Violent Night


Violent Night
2022
Tommy Wirkola

Imagine le Père Noël qui dégomme les gens pas sages ? Dingue ! C’était en tous la promesse faites : transformer le vieux shérif grincheux de Stranger Things en vieux Santa Clause grincheux mais vénère. Alors qu’une enfant sage se fait kidnapper le soir de Noël avec toute sa riche famille pour des histoires de gros sous dans un coffre-fort, le véritable Père Noël (David Harbour) était justement sur place pour lui livrer ses cadeaux, et on ne touche pas aux enfants. Pour sauver une fille innocente, il n’hésitera pas à massacrer une horde entière de ravisseurs.

Il faut croire que l’acteur est sacrément bankable, et je dois avouer que mon envie de voir ce film, outre le concept potentiellement excellent pas très family-friendly, reposait en grande partie sur ses épaules. Eh bien si on a effectivement un film gore avec une pléthore de morts sanguinolentes, que l’acteur est très charismatique, il reste trop proche de l’image qu’on a du personnage : un vieil homme bedonnant et fatigué. Il est lent, rouillé jusqu’à l’os, se faisant démolir au premier combat venu. Niveau badassitude on repassera, et cela rend incohérent les passages en mode berserk où il dégomme tout sur son passage. On ne peut pas être une énorme victime, puis un tueur fou la scène d’après. Le film étire un peu trop son maigre concept, repompe outrageusement sur Maman j’ai raté l’avion et Peter Pan, et si globalement le film est divertissant, il y avait clairement mieux à faire. La hype était là, le film a plutôt cartonné vu son faible budget, et une suite est déjà programmée pour Noël 2024. Reste à espérer une nuit un peu plus violente.

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Don’t Worry Darling


Don’t Worry Darling
2022
Olivia Wilde

Projet assurément intéressant nous replongeant à l’âge d’or, le chemin a été pour le moins chaotique. Le rôle masculin principal était initialement tenu par un autre acteur, dégagé par la réalisatrice pour cause de comportement toxique, mais ça c’était selon ses dires. La vérité fut ensuite exposée, preuves à l’appui, comme quoi c’était au contraire sa partenaire à l’écran dont les caprices étaient ingérables, que l’acteur s’est barré, et qu’au contraire la réalisatrice a tout fait pour le faire revenir, allant jusqu’à l’implorer. La promo a ensuite enchaîné scandale sur scandale entre la réalisatrice surprise entrain de fricoter avec le remplaçant qui a dix ans de moins qu’elle, son mari déboulant à je ne sais plus quelle occasion publique pour lui rappeler qu’ils ont des enfants, et apportant les papiers du divorce, puis l’officialisation de l’adultère qui aura prit fin peu après la sortie du film, et enfin un fameux crachat lors d’une avant-première. Bref, on a beaucoup parlé du film, sans vraiment jamais en parler en tant qu’œuvre, qui pourtant était des plus intrigantes.

L’histoire prend place dans une banlieue chic, non sans rappeler le style années 50 d’Hollywood. Alice (Florence Pugh) et Jack Chambers (Harry Styles) viennent tout juste d’y emménager, un petit coin de paradis de luxe et d’abondance où les femmes (incluant Gemma Chan et Olivia Wilde) s’occupent des courses, de la maisonnée, tandis que les hommes travaillent tous pour Victory, l’entreprise de Frank (Chris Pine), l’homme derrière tout le village et ce havre de paix, aspirant à faire de ce monde un endroit meilleur. Mais que cache réellement cet endroit ?

J’attendais probablement trop de ce film, puis pas assez, puis de nouveau trop. Pendant les deux premiers tiers, j’avais peur d’une révélation un peu trop facile, puis le retournement est dingue, ouvrant un champ des possibles inouïe, pour finalement le refermer sur une piste pas si pertinente, et la fin est complètement ratée. Les acteurs sont excellents, la réalisation propre, le psychédélique maîtrisé avec la musique bien angoissante, on a une ébauche de concept absolument génial, mais le traitement n’est pas très crédible, la fin part en vrille et nous laisse en suspend. Et pas simplement en mode « on ne sait pas », mais volontairement le film ne nous livre pas la fin. Pas de suspens, pas de « sujet à interprétation », mais bien du pur inachevé. Mais pourquoi ?! J’ai globalement passé un très bon moment, le potentiel est là, mais la fin est un tel foutage de gueule que je ne pourrais jamais conseiller un tel film.

