Le Menu


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2022
Mark Mylod

Succès surprise de la fin d’année 2022, le film a réussi à avoir un joli score au box-office (75 M$ actuellement) malgré une campagne limitée (j’ai réussi à voir le film sans réellement savoir de quoi il en retourne ni voir la moindre image ou bande-annonce) et un genre réputé peu propice depuis le Covid (seules les comédies et gros blockbusters s’en sont à peu près remis, les films visant un public plus mature se mangeant gadin sur gadin). Qui a t-il donc au menu ?

Passionné de cuisine et aspirant à marcher dans les pas du géant Slowik (Ralph Fiennes), Tyler (Nicholas Hoult) va réussir à obtenir dans le restaurant très sélect de ce dernier, ayant un restaurant sur une île privée où le couvert est tout simplement à 1250$. Il s’y rendra en compagnie de Margot (Anya Taylor-Joy), une amie, loin d’avoir la même passion que lui pour la nourriture.

Juste foncez. Ne lisez rien sur ce film, ne vous attendez à rien. La surprise doit être totale sur ce que le film a à vous proposer. A l’image du chef qui a une idée très précise de son menu, le film se dévoile petit à petit, laissant planer le doute, puis révélant ses enjeux avec un soin prononcé pour la mise en scène. Quand on ne sait rien, qu’on ne s’attend à rien, la surprise sera totale, bien qu’effectivement, même si quelques doutes persistent au début, une fois le choc passé, le reste suit son cours dans le même esprit, sans autre bouleversement majeur. Un film à concept, certes révélé assez tôt, et à partir de ce moment le développement est un peu trop prévisible, mais l’efficacité et l’originalité sont là. Sans être une claque de grande envergure, le film sait gérer son suspense et créer de la tension, et rien que pour ça il vaut le détour.

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Au bout du tunnel


Au bout du tunnel
2017
Rodrigo Grande

On ne s’en rend pas forcément compte, mais l’arrivée des services de streaming aura permis l’exportation de nombre d’œuvres audiovisuelles étrangères. Et comme le disait Sartre, « l’enfer, c’est les autres ». Rudes furent les expériences de La Plateforme ou 365 dni, ou même globalement l’immense déception de La Casa de papel, ou encore l’agonie la plus brutale de l’histoire, Élite, une série qui fut lors de ses premières saison une claque monumentale, avant de glisser vers la médiocrité, puis de devenir carrément à chier dans sa sixième saison (mieux vaut s’arrêter à la troisième).

Production d’Argentine, le film nous conte l’histoire d’un quinquagénaire acariâtre, qui aurait (le film ne le dira jamais) perdu ses jambes, sa femme et sa fille dans un accident de voiture. Un espoir subsiste néanmoins : une opération pourrait lui rendre l’usage de ses membres inférieurs. Et ça tombe bien, un groupe de truands sont justement en train de creuser un tunnel vers une banque, et il compte bien se servir de ses talents d’espion ingénieur pour intercepter une partie du butin. Mais au même moment, une mère et sa fille vont répondre à son annonce de colocation et venir emménager chez lui.

Il est plus facile de braquer des braqueurs une fois le magot extrait qu’à la banque directement. L’idée de base est bonne, le développement moins, et les personnages carrément pas. Tous sont des stéréotypes de tv novela, avec le jeu d’acteur qui va avec, et ils sont l’éminence grise d’un film de braquage au bon potentiel tant leur écriture est limite et leurs réactions stupides par moment. On se laisse happer par l’histoire, l’organisation du coup, son déroulé, mais tout le reste est assez ennuyeux et attendu. Pourquoi pas si vous êtes passionnés par ce genre de film, autrement les options du genre en mieux sont légion.

