n’a pratiquement aucune chance d’en avoir une, autant se revoir tous les Disney en VO puis se reforger de nouveaux souvenirs…

On passera sur le « jeu » Recoded en version uniquement cinématiques, déjà pas passionnant avec sa notion de Di, doubles numériques des personnages, nous perdant déjà entre la personne de base, sa possible version sans-cœur s’il a cédé aux ténèbres, sa version simili si sa personnalité était trop forte pour « mourir », d’autant que si un sans-cœur est libéré et le simili détruit, la personne d’origine peut revenir à elle, d’autant que l’apparence physique peut varier, de même que le nom.

Le troisième disponible est autrement plus intéressant : le remaster HD de Birth By Sleep, meilleur jeu de la PSP à l’ambition folle, qui reste encore très fun à jouer et dont l’importance narrative est primordiale. On y voit les notions d’héritage de la Keyblade, l’origine du croisement de tous les destins des porteurs, de la nature première de Xehanort, antagoniste ultime de tout cet univers, et l’idée d’une narration en trois parties, se complétant à mesure que l’on effectue les trois histoires, c’est une idée géniale. Avec un système de mixage gratifiant, une chasse aux commande jouissive, sans avoir l’envergure qu’il devrait, c’est à la fois un jeu primordial dans la mythologie, et un jeu super fun à parcourir, malgré le manque d’intérêt des univers parcourus.

La dernière compilation est la II.8, au bilan assez mitigé. On trouvera tout d’abord le remake HD de Dreams Drop Distance, l’opus 3DS sur l’examen de maître de la Keyblade de Sora et Riku. Un opus très important dans la mythologie, immanquable même tant ses répercutions sont légions entre un retour stupéfiant, une autre nouvelle recrue, puis surtout toute l’importance de la fin avec cette boîte de pandore dangereuse qu’est le voyage dans le temps. Toute la dernière partie du jeu est épique à souhait, dantesque et posant les bases de la suite, mais le jeu dans son ensemble a plus de mal à convaincre. Des mondes moins mémorables, des interactions limitées, un sentiment de perte de temps puisque l’on ne fait que se balader dans les rêves. Un jeu toujours cool à jouer, mais qui sent trop le feeler de remplissage, et on préférera se voir un résumé vidéo pour mieux se concentrer sur des jeux plus ambitieux.

Teasé comme une démo technique servant d’introduction au si attendu KHIII, II.8 propose surtout le fameux Fragmentary Passage, faisant suite à Birth By Sleep. On y suit ainsi Aqua, tentant de se retrouver dans les ténèbres et les mondes oubliés. Génial sur le papier, ça ne reste qu’un errance de 2h tout au plus, au gameplay assez bridé, répétitif, et surtout visuellement inquiétant. Oui, les décors sont incroyables, mais ne collent pas du tout avec la direction artistique de la licence, les personnages ont un effet plastique enlevant leur âme, et même Sora semble avoir changé de voix. Passablement inquiétant pour la suite, mais heureusement, d’après ce que j’ai cru voir, KHIII est sensiblement différent. De quoi tout juste raccrocher les wagons, ajoutant toujours plus de poids sur les épaules d’un KHIII monde qui devra tout recouper.

Enfin dernier à tous niveaux, Black Cover est un film d’animation d’une heure réalisé sous Unreal Engine 4 pour raconter le jeu sur téléphone X Chi du point de vue des Oracles. Une catastrophe à tous les niveaux tant le résultat est inutile et frustrant : que des personnages masqués dont le visage ne sera jamais révélé, des mystères jamais expliqués pour une intrigue inutilement complexe et confuse, rajoutant de nouvelles migraines avec une notion de commencement des temps.

Que retenir de tout cela ? Que mise à part éventuellement le premier Kingdom Hearts encore soft en symbolique et mythologie, la saga ne s’adresse décidément pas aux enfants mais plus leurs parents nostalgiques des anciens Disney, et surtout globalement ceux qui aiment les scénarios torturés sur la nature même de la vie, avec une bonne grosse dose d’adrénaline pour les combats. Sur ce, après avoir consacré deux mois entiers à revoir et découvrir les pièces encore inconnues d’un immense puzzle, il est temps de confronter KHIII aux 14 ans d’attentes (15 pour moi, ayant découvert le second en 2009 et rattrapant le retard cinq ans après) et une dizaine de jeux ayant amplifié le mythe. Autant dire que la pression est totalement surréaliste et ne sera très certainement pas totalement comblée, voir loin s’en faut, mais sachons raison garder.