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Top Gun Maverick


Top Gun Maverick
2022
Joseph Kosinski

Projet mainte fois annoncé, dès 2010, mais entre des incompatibilités d’agendas, la mort du réalisateur du premier Top Gun, il aura fallu attendre 2019 pour que le projet aboutisse. Prévu en salle en juillet 2020, il fut par trois fois repoussé pour cause de covid, et mon dieu qu’ils ont bien fait ! Les analystes avaient tôt fait d’annoncer une catastrophe industrielle pour cette suite 36 ans après aux près de 170 M$ de budget et pratiquement 300 M$ frais marketing compris. Ces derniers ne le voyaient pas plus haut que 40 M$ sur son premier weekend aux Etats-Unis, et au grand maximum 300-350 M$ dans le monde, soit environs 150 M$ de pertes. Mais il faut croire que la communication fut efficace, car dès son lancement, ce fut un carton massif : 205 M$ sur le seul sol américain en première semaine, 400 M$ dans le monde, et la suite fut plus folle encore. Un bouche à oreille phénoménal, une place dans le top 5 de tous les temps aux Etats-Unis avec 718 M$, près de 7 millions d’entrées en France, soit le plus gros succès de tous les temps pour Tom Cruise, et quasiment 1,5 milliard dans le monde sans même la Chine, qui renait d’ailleurs puissamment de ces cendres en redevenant instantanément de très loin le premier pays consommateur de cinéma au monde avec près de 300 millions d’entrées enregistrées la semaine dernière (un milliard de dollars récoltés en une poignée de jour rien que pour le podium des sorties de la semaine). Non, clairement, le cinéma n’est pas mort.

Que faire quand même l’élite des pilotes de l’armée américaine, les recrues de Top Gun, se retrouvent face à une mission impossible ? Conscients que la jeunesse n’est pas encore au niveau, l’amiral Rear (Ed Harris) et le directeur du centre (Jon Hamm) vont respecter les ordres de Iceman (Val Kilmer) et faire appel à la légende, Maverick (Tom Cruise). L’objectif ? Coordonner plusieurs appareils à très très basse altitude, à haute vitesse, en zone ennemie dangereuse, le tout dans un timing très serrer pour des frappes chirurgicales pour neutraliser une base d’enrichissement d’uranium à risque d’armes nucléaires. Pire encore, ladite base se trouve dans le creux d’une montagne, nécessitant donc deux décrochages intenables et une fonte en piqué. Leur seule chance de s’en sortir sera cet entraînement, tout reposera sur Maverick.

On peut tout d’abord se rassurer sur l’écriture, car cette fois pas de simple visite guidée de la formation, il y a un vrai objectif, un enjeu de taille, et des risques allant bien au delà de simples exercices ou d’une faible confrontation à armes égales. De fait, si pendant les deux premiers tiers le film est simplement du Top Gun en mieux, avec une réalisation plus propre, de l’Imax, des acteurs plus investis et expérimentés (on notera un très bon Miles Teller prenant le flambeau de Goose), rythme plus soutenu – seul bémol, une romance avec Jennifer Connelly moins développée – l’intérêt est accru de part l’attente de cette mission finale. Jusqu’alors le film est très bon, mais rien de transcendant qui justifierait pareil engouement, et certains clin d’œil sont un peu trop tapageurs. Mais vient alors la mission. Toute la pression converge, l’angoisse resurgie. Les images sont folles car tout est réel, les décors, les appareil, tout. A une époque où l’overdose de fonds verts est absolue, voir un tel investissement matériel est admirable, et ça permet d’y être, d’y croire vraiment. Lancé à une vitesse folle dans un avion si puissant mais si fragile où le moindre impact ou choc peut être fatal. On en prend plein les yeux, et la dernière demi-heure est juste dingue. Du très très grand spectacle, mais à l’ancienne, en dur, et avec la qualité d’image et la précision dans le mouvement de la technologie moderne. Et c’est un peu le discours du film face à la menace de la disparition de pilotes au profit de drones : les machines ont des limites fixées, pas l’homme, bien plus enclin à se mettre en danger. Un art de faire qu’on ne peut que louer, et qui mérite effectivement des conditions sonores optimales et le plus grand écran possible.