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The Ledge


The Ledge
2022
Howard J. Ford

Genre que j’avais soigneusement esquivé depuis des années, les séries B ne m’avaient décidément pas manquées… Sorti directement en DVD, VOD et autres supports physiques ou streaming, le film raconte comment, après avoir chauffé quatre inconnus comme une professionnelle du bois de Boulogne, une cagole bourrée va bizarrement se retrouver à être violée par le chef de meute. Pensant fuir en pleine nuit dans des bois isolés dans un massif italien, elle sera bien évidemment retrouvée par le groupe qui, voulant « dissiper tout malentendu », va la pousser du haut d’une falaise, puis lui écraser le crâne pour être sûr qu’elle ne l’ouvrira pas. Sagement couchée dans le gîtes à côté, son amie va avoir la bonne idée de se rendre en direction des cris, filmer le tout, sans oublier de pousser un petit cri pour leur signaler qu’il faudra elle aussi l’éliminer. Mais se croyant plus maline et plus forte physiquement, elle va se réfugier dans les montagnes, escaladant la paroi à mains nues. Les quatre hommes vont alors partir la rattraper pour éviter tout témoin gênant.

Outre le fait que tout le début est d’une maladresse sans nom avec les deux chaudasses et le boys band en mode mauvais scénario porno, l’enchaînement sera des plus laborieux avec un concours du protagoniste avec le moins de neurones. Seulement au milieu de ce « toxic men, le film », un espoir était permis : une femme faisant une ascension vertigineuse à mains nues, survivant également à l’assaut de quatre hommes. Du survivalisme, de la tension, des images saisissantes. On passera sur deux scènes de chute se battant pour la place de pire montage de la décennie, entre un cut matelas avec un corps qui se téléporte et le vilain fond vert d’une personne couchée faisant semblant de tomber qu’on ne fera que rétrécir à l’image pour simuler la chute. Non, le plus gros souci est que l’ascension, une fois l’introduction passée, ne durera qu’un petit quart d’heure, le reste étant un huis clôt sur fond vert où le boys band campe au dessus de la fille, parce qu’elle ne peut pas descendre ou aller ailleurs sans matériel. On notera aussi les flash back lourds sur le petit ami mort en ascension d’une façon stupide, en admettant que faire une ascension à mains nues ne soit pas déjà un summum de stupidité. Bref, un budget inexistant, des acteurs catastrophiques, une écriture d’une nullité à peine croyable. Reste un léger suspens et une durée heureusement courte pour limiter le supplice.

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La Rançon


La Rançon
1997
Ron Howard

L’argent est le moteur de la vie, le moteur de toute chose. Outre le fait d’être obligatoire pour avoir un toit et de quoi manger, toute occupation, tout confort, tout ce qui est ne peut s’obtenir qu’avec de l’argent. Certains naissent avec, d’autres le gagnent, et d’autres essayent inlassablement, en vain. De famille modeste, Tom Mullen (Mel Gibson) est la quintessence du rêve américain : parti de rien, il a bâtit un empire de l’aviation, et désormais il compte parmi les milliardaires de ce monde. Et forcément, qui dit richesse dit convoitise. Inspecteur de police, Jimmy Shaker (Gary Sinise) va se servir de son expérience du terrain pour orchestrer l’enlèvement du fils du milliardaire, lui réclamant deux millions de dollars en cash.

Le concept du film est on ne peut plus classique : un enlèvement, une rançon. Heureusement, le film arrive à se démarquer un peu, car outre son casting solide (avec également Delroy Lindo en inspecteur chargé de l’enquête, on retrouvera aussi Liev Schreiber et Evan Handler parmi les ravisseurs), le déroulé de l’histoire arrive à régulièrement nous surprendre avec moult rebondissements entre coups de génie et coups de folie. Le film se laisse suivre, le charisme de Mel Gibson y étant pour beaucoup. Mais que ce soit sur le fond ou sur la forme, le film reste très classique, souffrant donc de la comparaison avec les must du genre comme Searching dans le genre disparition / enquête. Du thriller efficace, mais qui ne marquera pas outre mesure.

