Caméra café, 20 ans déjà


Caméra café, 20 ans déjà
2023
Bruno Solo, Yvan Le Bolloc’h

Annoncé en 2020 pour une sortie l’année suivante pour coller aux 20 ans de la série, cette émission spéciale avait semble t-il été mise en stand by pour cause de Covid, avant de finalement refaire parler d’elle il y a quelques mois pour annoncer sa sortie prochaine, aujourd’hui au jour de cette critique. Best of ? Making of ? Hommage avec les acteurs, en mode interview ? Je n’en avais aucune idée, et quelle ne fut pas la surprise ! Pour célébrer les 20 ans, rien de tout ça, c’est ni plus ni moins qu’un véritable film qui nous est proposé, reprenant tout le casting : Hervé (Bruno Solo) et Jean-Claude (Yvan Le Bolloc’h) bien sûr, mais aussi Nancy (Shirley Bousquet), Carole (Sylvie Loeillet), Jean-Guy  (Gerard Chaillou), Jeanne (Jeanne Savary), Fred (Valérie Decobert), Sylvain (Alexandre Pesle), Maeva (Armelle), Philippe (Alain Bouzigues) et bien d’autres comme Juju, André ou Vince.

Que sont-ils devenus 20 ans après ? Eh bien déjà non, pas vraiment 20 ans. La série a commencé en 2001, s’est terminée en 2004, mais est revenue à deux reprises. Tout d’abord en 2005 avec le premier long-métrage Espace détente, prolongement bancal qui n’a pas su faire vivre l’humour en dehors de ses murs avec un scénario mauvais, puis en 2009 avec Le Séminaire, qui malgré l’absence d’une trop grande partie du casting, arrivait à peu près à divertir, mais sans réellement convaincre. Un beau gâchis globalement. Outre le fait de montrer ce que sont devenus nos personnages cultes de cette série mythique, ce troisième film va aussi nous permettre de faire le lien entre la série, les films, et l’histoire au présent.

Ne sachant pas que le format de ce prime spécial 20 ans était un réel téléfilm, quand l’histoire démarra comme un sketch de l’époque, les comédiens maquillés pour donner l’illusion d’être une dizaine d’années en arrière, le doute était présent. Est-ce un sketch dont je ne m’en rappelle pas ? Marrant comment ça coïncide bien ! Eh puis après de très longs moments de doutes, la réalité est bien là, et c’est enfin au bout du troisième essai qu’ils ont réussi à transposer le concept de la série en une histoire de 93 minutes. On s’éloigne de temps à autre de la machine, mais au moindre flashback, on y revient, comme si la série avait perduré sur 22 ans, notre petite madeleine de Proust. Mieux encore, le film arrive à faire le lien avec les précédents films tout en ramenant Sylvain, trouvant une idée drôle et cohérente pour expliquer sa non mort. Comme le dit si justement notre bon vieux Jean-Claude, un homme ça ne change pas, ça vieilli. Ils ont vieilli, n’ont pas changé, l’alchimie est toujours là, l’humour bien plus efficace, certes sans valoir les meilleurs moments de la série. Nancy nous émeut, Hervé est toujours aussi furet, on a plaisir à les revoir. On en voudrait plus, on aurait aimé une confrontation avec la réalité moins réaliste, car effectivement, c’était une autre époque et le monde change, en mal, tellement mal. Merci pour ce cadeau nostalgique aux fans, reste que pour rire d’encore plus bon cœur et mieux apprécier cette proposition, il aurait été bon de modérer cette neurasthénie.

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Un homme en colère


Un homme en colère
2021
Guy Ritchie

Retour à ses premiers amours pour le réalisateur de génie qu’est Guy Ritchie, à qui l’on doit notamment les deux excellents Sherlock Holmes, le bougrement efficace Man from U.N.C.L.E, ou encore le plus mitigé Roi Arthur, qui possédait néanmoins quelques scènes mémorables grâce au style très brutal de son metteur en scène. Il est cette fois de retour au films de mafia / police, avec un remake très libre du film français Le Convoyeur (ou alors je m’en souviens très mal).