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Top Gun


Top Gun
1986
Tony Scott

Alors que la suite a tout cassé 36 ans après plus tard dans des propensions ahurissantes, pour pouvoir aborder le phénomène Maverick, il fallait bien se replonger dans ce film d’action culte des années 80. Bien qu’il ne s’agisse pas du premier rôle principal de Tom Cruise, ce film a assurément propulsé sa carrière : avec « seulement » 15 M$ de budget – ce qui était déjà pas mal – le film avait récolté 357 M$, soit environs 860 M$ actuels en prenant en compte l’inflation.

Pete Mitchell, dit Maverick (Tom Cruise) a toujours eu un rêve dans sa vie : suivre les traces de son père et devenir pilote d’avion de chasse dans l’élite de l’armée américaine, Top Gun. Après une manœuvre remarquée en mission, avec son navigateur et meilleur ami Goose, ils intégreront cette prestigieuse école de formation Top Gun.

En vrai, il n’y a vraiment pas grand chose à dire du film. Le scénario est très limité, on alterne entre phases de séduction avec la formatrice (Kelly McGillis), des missions d’entraînement en avion, et des boutades sous la douche avec Iceman (Val Kilmer). Oui, l’amourette est mignonne, l’humour un peu lourdingue marche à peu près, et les scènes d’aviation ont très bien vieillies car réalisées en vol avec de vrais appareils. On a la scène de chant dans le bar, la partie sur la plage, des séquences iconisées depuis, mais si les séquences d’action étaient grandioses pour l’époque, ça n’est pas autant le cas aujourd’hui, et le reste est léger. Tout le film ne sera qu’une longue formation avec quelques péripéties, mais il n’y a pas de réelle intrigue globale, outre celle de suivre une école de formation. On parle un peu de la guerre au Vietnam, il y aura une confrontation à ce niveau-là, mais rien d’envergure, pas d’enjeux autre que montrer tout du long que Maverick est le meilleur. S’il n’y avait pas Tom Cruise, je ne suis pas sûr qu’on parlerait encore de ce film aujourd’hui, mais je reste curieux de voir ce que la suite va donner et si son colossal succès est de près ou de loin justifié.

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Là où chantent les écrevisses


Là où chantent les écrevisses
2022
Olivia Newman

Passé complètement inaperçu en France avec son titre loufoque, certes hérité du roman de Delia Owens dont le titre original est une fidèle traduction (Were the Crawdads sing), il s’agit pourtant d’un des plus grands succès de cinéma indépendant de l’année avec 140 M$ dans le monde, dont un gigantesque 90 M$ rien qu’aux Etats-Unis. Un succès dû à un maintient phénoménal, et effectivement, on ne peut que s’incliner.

On suivra l’histoire de Kya (Daisy Edgar-Jones), jeune femme de 25 ans accusée de meurtre, quand son seul crime est d’être différente. Née dans une famille très modeste dans des marais, de par son père alcoolique et violent, sa mère, ses sœurs et son frère partirent les uns après les autres. Trop jeune et terrifiée, elle restera seule avec son père, jusqu’à ce qu’il disparaisse à son tour. Une petite fille, grandissant seule dans la nature, devant se débrouiller elle-même pour survivre.