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Avatar : la voie de l’eau


Avatar : la voie de l’eau
2022
James Cameron

13 ans. Treize longues années auront été nécessaires pour enfin découvrir la suite des aventures d’Avatar sur Pandora. Pour les fans avides d’une seconde plongée et au delà, l’attente fut un périple aux nombreux rebondissements. Deux suites avaient été annoncées dès 2010 pour un tournage d’un an en 2012 pour des sorties fin 2014 et 2016. Puis suite au retard de l’attraction Disneyland, tout fut décalé de deux ans. Et patatras, James Cameron a ensuite décidé de partir en réécriture pour transformer la trilogie en pentalogie, pour des sorties en 2018, 2020, 2024 et 2026. Une pause de quatre ans était prévue entre les volets 3 et 4 pour cause de tournages séparés en deux. Décidant finalement de presque tout tourner d’affilé (les 2 et 3, 75% du 4 et quelques scènes du 5 pour éviter que les jeunes acteurs ne grandissent trop) Nous en sommes finalement arrivé à ce calendrier (définitif ?) d’un film tous les deux ans entre 2022 et 2028. Un sacré programme, et le réalisateur n’exclut pas d’aller au-delà de cinq films, tout en ayant conscience qu’en 2028 la barre des 80 ans sera proche et qu’il faudra sûrement passer le flambeau.

Le temps a passé pour nous, et il en est de même pour ceux que nous avions laissé à la fin du premier film. Jake (Sam Worthington) et Ney’tiri (Zoe Saldana) ont désormais 3-5 enfants : deux garçons et une fille biologiques, une fille pleinement adoptée, inexplicablement née de l’Avatar de la scientifique Grace Augustine (Sigourney Weaver), et Spider (Jack Champion), le fils caché de feu le colonel (Stephen Lang). La conscience et la mémoire de ce dernier ont d’ailleurs été implantés dans un corps d’Avatar, car si la précédente expédition a été chassée, l’humanité, ayant épuisé une grande partie des réserves de la Terre, compte bien exploiter plus que jamais les ressources de Pandora.

Aucun doute possible, l’attente était colossale. Malgré une absence de sortie en Russie (top 15 des plus gros consommateurs de cinéma), une Chine encore fébrile et des États-Unis sous un blizzard historique, le film fera déjà plus de 1,3 milliard d’ici le nouvel an en une quinzaine de jours, et la barre des 2 milliards espérée sera largement atteinte. Probablement 2,4 en fin de carrière, ce qui est fou après tant d’années. En France les 14,7 millions d’entrées du premier ne seront sans doute pas égalés, mais avec 9 millions en trois semaines, il n’en sera vraiment pas loin. Mais est-ce l’amour du premier volet qui rayonne à nouveau, ou est-ce que cette suite est une nouvelle claque à la mesure de son prédécesseur ?

Si en 2009 le gap entre nos modestes installations maison, stéréo et même pas forcément de HD, et le cinéma était phénoménal, quand on passe aujourd’hui du confort accru de la maison avec écran géant 4K et barre de son 5:1 à un cinéma non Imax, le ressenti n’est plus le même. J’irais même plus loin : si vous ne faites pas le déplacement pour le voir en Imax, le retour à une 3D terne enlèvera une bonne partie du grandiose du film. Car en dehors des images à couper le souffle, affichant des prouesses sous-marines inégalées, seule l’ambiance vous emportera vraiment. La musique est incroyable, mais en dehors de l’ambiance et son univers, le film déçoit un peu.

Les méchants humains le retour, un clone du colonel, fuir et apprendre une nouvelle vie, tout n’est que redite. Les enjeux sont les mêmes pratiquement, seul le thème de la paternité vient s’y greffer, au détriment justement desdits parents. Jake est presque aussi mauvais père que le colonel. Ney’tiri, bien que nous réservant quelques passages intenses, est peu présente, et le trop grand nombre d’enfants sème la confusion. On notera aussi les « présences » de Kate Winslet et Cliff Curtis en chefs de la tribu de l’eau, là encore effacés au profit de leurs enfants. Il manque aussi du grandiose dans l’action, une bataille de plus grande ampleur, avec plus de bâtiments, l’armée de baleine, le retour de Toruc du fameux Toruc macto qui n’est plus macto de rien du tout. De ce point de vue là, on reste sur notre faim. Trop d’exposition et de contemplation durant ces plus de trois heures de long-métrage. Toujours plus abouti visuellement, bien qu’un cinéma classique non giga multiplex avec Imax ne permettra pas de pleinement l’apprécier, ce nouveau chapitre reste trop pauvre en écriture pour marquer autant que son modèle. Un grand film, mais dont les ambitions sont trop limitées au visuel.