L’histoire est celle de l’agent H (Jason Statham), nouvellement embauché comme convoyeur, qui pour ceux qui ne le savent pas, est un métier consistant à escorter l’argent de grosses compagnies vers des banques. Ces derniers sont d’ailleurs sous tension depuis un braquage ayant vu deux de leurs agents mourir. H de son côté est incroyablement calme et serein, ayant hâte de se confronter au terrain. Et justement, très vite après son embauche, un braquage va avoir lieu et tourner à la boucherie, mais pas pour eux. D’une précision chirurgicale, un tir, une balle, un mort, H va abattre un à un tous les braqueurs. Si convoyer de l’argent était jusqu’alors dangereux, tenter de les braquer sera désormais fatal.

La violence à l’état brute, du pur film actionner comme on en voit plus, ou presque. Le film rassure d’emblée sur la qualité de la réalisation, percutante comme les balles des fusillades. Habitué des séries B, Jason Statham retrouve là une carrure de premier ordre, s’imposant comme la mort froide et implacable qui s’abattra sur tout ceux qui seront sa cible. L’histoire derrière la colère est classique mais efficace, et on retrouvera un casting prestigieux avec Andy Garcia, Eddie Marsan, Josh Hartnett, mais aussi un surprenant Scott Eastwood dont le rôle de connard prétentieux lui colle à la perfection. Seule ombre au tableau, outre son chapitrage maladroit, est justement le troisième chapitre. Il reprend exactement l’histoire abordée en second chapitre, déjà un peu trop long en soi, simplement pour le raconter du point de vue des méchants. Or non seulement cela n’apporte pas grand chose de plus, mais cela alourdi le récit et en dévoile trop sur de simples cibles destinées à mourir et dont on s’en fout royalement. On perd en rythme, en efficacité, et c’est clairement un ventre mou qui porte préjudice. Sans ça, le film aurait été un must du genre. Reste un très bon film, mais je conseille donc de purement et simplement zapper le troisième chapitre.

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Jurassic World : Le Monde d’après


Jurassic World : Le Monde d’après
2022
Colin Trevorrow

Mythique saga cinématographique, Jurassic Park était revenu à la vie en 2015 avec un premier Jurassic World, quasi remake du premier film, mais apportant une critique du monde moderne assez pertinente, tout en offrant du grand spectacle de qualité. Une bonne surprise, qui vue ensuite Fallen Kingdom, sa suite en 2018, y apporter une touche plus sombre, plus horrifique, tout en assurant le spectacle dans la première moitié. Sans révolutionner le genre, on restait sur du divertissement de qualité, et on nous vendait du grand, de l’immense pour la conclusion de la trilogie : les dinosaures ont désormais conquis le monde, ils sont partout !

Plutôt que d’effectivement parler de comment le monde apprend à vivre avec des créatures gigantesques et particulièrement féroces, le film va nous pondre une histoire écologique pour le moins prévisible et peu passionnante : Bionesix (ou truc du genre), méga entreprise ayant réussi à négocier un contrat d’exclusivité mondiale pour la garde et l’étude des mastodontes du paléolithique, serait potentiellement aussi responsable d’une mutation de sauterelles qui saccagent toutes les récoltes, sauf celles utilisant des graines Bionesix. Comme par hasard ? Non, pas pour le trio d’origine, Ellie Satler (Laura Dern), Alan Grant (Sam Neill) et le professeur Malcolm (Jeff Goldblum). De leur côté, Owen (Chris Pratt) et Claire (Bryce Dallas Howard) tentent de récupérer le clone du dernier film,  capturée par de mystérieux ravisseurs.