J’avoue que le début m’a moi-même terrifié, et je n’étais pas sûr d’avoir envie de voir ce genre de film. Un meurtre / accident ? Puis on découvre une pauvre jeune fille à la vie terrible, douloureusement marquée par un passé solitaire et difficile. Quand vient des prémices amoureux, ni une ni deux, traumatisé par les Jane Eyre et autres adaptations de J. Austen dont l’écrasante majorité sont d’une tristesse sans nom aux fins à se couper les veines, j’imagine l’accident bête, la querelle, un élément perturbateur, et pour finir un couple séparé à jamais. Qu’importe les avis des autres, pour ma part une histoire qui se fini mal pour les protagonistes, dont la conclusion est un échec irrémédiable, c’est un récit dénué d’intérêt. Le cinéma, la littérature, tout doit avoir du sens, un but. Le nihilisme m’ennuie au plus haut point. Mais je digresse, car rassurons-nous, cette épée de Damoclès ne s’abattra pas sur nous cette fois.

Reprenant beaucoup de Forrest Gump, le film nous narre l’histoire d’une personne différente, à la vie pas toujours reluisante mais avec ses bons moments. Rejetée par certains, d’autres entreront dans sa vie, voyant au delà de la sauvageonne pour découvrir une amoureuse de la nature, intelligente et passionnée. L’actrice est formidablement bien choisie, incarnant parfaitement à la fois l’animal du marais et cette douce femme s’éveillant à la vie, rustre, atypique, mais incroyablement charmante. On s’attache, on s’inquiète de ce qu’il pourrait advenir d’elle, de son mode de vie. Une odyssée douce et amer, possédant la richesse d’une vie peu commune, nous faisant voyager aussi bien spirituellement qu’émotionnellement. La réalisation est magnifique, l’écriture soignée, réussissant à nous surprendre jusqu’à la toute fin. Si je devais avoir un reproche, hormis le procès où l’on aurait aimé un traitement plus approfondi, serait un certain choix sur une partie de la fin. Sans trop en dévoiler, on aurait aimé quelques fruits à rajouter au tableau pour un plus grand sentiment d’accomplissement. Un beau film sur l’art de vivre, et si la recette du bonheur dépend de chacun, tant qu’on trouve la réponse à notre présence ici bas, c’est la seule chose qui compte.

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Novembre


Novembre
2022
Cédric Jimenez

Si le Covid a eu tôt fait de s’accaparer l’attention, de même que la guerre en Ukraine, qui pourrait basculer d’un instant à l’autre en Guerre Mondiale, on en oublierait presque le terrorisme. Malgré des films comme My Name is Khan, montrant que non, l’islam n’est pas un problème et que les musulmans sont logiquement des personnes pacifiques, l’amalgame a tôt fait de ressortir, et pour beaucoup la peur est profondément ancrée. D’ailleurs non, la situation n’est pas moins tendue ou dangereuse : on a eu en 2022 le meurtre revendiqué islamiste d’Yvan Colonna, et en octobre 2020 un professeur avait été décapité en France pour citation d’une caricature de Charlie Hebdo – certes offensante pour les musulmans –  dans le cadre d’un cours sur la liberté d’expression, visiblement passible de mort dans notre pays. Guerre civile ? Guerre religieuse ? Guerre mondiale à grand coup de bombes atomiques comme le supplient les Etats-Unis et ses vassaux ? Une chose est sûre, notre monde est mourant, et la fin est imminente.

Point pour beaucoup culminant de la guerre religieuse qui fait rage depuis des décennies, le film revient sur les terribles attentats du 13 novembre 2015, qui avec seulement une poignée d’individus, ont fait 137 morts, un demi millier de blessés, des milliers de vies brisées. Cette nuit là, le copain musulman pratiquant de ma collègue de travail de l’époque, ne buvant pas d’alcool comme de nombreuses autres personnes dans un bar, prit une balle par ses propres frères religieux, et mon ami Hugo, alors que la musique n’est pas clairement identifiée comme haram, fut abattu pour avoir assisté à un concert. Le monde brûle, et avant même de songer au deuil, le peuple réclame des réponses. Le film nous place ainsi au sein de l’antiterrorisme, qui traquera cinq jours durant les tireurs et leurs complices.