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Peninsula


Peninsula
2020
Sang-Ho Yeon

Alors que le monde avait acclamé Train to Busan, j’étais personnellement resté froid devant un film de zombies archi classique, oubliable sur la mise en scène, et mauvais sur l’écriture des personnages, trop débiles et caricaturaux. L’idée d’une suite me laissait donc très perplexe, d’autant que cette suite a surtout reçu des avis mitigés voir mauvais.

L’histoire se déroule peu après le premier film, et bien qu’on croyait le virus libéré dans tout le monde, il a finalement été contenu à la seule Corée du Sud. Le reste de la Terre continue donc son chemin, et l’argent reste la principale source de convoitise. Il se trouve justement qu’une montagne de dollars dort bien tranquillement dans un camion en zone infectée, et des mercenaires vont être recrutés pour tout récupérer.

Si l’idée première se tient, c’est à peu près tout ce qu’il y a à sauver du film. On bat des records de connerie et d’incohérence à chaque scène, nous faisant inlassablement sortir du film. Comment une zone abandonnée depuis des années a encore de l’électricité ? Comment se nourrissent les survivants ? Pourquoi les zombies sont encore en vie sans boire ni manger pendant des mois voir années ? Comment de l’essence raffinée il y a quatre ans peut ne pas être périmée ? Rien ne pourrait justifier de telles absurdités, et le film n’essaye même pas. Là encore, les protagonistes sont d’une bêtise insupportable, et pire encore, la mise en scène est mauvaise. Des nuits artificielles auxquelles on ne croit pas deux secondes, des accélérations immondes et des scènes d’action en voiture full CGI. Un naufrage difficile à tenir jusqu’au bout…

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Il Était une fois 2


Il Était une fois 2
2022
Adam Shankman

Après une décennies d’annonces, de date de sortie posée puis annulée, d’annonce de tournage, reports et annulation, on y croyait plus à force. Puis finalement la plateforme Disney+ arriva, ravivant avec elle nombre de projets qu’on croyait enterrés. Quinze ans plus tard nous y voilà. Que raconter alors ?

Ils vécurent heureux pour toujours, vraiment ? Face à un New-York de plus en plus triste, Giselle (Amy Adams) et Robert (Patrick Dempsey) vont partir en banlieue se mettre au vert, mais cela ne suffira pas à raviver la magie d’Andalasia, au point de commettre le vœu de retrouver une vie de conte de fée, sans penser aux conséquences.

Terrible désillusion ? Après l’euphorie des débuts, place à la dépression sur fond d’élever une belle fille en pleine crise d’adolescence. La grande nouveauté est qu’ici ce ne sont plus des personnages, mais carrément l’univers fantastique qui débarque. Un bouleversement de monde suite à une dépression, un souhait qui tourne mal, voilà qui n’est pas sans rappeler le très bon Shrek 4, mais le concept est ici plus limité, sans basculement dans une réalité alternative, mais un glissement progressif. Et le souci, c’est que le concept de base était d’inclure du conte de fée dans la réalité, donc que les deux fusionnent n’est ni novateur ni pertinent en fait. Maya Rudolph fait une seconde méchante redondante, et même si le film n’est jamais mauvais, il n’apporte juste rien, si ce n’est retrouver des personnages qu’ on appréciait (James Marsden étant de retour avec la reine des neiges). Trop maigre pour justifier le film, et on comprend pourquoi il a tristement atterri directement en streaming.