Alors que le film partait sur de bonnes bases, promettait de ramener ni plus ni moins que les trois acteurs iconiques de la trilogie originelle, de placer non plus un « simple » T-Rex dans la ville comme dans le second opus, mais TOUS les dinosaures, le film arrive à ne pas tenir réellement ses engagements, et foirer tout ce qu’il entreprend dans des largeurs que peu de films, même en se sabotant volontairement, ont « réussi ». Commençons par le « scénario » : le grand groupe industriel très très méchant qui veut devenir encore plus riche et encore plus méchant. Les fils sont tellement énormes que ça ne tient pas deux secondes. On sait instantanément que bien évidemment, le coup des récoltes, ce sont eux. Que l’enlèvement, le braconnage, limite ils sont responsables également du réchauffement climatique, de l’inflation, de la hausse du prix de l’essence, tout, ne cherchez pas plus loin. Du manichéisme outrancier. Mais c’est presque là le point le moins raté du film…

Pour un film de 160 millions de dollar de budget – certes moins que les deux précédents (200 et 170 M$ respectivement) – il est aberrant de voir que les effets spéciaux sont si hideux. Après trente ans d’évolution technologique, on a jamais aussi peu cru à leur présence qu’ici, les FX sont un ratage quasi historique, une fluidité d’animation ignoble, des appareils dans le ciel glissant avec un naturel digne d’une animation movie maker d’il y a 20 ans fait par un enfant découvrant le montage vidéo. C’est tout simplement indigne d’un film à aussi gros budget, indigne d’un film sortant en 2022, indigne de la franchise. On notera également des dialogues d’un niveau préoccupant (un grognement en guise de réponse, des échanges vides, un scientifique expliquant exactement tout et son contraire), des musiques d’un raté ahurissant (gros boum en guise de suspense, du bruitage digne d’un nanar des années 60, même le thème historique est saccagé). Les acteurs cachetonnent, personne ne semble faire correctement son métier. Et bigre, que c’est long ! 2h40 pour ça ! Et au final, une seule scène avec des dinosaures vraiment en ville, à Chypre, pour de la course poursuite basique insipide. Le reste est du décor fond vert sans le moindre reste de concret, d’animatronix. La réalisation est charcutée, jamais grandiose, souvent peu lisible.

Cerise sur l’étron, on pourra également citer des références d’un subtil peu commun, de la voiture avec le T-Rex, Malcolm faisant diversion, la « bombe de chantilly », le lézard à collerette. Tout y passe. A la moindre occasion, le film essaye de faire son maximum pour balancer des clin d’œil à la limite du re-pompage, n’hésitant pas à appuyer cela avec la musique comme un spectacle comique à l’époque du cinéma muet. Navrant… Naufrage visuel, naufrage narratif, naufrage artistique. Sans l’ombre d’un doute le blockbuster le plus pitoyable de la décennie.

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Mais vous êtes fous


Mais vous êtes fous
2019
Audrey Diwan

L’homme est un être faible et la vie lui soumet moult tentations. Tiré d’une histoire vraie, le film raconte comment Romain (Pio Marmaï), par souci de tout faire, va tout perdre. Pour tenir le coup, être efficace au travail, être présent et dynamique avec ses enfants, aimant et protecteur pour sa femme (Céline Sallette), il a depuis des années eu recours à une consommation toujours plus importante de cocaïne. Un problème qui ne regardait « que lui » jusqu’à présent, mais quand sa plus jeune fille va se retrouvée hospitalisée suite à des convulsions, les choses vont tourner au drame : des traces de drogue vont être retrouvées dans les analyses sanguines de la fille, l’autre fille, la mère, tout le monde. Il perdra alors la garde de ses enfants et la confiance de ceux pour qui il se battait jusqu’alors.

Peut-on réellement justifier de telles dérives pour « tenir le rythme » ? Non, aucun débat possible. La drogue n’est jamais et ne saura jamais une solution. Néanmoins, une chance de repentance peut s’envisager, mais à l’image des protagonistes du film, quand on a menti aussi longtemps et de façon aussi grave, seconde chance ou non, la confiance peut éventuellement ne jamais revenir. Outre le drame social, la déchéance d’un homme exposée au grand jour, le film nous questionne sur la morale, la capacité de pardonner. Les acteurs sont d’une grande justesse, surtout Pio Marmaï, décidément un des plus grands acteurs français de sa génération. Le film nous tient en haleine, est bien rythmé et laisse planer le doute. Un sujet qui n’intéressera cependant pas tout le monde, la misère humaine n’étant par nature pas quelque chose qu’on recherche, mais il faut avoir conscience que ce genre de fait divers existe, et le film est en cela une bonne leçon de vie.