Après son brutal et saisissant Bac Nord, Cédric Jimenez revient à la charge avec un thème qui semble lui tenir à cœur : l’incompétence ahurissante du gouvernement, et une absence affolante de moyens pour réellement lutter contre la menace. Oui, on laissé faire Charlie Hebdo. Oui, la fusillade du Bataclan aurait pu et aurait dû être évitée. Tous les djihadistes impliqués étaient non seulement bien connus des forces de police, mais avaient au moins séjourné une fois en prison, avaient le fameux label « fiché S », avaient brisé leur conditionnelle, et on savait certains en possession d’une quantité importante d’armes à feu. MAIS BORDEL VOUS FOUTEZ QUOI !!!??? A quel moment peut-on non seulement relâcher de tels individus, les laisser en liberté sans surveillance, mais surtout comment peut-on ne pas saisir immédiatement leur stock d’armes et les refoutre fissa au trou ? Alors oui, c’est pour attraper du plus gros gibier, ouin ouin ouin. Mais ta gueule enculé ! Qu’on arrête de chercher le fameux gros gibier, tous interchangeables et remplaçables, qu’on stoppe net tout délinquant présentant un réel danger, qu’on donne un vrai budget pour gérer tout ça, et qu’on arrête de les relâcher avec une tape sur l’épaule ! Des imams ont félicité le meurtre de l’enseignant, des centaines de gens sur les réseaux sociaux ont apporté leur soutien à un tel geste ! Et que fait-on ? Rien. Pitoyable France…

Bon, tâchons d’en revenir un minimum au film. S’il était évidemment impensable de reconstituer les attentats, le film aurait pu s’allouer plus de temps, ne faisant que 1h40, pour permettre un peu plus de mise en contexte, avec notamment les attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher, quitte à accélérer sur l’enquête, qui traîne un peu par moments. De même, si le côté course contre la montre pour obtenir des réponses et calmer les esprit donne un très bon rythme au film, ne pas montrer le drame humain, l’angoisse ambiante, est presque une faute de goût tant la gravité de la situation était historique et méritait un hommage plus émotionnel. L’histoire nous tiraille aussi sans cesse entre la force de travail, le dévouement des personnes impliquées, et une incompétence criminelle montrant à quel point notre nation est fragile à un point ridicule. Une tension de chaque instant, un casting plutôt bon (Jean Dujardin, Anaïs Demoustier, Jérémie Renier, Cédric Kahn, Sami Outalbali et Sandrine Kiberlain), un sujet important, mais le traitement manque d’émotion, et en termes d’efficacité pure, Bac Nord était plus abouti. Un très bon travail, mais pas forcément à la hauteur de cette sombre période.

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Super-héros malgré lui


Super-héros malgré lui
2022
Philippe Lacheau

La bande à fifi, de retour. Pratiquement deux millions d’entrées au compteur quand un peu plus d’un an avant, amputée par six mois de cinémas fermés au bout de dix jours d’exploitation, 30 jours max (qu’il faudra que je rattrape un jour) faisait près de 1,4 millions d’entrées. Le genre de succès qui rassure après une période difficile, montrant qu’au delà des blockbusters américains, le cinéma français peut aussi rassembler.

Pitch aussi débile que le film dans son ensemble, mais plus c’est con plus c’est bon parfois, le film part du postulat que Cédric (Philippe Lacheau), suite à un accident de voiture, va se retrouver amnésique. Acteur ayant enfin décroché un rôle d’envergure dans un film de super-héros français, Badman, il avait quitté précipitamment le tournage pour se rendre aux chevets de son père (Jean-Hugues Anglade), au volant de la voiture de tournage, et dans le costume de son personnage. A son réveil, amnésique, il sera persuadé d’être un justicier de l’ombre.