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Il Était une fois


Il Était une fois
2007
Kevin Lima

Alors que débarque presque jour pour jour quinze ans plus tard une suite tant attendue (enfin surtout annoncé il y a tant d’années, 2010 je crois), retour sur un petit compte presque de Noël mais surtout dans l’esprit de Noël : enfance et crédulité. Un film qui m’avait particulièrement plu, absolument sous le charme de son héroïne, et sans avoir été un succès tonitruant, avec 340 M$ dans le monde puis des ventes en support physique digne des plus gros blockbusters, je n’étais visiblement pas le seul à avoir été marqué. Mais le film a-t-il survécu aux affres du temps ?

Giselle (Amy Adams), demoiselle en détresse sauvée par le prince charmant (James Marsden) en personne, était sur le point de l’épouser et de devenir ainsi la princesse du royaume d’Andalasia, mais c’était sans compter sur sa marâtre de reine (Susan Sarandon), voyant en elle une menace. Pour ce débarrasser d’elle, elle l’enverra dans l’endroit le plus brutal, le plus triste et violent qui soit : New-York, dans notre monde de pauvres mortels. Elle sera prise sous l’aile d’un avocat (Patrick Dempsey), mais le bras droit (Timothy Spall) de la vil reine veillera à ce qu’elle ne retrouve jamais le chemin du royaume magique.

Bien avant Mary Poppins en 1964, il y avait eu Saludos Amigos en 1942 avec nulle autre que Donald Duck, donc mêler animation et live ne date pas d’hier. D’autant qu’ici les deux sont bien distincts : le monde réel en prises de vue réelles, et le monde magique d’Andalasia en animation 2D (de bonne facture, sans plus). Parodier l’univers des contes de fées n’est pas non plus gage d’originalité, on pourra par exemple citer Princess Bride de 1987. Alors non, le film ne fait rien de neuf, le genre comédie-romantique musicale est éculé, malgré un budget très correct, les années font que les FX du climax ont vieilli. Que reste-il alors ? La simplicité, le charme, l’efficacité. James Marsden fait un débile parfait, l’écureuil est un comic relief solide, le sbire est le stéréotype de l’amoureux transi qui évidemment se remettra en cause – tout est prévisible et attendu, mais en même temps c’est ce qu’on en attend – Patrick Dempsey est génial en avocat pétri de certitudes, ayant perdu fois en tout, acerbe, cynique, et qui réapprendra la valeur de la vie grâce à la tourbillonnante Giselle, campée avec une élégance et un charme inouïe par la somptueuse Amy Adams. La marâtre est un peu cabotine, mais dans l’ensemble le casting est excellent. Un film qui n’innove en rien, mais qui fait tout bien, et qui fait du bien. Des valeurs d’ouverture, de carpe diem comme on aime, et c’est tout ce qu’on demandait.

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Père Stu : un héros pas comme les autres


Père Stu : un héros pas comme les autres
2022
Rosalind Ross

Vivement conseillé par un comparse cinéphile, sorti directement en VOD chez nous, quasi bide aux Etats-Unis, pour ainsi seul pays où le film est sorti (avec d’ailleurs une ressortie en acte de fois PG-13 il y a deux semaines, mais qui fut un bide retentissant), le film m’avait été vendu comme un truand se faisant passer pour un prêtre pour séduire une donzelle, idée comique prometteuse, avec en prime un Mel Gibson en père du faux père religieux dont le tandem était hilarant. Une petite pépite méconnue à découvrir de toute urgence ? Loin s’en faut.

Tiré d’une histoire vraie, le film n’est pas du tout – ou très peu – une comédie en réalité, et encore moins une romance. On suit Stuart Long (Mark Wahlberg), boxeur minable dont la santé déclinante ne permet plus d’exercer, et qui va décider de tenter une percée à Hollywood la quarantaine bien tassée. Dans son malheur, il tombera sous le charme de Carmen, une fervente chrétienne, qui le conduira à son vrai amour : Dieu.