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Mirrors


Mirrors
2008
Alexandre Aja

Le cinéma horrifique est probablement celui qui m’attire le moins. Rare sont les films à innover, que ce soit sur la forme ou sur le fond, et le raz-le-bol est absolu face aux énièmes films de démons avec des bondieuseries et des jumpscare putassiers avec moult effets sonores bien trop forts, ou élément visuel surgissant d’un coup. De temps à autre, on essaye de laisser sa chance à l’un d’entre eux, puis on le regrette.

Ex policier devenu alcoolique depuis qu’il a été responsable de la mort d’une personne, Ben (Kiefer Sutherland) essayait tant bien que mal de redresser la barre pour revoir et peut-être regagner la confiance de sa femme (Paula Patton) et ses enfants, désormais éloignés à cause de son comportement parfois violent à cause des ravages de l’alcool. Pour retrouver une vie normale après la prison, il avait notamment entreprit de devenir veilleur de nuit au Meyflowers, un centre commercial ayant succombé aux flammes, dont les propriétaires, en attendant de réhabiliter les lieux, veillent à ce que par exemple des squatteurs ne viennent pas s’y installer. Seulement ce qu’il pensait être un job tranquille allait en réalité mettre sa vie danger.

Dans l’absolu, pourquoi pas, pas trop de bondieuserie, des mystères, de l’angoisse, des scènes choquantes (et à peu près justifiées). Le film est assez long, quelques incohérences et preuves d’inconscience face au danger, mais dans l’absolu le film aurait pu être considéré comme correct. Seulement voilà, non seulement il est sorti après 1999, donc le jeu, mais il est en plus sorti après 2006, donc le film Silent Hill. Or tous les ressorts du film, le monde miroir, l’origine du mystère, le coup de la petite fille et ce qu’elle devient, presque tout jusqu’au plod twist final, tout est repompé du jeu / film. Un manque cruel d’imagination, piochant de fait tous ces œufs dans le même panier, et en termes de mise en scène, ambiance ou efficacité, la comparaison fait mal. Une œuvre mineur, plagiant à outrance, et qui ne mérite donc pas qu’on s’en rappelle.

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Jour J


Jour J
2017
Reem Kherici

Triangle amoureux, encore. Mais cette fois, après l’indécise à moitié fautive, voici le lâche, le connard dans toute sa « splendeur ». On suivra la débâcle de Mathias (Nicolas Duvauchelle), minable ayant trompé sa copine Alexia (Julia Piaton) au cours d’une soirée avec une certaine Juliette (Reem Kherici). Cette dernière, ne savant que le bougre était déjà en couple, lui avait laissé sa carte. Quand Alexia va tomber par hasard sur ladite carte, ce dernier va lâchement lui laisser croire qu’il avait cette carte car la Juliette en question est organisatrice de mariage, et que bien sûr que non, il n’a pas batifolé comme un salaud, mais veut au contraire lui passer l’anneau. Lui qui n’aimait pas spécialement sa copine, il va se retrouver à organiser son mariage avec celle qui fut une nuit sa maîtresse, le début des galères.

En voilà un film qui met la masculinité à l’honneur… Lâcheté, tromperie, couardise, bêtise, mensonges, tout y passe. Cela débouche sur des situations cocasses, tendues, et l’humour fonctionne assez bien dans l’ensemble, mais on repassera niveau moralité. L’écriture est globalement assez mauvaise, se vautrant dans un sacré paquet de facilités hautement prévisibles, notamment le coup de la carte, moteur de l’élément déclencheur du tout début, qu’on voit venir à des kilomètres. Passé les cinq premières minutes du film, on peut prédire facilement le reste jusqu’au générique de fin. C’est toujours un problème, mais certes moins dans le cadre d’une comédie romantique, genre où la marge de manœuvre est faible et où on est habitué à ce genre de fainéantise. On passera sur Sylvie Testud, peu utile, mais le film compte heureusement sur quelques rôles secondaires sympathiques voir drôle, comme Lionnel Astier, Chantal Lauby ou encore François-Xavier Demaison. Le film se suit sans déplaisir, mais il sera probablement très vite oublié.