On ne va pas se mentir, outre l’amnésie bien pratique, tout le scénario dans son ensemble est d’une bêtise sans nom. Le coup de l’aigle, les « comme par hasard » ou le coup des médicaments, rien ne va, rien n’a de sens. Et pourtant, le film m’a convaincu d’emblée. Les blagues sur la mère et le pote devenu beau-père, le générique et la musique plagiant Marvel, allant même jusqu’à réutiliser la musique redevenue culte avec l’introduction des Gardiens de la Galaxie, le prêtre déçu de ne pas avoir eu la taille enfant pour la poupée gonflable, même le running gag sur les mico pénis avec le passage avec les asiatiques. Tout l’humour du film est un concentré d’humour noir, absurde, racoleur. Mais mon dieu que ça fonctionne ! J’ai rarement autant ri devant une comédie. Elodie Fontan est un peu en retrait, mais Alice Dufour est charmante, Julien Arruti est impayable et Tarek Boudali est génial avec le couple qu’il forme avec Valeria Cavalli. Débile, mais drôle, et pas juste un ou deux sourires, mais de francs rires tout du long. Un scénario presque raté, mais c’est drôle et on passe un très bon moment.

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Mort sur le Nil


Mort sur le Nil
2022
Kenneth Branagh

Après le très bon succès critique et commercial du Crime de l’Orient-Express, récoltant plus de 351 M$ pour un budget de 55 M$, Kenneth Branagh nous revient avec une seconde adaptation d’Agatha Christie, teasé dès la fin du précédent opus, et qui devait initialement sortir fin 2020. Covid oblige, le film a été par deux fois reporté, sortant finalement en février, mois souvent très creux, trainant derrière lui pas moins de deux scandales : un premier, assez léger et un peu oublié depuis, celui de Letitia Wright pas très covid-friendly, mais surtout celui entourant Armie Hammer. L’acteur a ni plus ni moins qu’était visé par des accusations de viol, violences, séquestration et cannibalisme. Suite à cela, son agence l’a lâché, des projets furent annulés, des reshoots furent fait sur certains autres pour l’effacer, et aujourd’hui il travaillerait dans un hôtel. L’avoir en tête d’affiche n’était donc pas très vendeur…

Au détour d’une promenade en Egypte, Hercule Poirot (Kenneth Branagh) va tomber sur son bon ami Bouc, et ce dernier va assister au mariage de la grande héritière Linnet (Gal Gadot) et son bel amant Simon (Armie Hammer). Ces derniers se sentent d’ailleurs menacés par la présence de Jacqueline (Emma Mackey), l’ex fiancée de Simon, n’ayant pas bien digéré d’avoir été plaquée au profit de sa meilleure amie fortunée. Il vont alors fuir avec leurs convives (incluant Rose Leslie, Annette Bening et Russell Brand) sur un bateau, mais cela suffira-t-il ?

Un budget s’envolant à 90 M$ du fait des décors, mais des recettes s’effondrant à tout juste 130 M$ (soit 50 M$ de rentrées réelles, pour un budget post marketing de près de 150 M$, soit une perte sèche de 100 M$ à peu près). Un cuisant échec que j’avais eu tôt fait de reprocher à la conjoncture, au scandale. Mais il faut voir la réalité en face, malgré un casting toujours aussi impressionnant sur le papier, un personnage mythique, des décors magnifiques et une histoire pleine de rebondissements, le résultat est clairement en deçà de la première enquête. Les deux acteurs polémiques sont probablement ceux qui jouent le plus mal, et même Poirot semble moins investi, en petite forme. Son enquête avait du potentiel, mais il fait trop d’erreurs en chemin, paresse, et si la conclusion est convaincante, l’histoire est clairement moins bonne. N’étant pas un grand connaisseur des livres d’Agatha Christie, je ne saurais dire si l’écart d’intérêt est le même comparativement, mais j’ai l’impression que commencer par Le Crime de l’Orient-Express était une erreur s’il s’agit à ce point de l’œuvre phare de l’autrice et que tout le reste est au mieux sympathique en comparaison, mais jamais au niveau. Etonnamment malgré le naufrage financier, il semblerait qu’un troisième volet sorte en septembre 2023, actuellement en cours de tournage, et cela répondra probablement à cette question.