Pendant plus d’une heure, j’attendais que le début du canulard commence, à savoir se faire passer pour un prêtre, mais en fait le bougre veut réellement le devenir, et fait tout pour. Ce qui veut dire finito le sexe, incluant donc la Carmen, donc c’est premier degré, sans blague ni romance. On est donc sur littéralement un chemin de croix vers Dieu, ce qui forcément laissera sur le carreau toute personne non croyante. On est presque sur un témoin de Jéhovah venant frapper à votre porte, disant avoir reçu l’appel divin et tout le tintouin. Plus encore, l’histoire racontée n’a rien d’incroyable (des gens trouvant la fois, j’espère pour les églises que ça arrive régulièrement, sinon elles seraient toutes vides), absence d’humour percutant ou de scène forte en émotion, et le rythme est assez laborieux, le cœur du sujet n’arrivant qu’à plus de la moitié sur une durée supérieure à deux heures. Un ennui profond pour ma part, et je pense qu’il en sera de même pour tout non cinéphile chrétien.

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The Holiday


The Holiday
2006
Nancy Meyers

Considéré comme un des plus populaires représentants du genre comédie-romantique, j’en avais gardé un souvenir assez amer de déception face à une campagne marketing trop agressive à l’époque, qui avait tôt fait de le qualifier du titre de « feel-good moovie ultime », statut que semble conserver pour l’éternité Love Actually. Mais face à une pression extérieur ayant elle gardé un bien meilleur souvenir dudit film, il faut savoir concéder une soirée ou deux à l’occasion pour globalement conserver la main mise sur la programmation.

Reprenant très légèrement le principe de film chorale, l’histoire se concentrera sur deux « couples », le quatuor d’affiche. D’un côté, on retrouvera Iris (Kate Winslet) assistante d’édition désabusée par des années à attendre un patron qu’elle aime et qui abuse d’elle à la moindre occasion tout en faisant sa vie avec une autre. Dépressive et au bout du rouleau, elle trouvera une annonce d’échange de maison, lui permettant pour les fêtes de fin d’année d’aller vivre la grande vie à Hollywood. De l’autre côté, Amanda (Cameron Diaz), réalisatrice de bande-annonce dans la ville du cinéma, fatiguée des relations fausses, calculatrices et cupides, va voir en le petit chalet british d’Iris l’occasion de retrouver le vrai monde, des valeurs plus humaines. Et c’est exactement ce qu’elle trouvera quand Graham (Jude Law) va frapper à porte, pensant passer voir sa sœur, et découvrant son âme-sœur.

En vérité, mon souvenir du film était assez froid, alors même que le film a d’immense qualité, mais il est vrai que des défauts, ce n’est pas ça qui manque non plus. C’est probablement l’un des films les plus mal équilibré qu’il m’ait été donné de voir : la romance Amanda / Graham est magnifique, touchante, les acteurs sont excellents. Elle représente d’ailleurs une grosse majorité du film, peut-être 70% même. De l’autre côté, Iris est fade, l’essentiel de son histoire est de découvrir celle d’un vieux scénariste d’Hollywood, de l’âge d’or bien évidemment, comme une gigantesque auto-fellation sur l’art du cinéma. Usant… Et auriez-vous remarqué que je n’est nullement parlé de Jack Black ? Eh bien oui, ce dernier doit avoir moins de dix minutes de présence dans le film, et toute la « romance » avec Iris arrive comme un cheveux sur la soupe à la toute fin. Donc d’un côté on a un coup de foudre à base de vie brisée qui retrouve son phare, de petites filles adorables retrouvant une maman, sous la neige avec la chaleur d’un foyer. Et on suit de l’autre côté de l’Atlantique une coquille vide, se nourrissant des histoires des autres, se pavanant dans une vie qui n’est pas la sienne, et dont la romance est expédiée en cinq minutes à la toute fin. Le bilan est donc à la fois très positif sur 70% du long-métrage, mais totalement insipide sur les 30% restants. Pas de quoi rester dans les mémoires donc, et le projet d’une suite pour Noël 2023, soit 17 ans après, a de quoi laisser perplexe.

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