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L’Embarras du choix


L’Embarras du choix
2017
Eric Lavaine

Dans le genre difficilement original qu’est la comédie romantique, le film vient proposer un « concept » : l’indécision. Juliette (Alexandra Lamy) souffre d’un trouble mental discret mais parfois difficile à vivre : elle est incapable de prendre la moindre décision. Rien de bien grave jusqu’alors, mais alors qu’elle croyait le beau écossais Paul (Jamie Bamber) reparti vers sa promise, passant alors à autre chose avec Étienne (Arnaud Ducret), homme passionné et simple, Paul va revenir à la charge, ayant quitté sa fiancée pour elle. La voilà convoitée par deux prétendants des plus charmants, mais que faire quand on est incapable de faire le moindre choix ?

Derrière le « concept » du film se cache une comédie romantique des plus classiques, reposant sur un triangle amoureux avec une personne devant choisir entre deux autres, cette fois une femme. Un scénario des plus plats, heureusement un peu sauvé par le casting, avec un beau panel de rôles secondaires : Anne Marivin et Jérôme Commandeur en couple d’apparence vide mais en réalité touchant ; on passera sur Sabrina Ouazani, campant une amie frivole et peu captivante ; et surtout on retiendra Lionnel Astier, toujours parfait dans tout ce qu’il fait avec son charisme incroyable. Un film qui sera vite oublié et qui ne peut prétendre à plus qu’un divertissement peu efficace.

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Le Menu


Le Menu
2022
Mark Mylod

Succès surprise de la fin d’année 2022, le film a réussi à avoir un joli score au box-office (75 M$ actuellement) malgré une campagne limitée (j’ai réussi à voir le film sans réellement savoir de quoi il en retourne ni voir la moindre image ou bande-annonce) et un genre réputé peu propice depuis le Covid (seules les comédies et gros blockbusters s’en sont à peu près remis, les films visant un public plus mature se mangeant gadin sur gadin). Qui a t-il donc au menu ?

Passionné de cuisine et aspirant à marcher dans les pas du géant Slowik (Ralph Fiennes), Tyler (Nicholas Hoult) va réussir à obtenir dans le restaurant très sélect de ce dernier, ayant un restaurant sur une île privée où le couvert est tout simplement à 1250$. Il s’y rendra en compagnie de Margot (Anya Taylor-Joy), une amie, loin d’avoir la même passion que lui pour la nourriture.

Juste foncez. Ne lisez rien sur ce film, ne vous attendez à rien. La surprise doit être totale sur ce que le film a à vous proposer. A l’image du chef qui a une idée très précise de son menu, le film se dévoile petit à petit, laissant planer le doute, puis révélant ses enjeux avec un soin prononcé pour la mise en scène. Quand on ne sait rien, qu’on ne s’attend à rien, la surprise sera totale, bien qu’effectivement, même si quelques doutes persistent au début, une fois le choc passé, le reste suit son cours dans le même esprit, sans autre bouleversement majeur. Un film à concept, certes révélé assez tôt, et à partir de ce moment le développement est un peu trop prévisible, mais l’efficacité et l’originalité sont là. Sans être une claque de grande envergure, le film sait gérer son suspense et créer de la tension, et rien que pour ça il vaut le détour.

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Au bout du tunnel


Au bout du tunnel
2017
Rodrigo Grande

On ne s’en rend pas forcément compte, mais l’arrivée des services de streaming aura permis l’exportation de nombre d’œuvres audiovisuelles étrangères. Et comme le disait Sartre, « l’enfer, c’est les autres ». Rudes furent les expériences de La Plateforme ou 365 dni, ou même globalement l’immense déception de La Casa de papel, ou encore l’agonie la plus brutale de l’histoire, Élite, une série qui fut lors de ses premières saison une claque monumentale, avant de glisser vers la médiocrité, puis de devenir carrément à chier dans sa sixième saison (mieux vaut s’arrêter à la troisième).