Edit : dès l’introduction, Kingdom Hearts III m’a donné tort, Black Cover aura en réalité une importance cruciale, les notions de destins et de la Keyblade qui voit tout semblent au cœur du récit dans une cité des Dieux à se damner, laissant entendre de sacrées claques esthétiques.

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The Pale Blue Eye


The Pale Blue Eye
2023
Scott Cooper

Sorti en tout début d’année dernière, le film avait fait un peu de bruit, étant décrit comme un must pour les amateurs d’enquête, avec comme souvent avec Netflix, un casting des plus alléchants (on retrouvera également Toby Jones, Robert Duvall, Gillian Anderson, Timothy Spall ou encore Charlotte Gainsbourg). Et effectivement, le film est bourré de qualités et ne passe pas loin de la très très bonne surprise, mais impossible de faire abstraction d’une liste de défauts assez conséquente.

L’histoire prend place en 1830, alors que l’académie militaire de West Point fait face à un drame inédit : l’un de ses cadets a été retrouvé pendu. Qui plus est, le corps a été retrouvé mutilé, le cœur arraché. Quelle est donc cette diablerie ? Pour mener l’enquête, l’académie fera appel à Landor (Christian Bale), un policier à la retraite.

Sur le papier, l’histoire semble assez bonne, à un détail près : Edgar Allan Poe (Harry Melling). Si le cousin Dudley offre une prestation incroyable, il n’en reste pas moins que voir le célèbre poète – ayant certes fait ses classes à cette époque dans ladite académie – prêter main forte à l’enquête en devenant ami avec Landor, c’est une hérésie. L’histoire fonctionne bien, le duo a une belle complicité, mais inclure inutilement un personnage historique de la sorte, c’est juste débile. Comment croire en sa romance quand le personnage féminin n’a pas le nom de sa future femme ? Comment le croire en danger quand l’on sait son véritable décès bien plus tardif ? Ca et les bondieuseries trop mélodramatiques, voilà qui entache sérieusement une histoire pourtant clairement intéressante, à défaut d’être captivante. Car là encore, si l’ambiance de l’époque est parfaitement maîtrisée, avec une belle réalisation et une photographie magnifique, le rythme est assez laborieux. Le bilan aurait pu même être plus que mitigé, si un point ne faisait pas consensus : sa fin. Alors qu’on croyait l’affaire résolue, moult détails qu’on aurait pu penser comme étant simplement du lore, prennent finalement tout leur sens, donnant une toute nouvelle vision à l’ensemble. D’apparence simpliste, l’histoire se révèle plus qu’aboutie, ne laissant en réalité rien au hasard. Avec quelques coupes dans le tas, un acolyte délesté de sa figure historique, moins de mélodrame sur la religion, on aurait pu avoir l’un des meilleurs films du genre. Reste un bel ouvrage de surface, avec une fin incroyable, malheureusement plombé par quelques choix discutables.

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Reptile


Reptile
2023
Grant Singer

Thriller dont probablement personne n’a entendu parler, il représente bien le souci Netflix dans son ensemble : ou quand le cinéma devient du contenu. On se retrouve donc encore une fois avec un film intriguant sur le papier, une histoire d’enquête avec un casting prestigieux, mais qui n’aura pas été mis en avant par la plateforme et qui du coup s’est retrouvé noyé dans une liste. Et quand on voit la qualité de leurs « grosses productions » qu’ils mettent en avant, notamment The Killer et Le Monde après nous récemment, il y a de quoi être perplexe.

Policier proche de la retraite, Tom Nichols (Benicio Del Toro) va se voir confier l’enquête autour du meurtre de la conjointe d’un certain Will Grady (Justin Timberlake), riche homme d’affaire. Tout semble au point mort : aucune piste, aucun suspect, aucun mobile aux premiers abords. Il devra en plus faire face à la pression sociale entre des amis ayant cédé à l’appât du gain, ou encore une femme (Alicia Silverstone) qui n’a plus grand désir pour lui.

Dans l’absolu on tient là un bon film d’enquête, avec un casting solide, une histoire relativement étoffée avec moult rebondissements et une écriture assez poussée. Seulement voilà, le mystère est assez bancal dans la mesure où l’on se doute bien vers où cela va nous mener, et tous les rebondissements ne feront que conforter nos suspicions, pour au final leur donner raison. Clairement, un film d’enquête où l’on devine la fin dès les quinze premières minutes, c’est plutôt triste. Certes, on suit l’histoire sans déplaisir, malgré une durée un peu abusive (2h14) le film est assez bien rythmé, mais les seules surprises viendront se greffer autour d’une issue bien trop évidente. Solide, mais prévisible.

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