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Glass Onion : une histoire à couteaux tirés


Glass Onion : une histoire à couteaux tirés
2022
Rian Johnson

Qui dit film d’enquête dit généralement film policier, mais rarement détective. Hérité des Agatha Christie et autres Hercules Poirot, le principe du mystère à résoudre est assez rare de nos jours, et c’est pourtant là une belle occasion de briller avec un scénario retord et intelligent, laissant planer le doute jusqu’à la révélation qui vous retourne le cerveau et vous fait dire qu’il ne pouvait en être autrement. Succès surprise de 2019, A couteaux tirés avait su séduire le public, tapant dans l’œil de Netflix, qui craqua complètement en proposant de racheter la franchise pour 400 M$, soit plus que les recettes totales du premier (312 M$). Le concept est assez classique et pour ma part le premier film était assez foutraque, donc la hype d’en faire une saga me laissait perplexe.

Quand la fiction devient réalité, ou presque. Excentrique milliardaire et inventeur de renom, Miles Bron (Edward Norton) va convier ses amis (incluant Kathryn Hahn, Kate Hudson, Dave Bautista et Jessica Henwick) pour un week-end dans on île paradisiaque. Le thème ? Sa mort, fictive bien sûr, et sur laquelle il faudra enquêter. Étonnamment convié également, Benoit Blanc (Daniel Craig), le détective mondialement connu, sera aussi de la partie.

Autant le premier m’avait moyennement convaincu à cause de sous-intrigues inutiles, fausses pistes vides et personnages bouche-trou, tout en palliant quelques défauts par une fin efficace, c’est ici exactement le contraire. Le début fonctionne très bien en construisant son mystère, posant ses pions de ça et là, puis une fois un nouvel axe de lecture révélé, la construction s’explique de belle manière. Le scénario est assez grisant et maîtrisé pendant les trois premiers quarts, puis c’est le drame. Sans parler de révolution ou de chef d’œuvre, l’enquête dans son ensemble est solide, le casting très bon (on passera néanmoins sur quelques caméos trop importants en terme de notoriété pour ne pas les justifier), le décor hightech caliente dépaysant. J’y croyais fort. Puis l’air de rien, tout part en vrille, on envoie valdinguer la logique et la formidable construction établie. Du grand n’importe quoi fatiguant, laissant de fait un goût de sabordage à la toute fin. Le potentiel est là, le film a quelques fulgurances et on est pas passé loin d’une franche réussite, mais il faudra se contenter d’une belle enquête bien ficelée, mais mal négociée dans son dernier virage.

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Downton Abbey II : Une nouvelle ère


Downton Abbey II : Une nouvelle ère
2022
Simon Curtis

Mythique série sur la noblesse britannique du début du XX° siècle, Downton Abbey restera à jamais l’une des meilleures séries de tous les temps grâce à une qualité d’écriture sans pareil, des personnages si attachants, et des histoires pour la plupart passionnantes. Le rythme un peu trop trépidant et les rebondissements un peu trop systémiques, l’attrait baissait néanmoins au fil des saisons. La conclusion de la série était dans l’ensemble satisfaisante, mais un film, sobrement appelé Downton Abbey, prolongea l’aventure en 2019 d’une très belle manière, arrivant à retrouver l’efficacité des grandes heures de la série en offrant une histoire captivante, mêlée de sous-intrigues très réussies, voir exceptionnelle comme celle de Barrow. Un bijou d’écriture, d’humour et d’émotion. Les fans furent en extase, et à la surprise générale, le film fut un immense succès avec des recettes dix fois supérieures au budget, frôlant les 200 M$ dans le monde. C’est donc ainsi qu’en toutes logiques une suite fut immédiatement mise en chantier.