Production d’Argentine, le film nous conte l’histoire d’un quinquagénaire acariâtre, qui aurait (le film ne le dira jamais) perdu ses jambes, sa femme et sa fille dans un accident de voiture. Un espoir subsiste néanmoins : une opération pourrait lui rendre l’usage de ses membres inférieurs. Et ça tombe bien, un groupe de truands sont justement en train de creuser un tunnel vers une banque, et il compte bien se servir de ses talents d’espion ingénieur pour intercepter une partie du butin. Mais au même moment, une mère et sa fille vont répondre à son annonce de colocation et venir emménager chez lui.

Il est plus facile de braquer des braqueurs une fois le magot extrait qu’à la banque directement. L’idée de base est bonne, le développement moins, et les personnages carrément pas. Tous sont des stéréotypes de tv novela, avec le jeu d’acteur qui va avec, et ils sont l’éminence grise d’un film de braquage au bon potentiel tant leur écriture est limite et leurs réactions stupides par moment. On se laisse happer par l’histoire, l’organisation du coup, son déroulé, mais tout le reste est assez ennuyeux et attendu. Pourquoi pas si vous êtes passionnés par ce genre de film, autrement les options du genre en mieux sont légion.

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The Ledge


The Ledge
2022
Howard J. Ford

Genre que j’avais soigneusement esquivé depuis des années, les séries B ne m’avaient décidément pas manquées… Sorti directement en DVD, VOD et autres supports physiques ou streaming, le film raconte comment, après avoir chauffé quatre inconnus comme une professionnelle du bois de Boulogne, une cagole bourrée va bizarrement se retrouver à être violée par le chef de meute. Pensant fuir en pleine nuit dans des bois isolés dans un massif italien, elle sera bien évidemment retrouvée par le groupe qui, voulant « dissiper tout malentendu », va la pousser du haut d’une falaise, puis lui écraser le crâne pour être sûr qu’elle ne l’ouvrira pas. Sagement couchée dans le gîtes à côté, son amie va avoir la bonne idée de se rendre en direction des cris, filmer le tout, sans oublier de pousser un petit cri pour leur signaler qu’il faudra elle aussi l’éliminer. Mais se croyant plus maline et plus forte physiquement, elle va se réfugier dans les montagnes, escaladant la paroi à mains nues. Les quatre hommes vont alors partir la rattraper pour éviter tout témoin gênant.

Outre le fait que tout le début est d’une maladresse sans nom avec les deux chaudasses et le boys band en mode mauvais scénario porno, l’enchaînement sera des plus laborieux avec un concours du protagoniste avec le moins de neurones. Seulement au milieu de ce « toxic men, le film », un espoir était permis : une femme faisant une ascension vertigineuse à mains nues, survivant également à l’assaut de quatre hommes. Du survivalisme, de la tension, des images saisissantes. On passera sur deux scènes de chute se battant pour la place de pire montage de la décennie, entre un cut matelas avec un corps qui se téléporte et le vilain fond vert d’une personne couchée faisant semblant de tomber qu’on ne fera que rétrécir à l’image pour simuler la chute. Non, le plus gros souci est que l’ascension, une fois l’introduction passée, ne durera qu’un petit quart d’heure, le reste étant un huis clôt sur fond vert où le boys band campe au dessus de la fille, parce qu’elle ne peut pas descendre ou aller ailleurs sans matériel. On notera aussi les flash back lourds sur le petit ami mort en ascension d’une façon stupide, en admettant que faire une ascension à mains nues ne soit pas déjà un summum de stupidité. Bref, un budget inexistant, des acteurs catastrophiques, une écriture d’une nullité à peine croyable. Reste un léger suspens et une durée heureusement courte pour limiter le supplice.

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