Ce second film racontera en parallèle deux péripéties. Tout d’abord un mystérieux conte de Montmirail serait décédé, léguant à la comtesse douairière (Maggie Smith) une somptueuse villa dans le Sud de la France, s’attirant de fait les foudres de sa veuve (Nathalie Baye), mais son fils (Jonathan Zaccaï), souhaitant respecter la mémoire de son père, va inviter monsieur Crawley (Hugh Bonneville) et sa femme (Elizabeth McGovern) pour effectuer le transfert de propriété. De son côté, désormais gérante du domaine, Mary (Michelle Dockery) va accepter que Downton devienne le lieu de tournage d’un film pour renflouer les caisses, toujours précaires dans un monde en constante évolution.

A l’exception du mari de Mary, vagabondant apparemment à ses courses automobiles (lui qui avait promis de ne plus y toucher, ayant frôlé la mort, ayant perdu son meilleur ami de la sorte, et Mary avait été une première fois veuve de la faute à l’automobile), tout le reste du casting est bien présent. Tom (Allen Leech) profite de la vie avec sa femme, Edith (Laura Carmichael) se lasse de sa vie de duchesse aux côtés de son mari (Harry Hadden-Paton) et veut reprendre les rennes de son journal, Isabelle (Penelope Wilton), Lord Merton (Douglas Reith) et Maud (Imelda Staunton), cousine de Robert, sont toujours là, Elsie Hughes (Phyllis Logan) est toujours intendante et Carson (Jim Carter) assiste toujours la gestion de Downton, semble t-il pas vraiment atteint par la maladie finalement, Bates (Brendan Coyle) et Anna (Joanne Froggatt) sont là (aucune intrigue les concernant), Daisy (Sophie McShera) et Andy (Michael Fox) sont mariés et vivent dans la ferme du père de feu son premier mari, qu’elle essaye toujours de caser avec madame Patmore (Lesley Nicol), et Baxter (Raquel Cassidy) attend toujours que Molesley (Kevin Doyle) daigne lui faire la cours. Thomas Barrow (Rob James-Collier) de son côté n’aura finalement pas le droit au bonheur avec le valet du précédent film, ce dernier fuyant ce qu’il est en se mariant. On suivra aussi Bauer (Hugh Dancy), le réalisateur du film muet se tournant à Downton, tombant – comme pratiquement tout homme ayant posé le pied au domaine – sous le charme de Mary. Le film se focalisera aussi beaucoup sur les deux acteurs phares du film : Guy (Dominic West) et Dalgleish (Laura Haddock), eux aussi des reliquats du passé d’un cinéma muet basculant dans un monde du parlé où les dialogues ne sont plus mimés, mais vécus. Oh oui, cela en fait du monde à suivre, et autant dire que plus que jamais, le film ne s’adresse qu’aux fans de la série.

N’ayant pas eu la chance de le voir à sa sortie, j’avais espéré que son échec (des recettes divisées par deux pour un budget trois fois plus important) été dû à une mauvaise conjoncture, coincé entre une pléthore de blockbusters monopolisant l’attention. Mais si on a grand plaisir à retrouver tous nos personnages adorés, ce nouveau film n’a ni l’envergure ni la force du précédent long-métrage. La série a toujours été une lutte pour préserver un style de vie, de valeurs, dans un monde toujours plus exubérant et dangereux. Si l’intrigue concernant le film muet se tournant à Downton est très juste, regorgeant de bonnes idées, de moments forts et touchants, toute la partie en France est pour sa part vide, ne servant à rien ou presque. Oui, cela permet d’alterner les décors, de proposer quelque chose de visuellement nouveau, de dispatcher le casting pour éviter l’asphyxie, mais l’impact est inexistant, et on aurait aimé un chant du signe avec plus de panache. Comme très souvent face à l’évolution du monde, la neurasthénie est palpable, mais jusqu’alors la saga nous en avait préservé, donc c’est là aussi une certaine déception. Le premier film avait été tellement exceptionnel sur tous les points que l’égaler aurait été prodigieux, donc les attentes étaient pratiquement inatteignables. L’incursion hollywoodienne est grandiose, dommage que le reste ne soit pas du même niveau.

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